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La Suisse peine à s'assurer des places de stockage pour son CO2

La Suisse peine à s'assurer des places de stockage pour son CO2 à l'étranger
La Suisse peine à s'assurer des places de stockage pour son CO2 à l'étranger / 19h30 / 2 min. / le 23 juin 2023
Pour atteindre la neutralité carbone visée en 2050, la Confédération devra capter environ 10 millions de tonnes de CO2 par an du gaz qu'elle n'arrivera pas à cesser de produire, soit un quart du CO2 émis aujourd'hui. Il faudra le transporter puis le stocker sous la mer du Nord. Mais le Conseil fédéral n’arrive toujours pas à s'assurer les places de stockage nécessaires.

Deux déclarations d'intention, en vue d'accords avec les Pays-Bas et l'Islande, ont été signées. Mais les négociations piétinent: bien que le président de la Confédération Alain Berset se soit rendu en personne le 16 mai sur le site de stockage du CO2 en Islande, où il a rencontré la Première ministre Katrín Jakobsdóttir, on ne sait toujours pas quand l'accord de stockage pourra être signé avec Reykjavik.

La ministre islandaise des Affaires étrangères l'avouait quelques jours plus tard, après avoir été accueillie par son homologue suisse Ignazio Cassis le 22 mai à Zurich, l'Islande n'est pas prête à accueillir à grande échelle du CO2 d'origine suisse. "Nous devons voir comment l'Union européenne va réguler l'exportation et le stockage du CO2 dans le futur, avant de pouvoir avancer", indique Þórdís Kolbrún Gylfadóttir, vendredi dans le 19h30 de la RTS.

Plusieurs pays situés autour de la mer du Nord sont sur le point d’ouvrir de grands sites de stockage de CO2 en roches profondes, en particulier les Pays-Bas, l'Islande, la Norvège et l'Ecosse. "L'intention de signer un accord avec l'Islande reste, il faudra voir maintenant à quelle vitesse on y arrivera", déclare de son côté le conseiller fédéral Ignazio Cassis.

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Industrie impatiente

Or, le temps presse. D'ici 2050, tous les pays européens devront stocker du CO2, mais les places seront limitées. L'industrie chimique, les cimenteries et les exploitants d'usines d'incinération, qui ne pourront pas éviter d'émettre complètement du CO2, s'impatientent.

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"L'Union européenne et tous les pays industrialisés mettent les bouchées doubles. Ce qui m'inquiète, c'est que la Suisse n'ait pas accès aux infrastructures de transport et de stockage qui sont en train d'être développées", confie Robin Quartier, directeur de l'Association suisse des exploitants d'installations de traitement des déchets (ASED).

Le professeur Marco Mazzotti de l'EPFZ est plus confiant. Il y a, selon lui, suffisamment de roches poreuses ou basaltiques pour stocker le CO2 irréductible. "Le défi est plutôt de créer rapidement suffisamment d'infrastructures de transport et de stockage", note-t-il.

Avancement avec la Norvège

Alors que les négociations avec l'Islande et les Pays-Bas n'avancent que lentement, la Confédération affirme qu'elle est désormais plus avancée avec la Norvège, qui va bientôt ouvrir un site d'enfouissement de CO2 à Øygarden, près de Bergen.

L'objectif du Conseil fédéral est de signer des accords de stockage avec au moins deux pays d'ici 2025.

Jean-Marc Heuberger

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