A Lausanne, les autorités viennent de démanteler un campement provisoire près de la Riponne où des dizaines de toxicomanes s'étaient installés avec des sacs de couchage, comme le relatait 24 Heures. Et à Genève, le local d'injection Quai 9 a décidé de bannir le crack durant la journée en raison des tensions que sa consommation provoque.
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Des événements récents qui mettent en lumière les difficultés actuelles dans les villes romandes face à la consommation de drogues.
Abondance de l'offre
Interrogée dans l'émission Forum, Camille Robert, co-secrétaire générale du GREA, le groupement romand d'études des addictions, souligne qu'au niveau européen l'offre de drogues atteint un niveau sans précédent depuis de nombreuses années, "avec des produits de plus en plus synthétiques ou coupés avec des produits qui sont plus nocifs pour la santé et qui touchent de plus en plus de monde".
Le rapport 2022 de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies dit en substance "partout, de tout, pour tout le monde", indique la spécialiste en addictions.
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En Europe, mais aussi en Suisse, "on se retrouve dans une situation qui fait penser aux années 90 avec le Letten et le Platzspitz. On n'y est pas, mais la situation est plutôt inquiétante", dépeint Camille Robert.
Réduire les risques
Elle estime qu'il faut insister sur "la réduction des risques avec des questions d'accès aux prestations de soins". "Si Quai 9, par exemple, doit fermer ses portes pendant un temps, c'est parce que l'espace est trop petit, on n'a pas les moyens et le personnel est sous pression".
Concernant le crack qui est accessible à bas prix, "c'est une drogue qui est très fortement liée aux questions de précarité sociale". Donc à un moment donné, "il faudra faire plus de politique de logement, de réinsertion sociale, d'insertion professionnelle", plaide Camille Robert.
Et parler de régulation
"La répression est le modèle dominant appliqué au niveau mondial depuis 50 ou 60 ans et on voit bien que ça ne fonctionne pas". "A terme il faudra se pencher sur la question de la régulation des substances illégales", estime Camille Robert, qui rappelle que le processus est en cours en Suisse pour le cannabis.
"Acheter de la drogue sur un marché régulé et contrôlé par l'Etat signifie que vous avez la sécurité du produit, qu'on a un contact avec les consommateurs et qu'on assèche les réseaux criminels", plaide la co-secrétaire générale du GREA.
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Propos recueillis par Thibaut Schaller
Adaptation web: juma/cab