Une mère de famille qui a vécu pendant onze ans sous l'emprise d'un homme témoigne de manière anonyme samedi dans le 19h30 de la RTS.
D'abord, il y a eu les cris, puis les insultes, l'intimidation et les coups. Traitée comme un objet, elle n'avait finalement plus de vie. "C'était l'enfer, 365 jours sur 365. Vous êtes l'esclave de quelqu'un, votre opinion, vos choix, vos émotions, vos envies, vos colères, rien n'est respecté. Lui peut crier, m'humilier, me frapper, mais moi non, je dois rester stoïque et encaisser", relate cette mère de famille.
Il peut m'humilier, me frapper, mais je dois rester stoïque et encaisser
Elle subit du chantage récurrent, puis son conjoint la menace de mort. C'est alors qu'elle a soudain le déclic, elle prend donc la fuite. "J'ai pris un sac, j'ai mis n'importe quoi dedans, je suis partie et j'ai appelé le centre d'aide aux victimes d'agression (LAVI).
Pendant trois quarts d'heure, la personne au bout du fil la calme, mais surtout elle lui recommande de se mettre à l'abri. "Elle m'a sauvé la vie", affirmera plus tard la victime de violence conjugale. Puis l'assistante de LAVI lui fixe un rendez-vous pour le lendemain. "C'était comme mon ange gardien, elle m'a prise dans ses bras, elle m'a dit que je n'étais plus seule, qu'à partir de maintenant, je ne risquais plus rien".
Hausse de 25% dans le canton de Fribourg
Les centres LAVI ne désemplissent pas, celui du canton de Fribourg a enregistré une hausse des hébergements de 25% l'an passé, indique Martine Lachat-Clerc, directrice du centre de Fribourg. "Au total, on a eu 4000 nuitées. C'est très impressionnant, on est constamment plein, le taux d'occupation est de plus de 80%."
Selon le site Stopfemizid, le nombre de féminicides en Suisse a été de 16 en 2020, 26 en 2021, 16 en 2022 et déjà 8 pour cette année, dont 2 en récemment en Suisse romande.
Je me suis dit, il va finir par me tuer
Souvent tout commence par de petites humiliations, puis des insultes et un harcèlement continu, témoigne une autre victime. "Il me traitait de sale merde, de sous-merde, les insultes étaient de plus en plus fortes. J'avais peur qu'il parte avec ma fille. (...) Je recevais des dizaines de messages par jour. Je me suis dit, il va finir par me tuer."
L'accompagnement des auteurs de violence
Dans le canton de Fribourg, l'association EX-pression accompagne les auteurs de violence. En 2022, ses prestations ont augmenté de 60%.
L'association cherche à déconstruire certains stéréotypes, explique son directeur Lionello Zanatta: "Le travail que nous menons, c'est de pouvoir anticiper toutes ces formes d'accumulation, de frustration, de conflits identitaires, de domination, que l'homme - ou la femme parfois - arrive à mettre en place."
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Sujet TV: Chloé Steulet/Massimo Incollingo
Adaptation web: Miroslav Mares