Pour les professionnels de l'énergie, ce n'est "pas le bon moment" pour relancer le nucléaire
Dimanche dans l'émission Forum, le conseiller national UDC bernois Manfred Bühler affirmait que pour répondre aux besoins de la population, "la Suisse ne pourra pas se passer du nucléaire, ceci malgré les beaux discours". Plusieurs élus de ce parti, mais aussi du PLR, estiment désormais qu'il faut s'engager dans cette voie.
Récemment, le conseiller fédéral en charge de l'Energie Albert Rösti, également membre de l'UDC, n'avait également pas exclu un retour du nucléaire à long terme.
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Des centrales de quatrième génération au stade de prototypes
Mais les milieux de l'énergie semblent moins enthousiastes. Valérie Bourdin, porte-parole de l’Association des entreprises électriques suisses (AEES), l'a confirmé lundi dans Forum: "Les entreprises électriques suisses ne sont pas de cet avis, ce n'est pas le bon moment pour reprendre la discussion du nucléaire."
Les professionnels du secteur estiment que les centrales qui pourraient être envisagées pour la Suisse, soit de quatrième génération, n'en sont qu'au stade de prototypes. La Chine et l'Inde, pays à l'avant-garde de cette technologie, ne prévoient pas d'entrée en vigueur avant 2044. "Ce n'est pas raisonnable de mettre ce thème sur la table actuellement", insiste Valérie Bourdin.
Il faut passer les prochains hivers, jusqu'à ce que l'on atteigne un rythme de croisière
Selon la porte-parole de l'AEES, les investisseurs du pays n'estiment pas cette technologie intéressante en termes de rentabilité.
Une étude menée conjointement avec le laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA) conclut en outre qu'il est tout à fait possible d'atteindre la sécurité d'approvisionnement et la neutralité carbone pour 2050 avec des énergies renouvelables et sans nucléaire.
Mais la collaboration avec l'Europe de l'énergie reste importante pour garantir la sécurité d'approvisionnement du pays. "Il faut passer les prochains hivers, jusqu'à ce que l'on atteigne un rythme de croisière. Et la Confédération est prête à s'engager dans ce sens", explique Valérie Bourdin.
La population défavorable
Il y a trois semaines, un sondage réalisé par gfs.bern indiquait également que la population suisse soutenait le renouvelable et qu'il n'y avait aucune majorité en faveur du nucléaire. Selon Valérie Bourdin, "on est dans une stratégie de sortie du nucléaire".
Maintenant, il faut nous laisser le temps de commencer notre travail
Pour donner cet élan définitif aux énergies renouvelables, le secteur attend un message clair du Conseil fédéral et, d'ici quelques semaines, il devrait permettre l'accélération des procédures.
"Maintenant, il faut nous laisser le temps de commencer notre travail", conclut la porte-parole des professionnels de la branche.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Miroslav Mares