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Les parents démunis face à un accueil parascolaire toujours plus sous pression

Le parascolaire est un casse-tête pour de nombreux parents. 71% des Suisses attendent une meilleure prise en charge de leurs enfants
Le parascolaire est un casse-tête pour de nombreux parents. 71% des Suisses attendent une meilleure prise en charge de leurs enfants / 19h30 / 2 min. / le 25 juin 2023
Alors que les vacances approchent en Suisse romande, les parents pensent déjà à la rentrée et son habituel casse-tête: l'organisation avec l'accueil parascolaire. La problématique est amplifiée par la surcharge des structures, qui manquent de places et de moyens.

L'accueil parascolaire peut être une véritable nécessité pour certains parents afin de leur permettre de concilier la garde de leurs enfants et leurs activités professionnelles. "Le parascolaire est vraiment indispensable dans la société dans laquelle on vit. On a beaucoup de chance d'avoir un accueil inconditionnel à midi", témoigne Eleonore Goldschmid, une mère genevoise, dimanche dans le 19h30 de la RTS.

Un sondage réalisé par l'institut Sotomo, publié en juin, montre qu'une majorité de la population, tout âge, genre et orientation politique confondus, estime qu'il est important d'avoir la possibilité de laisser les enfants à l'école durant la pause de midi. Les sondés répondent à 71% "oui" ou "plutôt oui" à l'affirmation "les écoles devraient proposer des structures de jour sur l'ensemble du territoire (accueils, horaires blocs y compris repas de midi et devoirs surveillés)".

Des différences s'observent toutefois dans certaines catégories. Les plus marquées concernent l'orientation politique: les personnes interrogées qui se sentent proches des partis de gauche se prononcent à 86% pour des structures de jour à l'école (52% se disent clairement en faveur), alors que celles proches des partis à droite de l'échiquier politique sont pour à 66%.

Plusieurs cantons concernés

Ce système de jour dans les écoles prend de plus en plus d'ampleur. Dans le canton de Vaud, par exemple, les places d'accueil parascolaire sont passées de 7357 en 2012 à 16'406 en 2021. Mais l'offre diffère fortement d'une région à l'autre. Selon une étude statistique cantonale réalisée sur l'année 2021, elle est particulièrement bien développée sur l'Arc lémanique, entre Lausanne et Vevey, et dans l'ouest du canton, alors que les zones rurales sont moins bien dotées.

>> Lire aussi : En dix ans, les places d'accueil dans les garderies vaudoises ont doublé

L'offre est encore loin de répondre à la demande ailleurs en Suisse romande également. A Neuchâtel, dans le Val-de-Ruz, le parascolaire est un sujet récurrent de tensions.

"J'ai dû refuser beaucoup d'enfants, surtout sur la plage de midi qui est vraiment très demandée", raconte Geneviève Leibacher, directrice de Passion et Chocolat, une structure privée d'accueil parascolaire subventionnée par la commune.

L'établissement compte seulement 35 places disponibles, alors que les demandes montent parfois jusqu'à 50. "Les parents sont vraiment démunis, ils ne savent plus quoi faire", ajoute la responsable.

Un manque de places

Début mai, une motion populaire déposée par une association de soutien au parascolaire de la localité des Geneveys-sur-Coffrane, qui avait pour but de pallier le manque de structures d'accueil, a été validée par le Conseil général vaudruzien. Sous pression politique et citoyenne, les autorités communales ont décidé d'augmenter progressivement le nombre de places en accueil parascolaire et tables de midi à partir d'août. Au total, 63 places seront disponibles d'ici à la fin de cette année et 18 dès la rentrée.

Jusqu'à présent, le taux de couverture était de 23,63% pour 360,81 places offertes. Après la création des 63 places, le coefficient se montera à 27,75% pour 423,81 offertes, "ce qui est notable en comparaison des 20% minimum exigés, dans le cadre légal actuel et dans la perspective de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, qui vise un taux de 30% à l'horizon 2027", a précisé la commune.

Pour les parents concernés, il s'agit d'un soulagement. Mais la décision ne résout pas le problème constaté aux Geneveys-sur-Coffrane: au total, 36 enfants du village n'ont pas de place de garde pour la prochaine rentrée scolaire.

Le Parti socialiste a lancé une initiative communale pour que l'offre parascolaire corresponde aux besoins des quinze villages qui composent la commune de Val-de-Ruz.

>> Ecouter les précisions du 12h30 :

Avec 24'500 places d'accueil disponibles à plein temps dans le canton de Vaud en 2020, l'offre en garderie et en parascolaire s'est enrichie d'environ 550 places supplémentaires depuis 2019. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]KEYSTONE - LAURENT GILLIERON
Motion populaire dans la commune de Val-de-Ruz (NE) pour pallier le manque de structures d'accueil parascolaire / Le 12h30 / 1 min. / le 5 mai 2023

Un système surchargé

A Genève aussi, le système d'accueil parascolaire est sous pression. Le personnel du secteur tirait déjà la sonnette d'alarme fin 2022 et s'inquiétait notamment de l'encadrement lacunaire des enfants et du manque de moyens.

Le parascolaire est depuis longtemps chroniquement surchargé dans le canton. Le taux de croissance du nombre d'enfants pris en charge est de 6 à 8% chaque année depuis quinze ans.

L'année dernière, le nombre d'élèves inscrits aux activités du midi et de 16h à 18h a augmenté de 13%. Une situation qui s'explique entre autres, selon la directrice du Groupement intercommunal pour l'animation parascolaire (GIAP) Floriane Demont, par la législation genevoise, "qui oblige à accueillir tout enfant dont les parents font la demande d'une place en parascolaire", soulignait-elle à l'époque.

>> Relire à ce sujet : Les taux d’encadrement de l'accueil parascolaire inquiètent à Genève

Début mai, une pétition lancée par le personnel du parascolaire qui réclame de meilleures conditions de travail a été remise à la direction du GIAP, avec plus de 6400 signatures.

Actuellement, le nombre d'enfants inscrits au parascolaire à Genève se monte à environ 29'000 et ce chiffre ne cesse d'augmenter. Un exemple parmi tant d'autres des attentes des familles vers un système toujours plus sous pression.

>> Lire aussi : Les employés de l'accueil parascolaire tirent la sonnette d'alarme à Genève

Sujet TV: Céline Brichet

Texte web: iar avec ats

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La garde extrafamiliale en Suisse

En Suisse, environ 60% des enfants de moins de 13 ans sont confiés à une garde extrafamiliale. En semaine, 36% fréquentent une crèche ou une structure d'accueil parascolaire et 28% sont confiés à leurs grands-parents, montre la dernière étude de l'Office fédéral de la statistique (OFS) sur le sujet, couvrant la période 2020-2021.

Les ménages recourent très différemment aux solutions d'accueil extrafamilial proposées, selon la région considérée. Dans les cantons romands, à Bâle-Ville ou encore à Zurich, plus de 70% des parents recourent à la garde extrafamiliale et surtout à celle de type institutionnel comme les crèches et les structures d'accueil pour écoliers.

Dans les cantons ruraux de Suisse alémanique et au Tessin, les parents recourent avant tout aux formes non institutionnelles d'accueil, les grands-parents représentant la forme de garde la plus souvent utilisée dans ce type de configuration.

>> Lire aussi : En Suisse, trois enfants sur cinq sont confiés à une garde extrafamiliale