Le fonds fédéral pour les mesures de protection contre le loup est déjà épuisé

L'année dernière, 5,7 millions de francs supplémentaires au budget ordinaire avaient été débloqués et utilisés. Pour 2023, le budget avait été réduit à 4 millions. Il manquerait à présent au moins 700'000 francs, selon le retour du terrain.

Véronique Papilloud, éleveuse de brebis en Valais, a clôturé à l'aide de filets son alpage au-dessus de Val-d'Illiez pour se prémunir des attaques du prédateur.

"Depuis quelques années, nous avons beaucoup de passages de loups. Nous avons eu des attaques", raconte-t-elle jeudi dans La Matinale. "Au lieu de se réjouir d'amener nos bêtes l'été, on se réjouit presque de les désalper. (…) C'est l'angoisse tout l'été."

Les aides financent un aide-berger, des civilistes, une bonne partie des clôtures ou encore des cabanes mobiles dans certains cas, explique l'éleveuse. "Le but est que les bergers soient toujours le plus proche possible des troupeaux. En cas de prédation, on entend le mouvement du troupeau, le chien qui aboie et on peut agir plus vite", précise-t-elle.

"Ces aides sont comme un sparadrap sur une blessure. On dit merci à celui qui le pose. Cela va de toute façon limiter la casse. Je pense que, sinon, beaucoup plus d'alpages auraient été abandonnés", soutient Véronique Papilloud.

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Mécontentement à Neuchâtel

Que se passe-t-il pour les éleveurs une fois le fonds épuisé? Selon l'OFEV, les demandes pour les mesures les plus efficaces contre les attaques de loups, c'est à dire les plus grosses structures, ont été traitées en priorité.

Reste que Neuchâtel n'a pas reçu un centime de ce fonds alors qu'il en avait fait la demande. Le canton n'a pas encore connu d'attaque de loup jusqu'à maintenant. Mais ses éleveurs souhaitent se préparer. Le directeur de la Chambre neuchâteloise d'agriculture Yann Huguelit se dit fâché, car il faudra faire sans la manne fédérale.

"On nous a signalé qu'on protégerait en priorité le secteur des Alpes, en pensant, j'imagine, qu'il y aurait assez de moyens financiers pour l'ensemble", indique-t-il. "Finalement, nous avons appris que le budget était déjà alloué par rapport aux demandes qui étaient faites. Ce qui nous inquiète, c'est notre proximité avec le canton Vaud, qui a connu un été catastrophique l'année passée pour tous ceux qui sont montés à l'alpage. Nous aimerions éviter une telle situation dans le canton de Neuchâtel."

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Une population lupine "sous-estimée"

L'année dernière, les Grisons ont reçu la plus grosse part du gâteau avec 1,3 million. Le Valais et le Tessin suivent avec des contributions de près d'un demi-million de francs.

En Valais par exemple, lorsque les fonds fédéraux manquent, le canton fait office de banque en avançant l'argent aux éleveurs, selon Jean-Jacques Zufferey, le chef de l'office cantonal de l'économie animale.

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Pour lui, la Confédération a manqué de vision à long terme. "L'OFEV a totalement sous-estimé le nombre de meutes et de loups en Suisse au moment de faire son budget", estime-t-il. "Comme les besoins de protection vont de pair avec cette dérive exponentielle de la population de loups, il faut augmenter le budget", déclare-t-il. Selon les chiffres 2022, on compte quelque 250 spécimens en Suisse. Contre une centaine de moins l'année précédente.

Les cantons attendent une réponse des autorités fédérales. Mais une rallonge de budget doit passer devant le Parlement. Et aucune décision n'est attendue avant cet automne.

Diana-Alice Ramsauer/ami