Ils ont de toutes petites oreilles, des nez aplatis, des pattes plus courtes... Ces chats sont l'oeuvre d'élevages qui sélectionnent des chats aux caractéristiques physiques recherchées afin de les faire se reproduire avec d'autres chats aux mêmes caractéristiques. Après plusieurs générations, ils obtiennent ainsi une certaine esthétique chez l'animal.
L'oeuvre de manipulations génétiques
On crée ainsi des races à la mode chez les chats, mais aussi chez les chiens, comme les bouledogues français et les carlins... et bien d'autres encore. Chez les chats, cela concerne les Persans qui ont le museau très raccourci, le British Fold qui a des oreilles tombantes ou encore le Munchkin qui a des pattes très courtes.
Ce que les gens ignorent, c'est que les animaux issus de ces nouvelles races présentent souvent des problèmes de santé importants, comme des troubles respiratoires, des maladies de peau, des yeux, des dents... ou ont du mal à se déplacer.
Interrogé dans l'émission On en parle, Nicolas Roeschli, biologiste et chargé de campagne pour l'organisation de défense des animaux Quatre pattes, explique que dans la nature, ces animaux ne pourraient pas survivre et seraient éliminés par le processus de sélection naturelle. Via le processus de manipulation génétique, ces handicaps sont au contraire accentués puisque les animaux se reproduisent entre eux.
Les conséquences sur les animaux
Les personnes achètent ce type d'animaux car ils sont mignons, mais elle ne sont souvent pas informées de ce que cela implique pour le chat. Dans le cas du British fold, le gène à l'origine de ses oreilles tombantes détermine la qualité du cartilage, non seulement dans les oreilles, mais aussi dans tout le corps. L'animal va donc souffrir d'arthrite tout au long de sa vie.
Les races au museau raccourci, comme les Persans, présentent des problèmes respiratoires, des problèmes de dents et donc d'alimentation, dus à la petite taille de leur mâchoire. Le Munchkin, lui, va présenter des difficultés à se déplacer, sauter lui est pratiquement impossible et même se laver est compliqué. De même, le British Fold est connu pour son caractère tranquille, mais celui-ci est simplement dû au fait qu'il souffre et va donc éviter de trop se déplacer.
Les élevages en question
D'après Nicolas Roeschli, la loi suisse stipule que les élevages qui font souffrir les animaux sont interdits, mais la souffrance animale n'est pas bien définie. Ainsi, seuls les élevages de Munchkin y sont interdits. Le problème, c'est qu'il est tout de même possible d'en acheter à l'étranger et de faire importer l'animal.
Si en Suisse, les conditions d'élevages sont assez bien réglementées, ce n'est pas le cas à l'étranger. Souvent, les chats proviennent de "fermes à chat" où les conditions d'élevage sont abominables, selon Nicolas Roeschli. Malheureusement, c'est un commerce très lucratif puisque les gens sont facilement séduits par des animaux de races, qui peuvent être achetés jusqu'à 2000 voire 3000 francs.
Face à ce fléau, Nicolas Roeschli appelle à la responsabilité individuelle et invite les personnes qui veulent acquérir un chat à se tourner en premier lieu vers un refuge local, afin de donner une deuxième chance à un animal.
L'attitude à adopter
Dans le cas où une personne souhaite absolument acquérir un chat de race, il recommande de choisir un élevage de confiance, de se rendre sur place pour voir l'animal, la mère et les conditions dans lesquelles les animaux sont élevés. Penser aussi à se renseigner sur ses vaccins, si l'animal a été pucé...
Il demande également aux acheteurs et acheteuses de ne pas faire d'acquisitions sur internet. En effet, il est alors presque impossible de se renseigner sur les conditions d'élevage des animaux, et si certains élevages sont plus regardants que d'autres concernant les problèmes de consanguinité et sur les conditions de détention, il est fort probable de se retrouver avec un chat dont on ne pourra que constater les souffrances lorsqu'il sera déjà trop tard.
Laurence Froideveaux et Meili Gernet