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Les marches pour les droits LGBTQI, ça change quoi?

Quelque 35'000 personnes ont défilé samedi à Genève pour la Geneva pride. Le mouvement arc-en-ciel est actif depuis la fin des années 60 et s’incarne dans les marches des fiertés. Retour historique sur une mobilisation qui a amené une extension des droits pour les personnes LGBTQI.
Les marches pour les droits LGBTIQ, ça change quoi? [RTS]
Les marches pour les droits LGBTIQ, ça change quoi? / L'actu en vidéo / 4 min. / le 15 juin 2023

Quand vous descendrez dans la rue samedi à Genève à Zurich ou ailleurs… ne célébrez pas seulement ce qui a été accompli, célébrez aussi ce que nous allons accomplir. Je vous souhaite une très belle Pride, soyez aussi libres que vous souhaitez l’être

Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale, sur Instagram, le 10 juin 2023

Aujourd'hui en Suisse, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, intersexe, queer ou en questionnement sont encore la cible de discriminations et de violences. On l'a vu récemment à Fribourg, où des drapeaux arc-en-ciel ont été brûlés. Cela se traduit par exemple par un risque de tentative de suicide 2 à 5 fois plus élevé pour les jeunes lesbiennes et gays que leurs pairs et 10 fois plus élevé pour les jeunes trans.

>> A lire également : Un nombre record d'attaques contre la communauté LGBTQI en Suisse

La Suisse pourtant pionnière

La Suisse a pourtant été l'un des premiers pays d'Europe à dépénaliser l'homosexualité. C'était en 1942. La première association homosexuelle y est fondée en 1932 par Laura Thomas et Anna Vock. Ces milieux sont surveillés par la police.

Aux Etats-Unis, en 1969, les émeutes de Stonewall dénoncent la répression policière des personnes LGBTQI. C'est l'émergence d'un mouvement mondial. En Suisse, près de dix ans plus tard, la première émission nationale sur la question est diffusée à la télévision alémanique. Une femme s'exprime masquée, symptôme du climat de l'époque.

On ne se bat pas pour être acceptés par je ne sais quelle église ou quelle secte, on se bat pour que vous nous laissiez vivre et que vous respectiez nos droits humains

Une femme anonyme, dans l'émission alémanique Telearena, le 12 avril 1978

Quelques mois plus tard, le 24 juin 1978, la première grande manifestation gay et lesbienne se tient à Zurich contre le fichage des hommes homosexuels par les polices cantonales. Les registres seront détruits. Chaque année, de telles marches auront lieu… jusqu'à l'arrivée du sida. L'épidémie va renforcer la stigmatisation et provoquer de nouvelles discriminations quant à la santé, l'emploi, la famille ou le don du sang.

Lutte des années 90

En 1992, l'homosexualité sort totalement du code pénal. Genève accueille sa première Pride en 1997, suivront les autres villes romandes. A la suite des partenariats enregistrés cantonaux de Neuchâtel, Genève et Zurich, cette forme d'union est acceptée au niveau fédéral en 2005.

C’est un oui important sur le plan symbolique et sur le plan de la reconnaissance. Les personnes homosexuelles (...) sont reconnues comme membres à part entière de la société

Marianne Huguenin, conseillère nationale (PST/VD), dans l'émission spéciale du 5 juin 2005

Contre la haine et pour le mariage

Plus récemment, en février 2020, le peuple vote un élargissement de la norme pénale antiraciste à l'homophobie. Le Parlement a choisi d'en exclure la transphobie. Presque en même temps, c'est la campagne pour le mariage pour toutes et tous qui mobilise les associations.

Le mariage pour toutes et tous est accepté le 26 septembre 2021 par 64% des voix, avec accès à la PMA pour les couples de femmes mariées.

>> Relire : Les couples homosexuels pourront désormais se marier en Suisse

Changement de genre

Parallèlement, changer de genre et de prénom dans n'importe quel état civil devient possible dès le 1er janvier 2022 et ce de manière autonome dès 16 ans.

C’est vrai qu’il y a très peu de personnes concernées en Suisse. Mais pour elles, c'est vital

Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale, dans le 19h30 du 6 décembre 2019

Chacune de ces avancées découle de la mobilisation arc-en-ciel et de ces marches. Revers de la médaille: elles s'accompagnent d'une recrudescence des attaques verbales et physiques. L'année 2022 fut la plus forte de la décennie en termes de violences LGBTQIphobes dans le monde. En Suisse, les agressions signalées ont doublé et les personnes trans sont particulièrement ciblées. Ce qui explique que ces marches continuent, portées par de nouvelles revendications.

>> Lire au sujet de la dernière marche des fiertés à Genève : Quelque 35'000 personnes rassemblées pour la marche des fiertés à Genève

Claire Burgy

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Les nouvelles revendications LGBTQI

- La fin des soi-disant thérapies de conversion, déjà interdites à Neuchâtel

- La reconnaissance des personnes non binaires.

- L’interdiction d’intervenir médicalement sur les mineurs intersexes

- Des lois et des plans d’action contre toutes formes de violences LGBTQIphobes