Entre 2000 et 2018, la Suisse a connu en moyenne 109 incendies de forêt par an principalement en Valais, au Tessin et dans les Grisons. Mais ces dernières années, d'autres cantons ont dû y faire face, comme Neuchâtel par exemple.
"Il y a eu un incendie au sommet des vignes à La Neuveville en juillet 2018, dans le canton de Berne. Ce sont les pompiers neuchâtelois qui sont intervenus et nous avons constaté que nous n'étions pas prêts en terme de matériel et de stratégie", reconnaît Patrick Vuilleumier, commandant de la région de "défense incendie et secours" de Val-de-Ruz.
Dès lors, le canton et les sapeurs-pompiers ont décidé de mettre sur pied une unité spéciale "forêt et végétation", composée de 25 hommes, opérationnelle depuis 2021.
Des feux imprévisibles
"Ce sont des conditions très différentes par rapport à un feu d'habitation, c'est plus physique", explique David Siker, sapeur-pompier volontaire et membre de cette unité. "Parfois, il faut creuser des tranchées, on a des tronçonneuses, des débroussailleuses, on suit aussi des cours avec des bûcherons."
Les feux de forêts peuvent être souterrains, cheminer le long des racines et resurgir là où on ne s'y attend pas
Sur les hauteurs de Val-de-Ruz, une dizaine de membres de l'unité s'entraîne, le terrain est escarpé et glissant. L'objectif: acheminer de l'eau au sommet pour combattre un feu en contrebas matérialisé par un ruban rouge et blanc.
"Les feux de forêts peuvent être souterrains, cheminer le long des racines et resurgir là où on ne s'y attend pas, il faut donc une stratégie spécifique", précise David Siker. "Ce qui est difficile lorsqu'il s'agit d'un feu de forêts, c'est d'acheminer de l'eau sur un terrain très raide. On utilise des petites pompes qui sont portatives heureusement, mais qui font quand même 25 kilos chacune."
Une prise de conscience de la population
Si les pompiers s'entraînent régulièrement, ils sont particulièrement sur leurs gardes ces derniers jours car le canton de Neuchâtel est passé au degré de risque 3 sur 5, à savoir "danger marqué", avec un appel à la plus grande vigilance.
Sur le terrain, ce sont les ingénieurs forestiers cantonaux qui évaluent ce niveau de risque grâce à de fines observations du sol.
"Là, on voit que la litière, les feuilles et les petites branches au sol, est très sèche", explique Alix Mercier, ingénieur forestier, en charge de l'arrondissement du Val-de-Travers. "Par contre, quand on creuse, on voit que la terre en dessous est encore bien humide." Il y a donc un risque "marqué" mais pas d'interdiction formelle de faire du feu pour l'instant.
Aujourd'hui, avec le changement climatique, nos comportements doivent changer
"J'ai l'impression qu'il y a une prise de conscience du risque par la population", constate l'ingénieur forestier Marc Ballmer, "Il y a quelques années, les gens faisaient probablement attention au Tessin, mais beaucoup moins dans l'Arc jurassien. Aujourd'hui, avec le changement climatique, nos comportements doivent changer", estime Marc Ballmer.
Car le constat est bien réel, "depuis les années 2000, on a beaucoup plus de départs de feux dans le canton. Pour l'instant, on n'a pas encore de méga-feux comme on a l'habitude de voir au Canada ou en France, mais si le climat change, ça pourrait être possible chez nous". Il est donc primordial de s'y préparer, conclut le spécialiste.
Coraline Pauchard, Katia Bitsch