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Jean Todt: "L'insécurité routière est une pandémie endormie"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Jean Todt, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la sécurité routière
L'invité de La Matinale (vidéo) - Jean Todt, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la sécurité routière / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 12 min. / le 21 juin 2023
Avec moins de trois morts par année pour 100'000 habitants, la Suisse est une bonne élève en matière de sécurité routière. Mais pour Jean Todt, ancien patron de Ferrari et actuel envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la sécurité routière, l'émergence des nouvelles mobilités pourrait faire grimper ce chiffre.

Selon le dernier rapport sur la sécurité routière dans le monde, 1,3 million de personnes meurent sur les routes chaque année, faisant des accidents de la circulation les premiers tueurs d'enfants et de jeunes à l'échelle mondiale. En outre, entre 40 et 50 millions de personnes finissent blessées avec un handicap.

Reconnaissant l'importance du problème et la nécessité d'agir, les gouvernements du monde entier ont proclamé à l'unanimité la période 2021-2030 deuxième décennie d'action pour la sécurité routière, avec pour objectif clair de réduire d'au moins 50% le nombre de morts et de blessés sur les routes pendant cette période.

"Une pandémie endormie"

Invité mercredi dans La Matinale, Jean Todt salue les progrès faits par la Suisse en matière de sécurité routière. "Toutes les victimes sur les routes pourraient être évitées s'il y avait une discipline claire (...) 95% des accidents sont causées par des erreurs humaines." Le spécialiste qualifie par ailleurs l'insécurité routière de "pandémie endormie", du fait qu'on en parle que très peu.

Un état d'esprit qui change lorsque l'on se rend dans un pays en développement où les infrastructures et les normes de sécurité routière sont souvent faibles, voire absentes. "Si on va en Ethiopie, par exemple, on va se sentir concernés car on voit une différence claire par rapport à ce qu'on a l'habitude de voir tous les jours."

Nombre de victimes divisée par cinq

Pour l'actuel envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la sécurité routière, l'Europe a fait des progrès extraordinaires, avec des variantes selon les pays. "La Suisse est plus performante que la France et la France est plus performante que la Roumanie et la Bulgarie." Et d'ajouter: "Depuis 40 ans, le nombre de victimes d'accidents de la route a été divisé par cinq alors que le nombre de véhicules en circulation a été multiplié par trois". En Suisse, on compte 2,6 morts pour 100'000 habitants par année. En France, ce chiffre est de 5 et d'environ 9 en Bulgarie et en Roumanie.

Il estime toutefois que ces données pourraient augmenter en Suisse, notamment en raison du développement de la nouvelle mobilité avec la prolifération des vélos électriques et des trottinettes en ville. "Le challenge pour la Suisse est désormais de rester au niveau où elle est aujourd'hui." Punir les infractions, quitte à faire peur, est donc indispensable aux yeux de l'ancien patron de Ferrari. "Si on ne réprimande, les première victimes seront les utilisateurs."

Propos recueillis par David Berger/hkr

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