Criminalité, violence, "chaos" dans les écoles et les hôpitaux, manque de places d'hébergement, le président de l'UDC Marco Chiesa a tiré samedi un sombre bilan de la politique suisse d'asile. Devant l'assemblée extraordinaire de son parti à Küssnacht am Rigi (SZ), il a aussi décrit la plupart des requérants venant en Suisse comme des "faux réfugiés", des "touristes de l'asile" venus d'Afrique du nord et du monde arabe et ayant les moyens de payer des passeurs.
Il a ajouté dans Forum samedi soir que le visage de la Suisse change avec l'immigration donc il est important de décider ce à quoi nous souhaitons qu'elle ressemble. "L'immigration donne une impulsion à de nouveaux besoins: bâtir de nouveaux logements, avoir d'autres infrastructures, d'autres hôpitaux. Un million et demi de personnes sur 20 ans, celà veut dire que l'on a changé le visage de notre territoire. (…) Il faut décider de quelle immigration on veut dans notre pays."
Elisabeth Baume-Schneider "ne lève pas le petit doigt"
"Et que fait la conseillère fédérale en charge, Elisabeth Baume-Schneider? Rien! Elle ne lève pas le petit doigt pour mettre fin au chaos de l'asile", a dénoncé le Tessinois. La ministre socialiste de la justice veut, au contraire, faire venir encore plus de demandeurs d'asile en Suisse, au détriment de la population, déplore le conseiller aux Etats. "Elle semble s'en moquer totalement."
A moins de quatre mois des élections fédérales, le président de l'UDC a aussi accusé les autres partis de mener une politique d'asile "erronée et irresponsable" ayant mené au "chaos". En soutenant la venue de requérants d'asile en Suisse, la "gauche rose-verte" soutient indirectement les passeurs, à savoir des trafiquants d'êtres humains criminels, a accusé Marco Chiesa.
Exigences adressées
"Nous sommes les seuls à faire quelque chose contre l'immigration de masse et cette folie de l'asile", a-t-il souligné.
Vendredi, le comité directeur du parti a adopté les exigences suivantes à l'attention de la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider: qu'elle s'engage pour des contrôles aux frontières, "tant que les accords de Schengen/Dublin ne fonctionnent pas", que les requérants arrivant par un pays tiers n'aient pas droit à une procédure d'asile en Suisse, que les étrangers criminels soient systématiquement expulsés et que les procédures d'asile soient menées dans des zones de transit à la frontière.
Initiative "pour la durabilité"
Dans la foulée, l'initiative "pour la durabilité", intitulée "Pas de Suisse à 10 millions!" a été soutenue à l'unanimité des 310 délégués de l'UDC.
Elaborée par l'UDC zurichoise, la nouvelle initiative incite le Conseil fédéral à prendre des mesures immédiates dans le domaine de l'asile et du regroupement familial et ce, lorsque la population suisse dépassera 9,5 millions d'habitants, au plus tard. Elle exige aussi que la population ne dépasse pas 10 millions d'habitants avant 2050. Dans le cas contraire, le Conseil fédéral doit dénoncer des accords internationaux dont la libre circulation de personnes et un éventuel pacte de l'ONU sur les migrations.
"Notre pays est comme un ballon que l'on gonfle sans s'arrêter"
"Notre pays est comme un ballon que l'on gonfle sans s'arrêter. Au bout d'un moment, il éclate", a mis en garde le conseiller national vaudois Michaël Buffat en faisant allusion à la venue de 180'000 nouveaux habitants en Suisse l'an dernier, dont 75'000 réfugiés ukrainiens et 25'000 requérants d'asile.
Le Vaudois a dénoncé le fait que les étrangers soient surreprésentés parmi les bénéficiaires d'assurances sociales et dans les prisons. Il a aussi souligné que l'intégration n'était plus possible dans les classes où les élèves suisses étaient minoritaires et que l'immigration surchargeait les routes et dopait la consommation d'énergie.
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cab avec ats
Mesures UDC rejetées aux Chambres fédérales
A la mi-juin, les Chambres fédérales ont rejeté plusieurs motions de l'UDC lors d'une session extraordinaire sur la migration. Elles ont refusé le retour unilatéral des contrôles aux frontières, l'installation de zones de transit pour traiter les demandes d'asile aux frontières et l'application à la lettre des accords de Dublin.
Contrairement au Conseil national, les Etats ont approuvé la suspension du programme de réinstallation 2024-2025 et la conclusion de nouveaux accords de rapatriements de délinquants étrangers, motions également déposées par l'UDC.