Moins de cinq personnes par avion: les renvois par vols spéciaux presque vides scandalisent
Selon la NZZ am Sonntag, il arrive même qu'un vol soit organisé pour un seul renvoi. Or, ceux-ci s'effectuent normalement dans des appareils prévus pour 30 à 190 passagers. Le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a confirmé dimanche ce faible taux d'occupation.
Plus de 13'000 francs par personne
Des annulations à court terme peuvent être la cause de la faible utilisation des capacités, explique sa responsable Christine Schraner Burgener. Des dispenses médicales, une intervention du Tribunal administratif fédéral ou un requérant qui disparaît soudainement dans la nature bouleversent parfois les plans en dernière minute.
Les coûts de ces opérations n'en sont que plus élevés. Le SEM estime que le renvoi d'un requérant par vol spécial coûte en moyenne 13'000 francs, sans compter les frais pour la sécurité et l'accompagnement.
Critiques politiques de tous bords
Dans le monde politique, ces vols scandalisent. Dans la NZZ am Sonntag, le camp bourgeois fustige des frais bien trop élevés et des "privilèges" accordés aux requérants déboutés. Ce sont "quasiment des jets privés avec un traitement VIP", estime le PLR Damian Müller, tandis que le centriste Marco Romano juge la situation "dérangeante".
"Je suis pour des renvois sévères", commente l'UDC Martina Bircher. "Mais on ne peut pas vouloir restreindre l'usage de l'avion, voire l'interdire, à sa propre population, et fournir en parallèle des jets privés à des requérants d'asile."
À gauche aussi, les critiques fusent. "C'est une aberration budgétaire et écologique", note la Verte Greta Gysin. Pour elle, il serait possible de "tolérer un peu plus longtemps" les personnes déboutées, et la Suisse devrait en faire davantage pour encourager les départs volontaires. Et de rappeler que les renvois forcés et les vols spéciaux sont souvent des drames humains.
Exemples nécessaires
Le Secrétariat d'Etat aux migrations juge cependant que le système vaut la peine d'être appliqué. L'accord de Dublin prévoit en effet des délais de renvoi qui, s'ils ne n'étaient pas respectés, auraient pour effet des transferts de responsabilité des dossiers sur la Confédération, ce qui "alourdirait encore les coûts".
Il en va aussi de la crédibilité du modèle: selon Christine Schraner Burgener, il est important que les requérants déboutés "sachent qu'ils doivent quitter le pays". Pour le SEM, il s'agit donc de montrer qu'il agit, dans un climat toujours plus tendu autour des centres d’asile en année électorale.
Les vols spéciaux constituent l'exception. La plupart des renvois se font par des vols de ligne.
jop avec ats