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La Suisse prolonge de deux ans le programme de réinstallation de réfugiés

La Suisse poursuivra le programme de réinstallation de réfugiés en 2024-2025. [Keystone - Christian Beutler]
La Suisse prolonge de deux ans le programme de réinstallation de réfugiés / Le Journal horaire / 23 sec. / le 16 juin 2023
La Suisse poursuivra le programme de réinstallation de réfugiés en 2024-2025. Elle pourra accueillir au maximum 1600 réfugiés particulièrement vulnérables qui se trouvent en situation précaire dans leur pays de premier accueil, a annoncé vendredi le Conseil fédéral.

Ce programme de l'ONU est actuellement suspendu depuis le 1er avril, en raison de la pression pesant sur le système d'asile suisse. Il ne sera activé qu'en concertation avec les cantons et les communes.

Les admissions ne reprendront que la situation "s'améliore sensiblement" en matière d'hébergement et d'encadrement des personnes qui relèvent du domaine de l'asile, précise le gouvernement dans un communiqué.

Lors d'une session extraordinaire consacrée à l'asile, le Conseil des Etats avait demandé jeudi la suspension de ce programme pour les deux prochaines années en raison de l'état de surcharge actuel.

Le texte présenté par l'UDC avait reçu le soutien de la quasi-totalité du PLR et d'une partie du Centre. La veille, le National avait rejeté une motion similaire.

>> Relire le suivi de la session d'été des Chambres fédérales : Les Chambres fédérales ont approuvé en votations finales douze objets mis sous toit

Un contingent moins important

Avec cette décision, le Conseil fédéral explique vouloir "répondre aux besoins en matière de planification", en fixant "dès aujourd'hui le cadre du prochain programme bisannuel".

Le contingent fixé de 1600 personnes est moins important que celui prévu pour la période 2022-2023. Il s'élève aujourd'hui à 1820 personnes, dont 980 ont effectivement été accueillies à ce jour.

Les priorités géographiques resteront les mêmes qu'actuellement. Il s'agira de soulager les pays de premier accueil submergés par l'afflux de réfugiés. Au moins 90% d'entre eux devront venir du Moyen-Orient et des régions situées le long de la route de la Méditerranée centrale en direction de l'Europe.

Par souci d'efficacité, la Confédération se concentrera sur "trois à cinq pays" de premier accueil. Au maximum 10% du contingent pourra concerner des personnes dont le besoin de réinstallation résulte de situations imprévues et qui se trouvent en dehors des pays hôtes cibles.

Des conditions posées

La Suisse participe depuis 2019 aux activités de réinstallation du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR). De tels programmes permettent de soutenir les pays de premier refuge, dans lesquels vivent plus de 80% des réfugiés à travers le monde. Ils contribuent aussi à lutter contre le trafic de migrants, précise le gouvernement.

L'accent est mis sur l'accueil des femmes, des enfants et des familles vulnérables, qui se trouvent dans des zones de crise. Des conditions sont posées: le HCR doit avoir accordé la qualité de réfugié aux personnes concernées.

Celles-ci doivent avoir "un besoin accru de protection qui ne peut être satisfait dans le pays de premier asile". Elles doivent aussi être prêtes à s'intégrer en Suisse et se soumettre à un contrôle de sécurité approfondi.

>> Voir aussi le débat sur la politique d'asile d'Elisabeth Baume-Schneider dans Forum :

La politique d'asile d'Elisabeth Baume-Schneider divise: débat entre Damien Cottier et Carlo Sommaruga
La politique d'asile d'Elisabeth Baume-Schneider divise: débat entre Damien Cottier et Carlo Sommaruga / Forum / 11 min. / le 16 juin 2023

ats/edel

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Les revendications de l'OSAR

L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) demande, elle, que le Conseil fédéral lève la suspension du programme actuel de réinstallation de réfugiés, dont il salue la prolongation pour deux ans.

Les places non attribuées dans le présent programme devraient en outre être transférées dans la mesure du possible dans celui de la période suivante, demande l'OSAR dans un communiqué.

L'OSAR précise qu'elle souhaite lever la suspension du programme actuel le plus rapidement possible et en concertation avec les cantons, les villes et les communes. Elle se dit néanmoins consciente du fait que la situation politique actuelle en matière d'asile est tendue.

Mais face à des routes de l'exil sans cesse plus dangereuses, la réinstallation est plus que jamais indispensable en tant que voie migratoire sûre, écrit l'oeuvre d'entraide. Elle permet aux personnes ayant particulièrement besoin d'une protection d'entrer de manière sûre dans un pays tiers en qualité de personnes réfugiées reconnues et d'y démarrer une nouvelle vie.