La Suisse prend des mesures pour anticiper la sécheresse

Les restrictions d'eau font leur apparition dans les communes de Suisse romande. Par exemple, dès lundi, la Ville de Nyon interdit à la population l'arrosage des pelouses, le remplissage des piscines ou encore les nettoyages extérieurs.

Exceptionnel auparavant, le manque d'eau et ses nombreuses conséquences pour l'environnement devient peu à peu une donnée à intégrer dans la gestion régulière d'une commune. Elles préfèrent donc anticiper plutôt que de prendre des décisions dans l'urgence.

Toutes les communes qui prennent des mesures ne souffrent pas du manque d'eau mais elles s'y mettent déjà afin d'ancrer un changement des habitudes. C'est par exemple le cas en Valais où le niveau de l'eau est encore haut grâce à la neige tombée à Pâques.

Si les interdictions ne sont pas tombées partout en Suisse romande, l'appel à la sobriété est généralisé.

Les cantons veillent eux aussi à l'état de leurs nappes phréatiques. C'est le cas de Genève qui s'inquiète pour ses cours d'eau qui ont fortement souffert l'an dernier. Pour la première fois, un comité sécheresse a été constitué pour suivre leur évolution.

Des restrictions d’arrosage sont imposées à Nyon pour prévenir le manque d’eau / 12h45 / 2 min. / le 3 juillet 2023

Nyon anticipe

Cette année, les niveaux d'eau sont légèrement moins bas qu'à la même période l'an dernier, qui a marqué par sa sécheresse. Mais pour la Ville de Nyon, pas question cette année d'attendre avant d'agir, explique Pierre Wahlen, municipal en charge de l'environnement et des énergies, dans La Matinale de lundi.

"La Municipalité a décidé il y a quelques années qu'à partir d'une certaine proportion entre l'eau qui vient des sources et l'eau qui est pompée du lac, il fallait déclarer l'état de sécheresse."

"Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, les quelques pluies du mois de mai et de ces derniers jours ne suffisent en rien à alimenter les sources. Elles s'amenuisent de jour en jour et la quantité d'eau puisée dans le lac est de plus en plus importante. Donc ces mesures sont plutôt prévisonnelles."

Si elle restreint l'usage d'eau pour la population, elle se l'impose aussi. Vingt-six fontaines publiques sur quarante-deux ne sont plus approvisionnées et pour les autres, l'eau est coupée durant la nuit. Ces mesures devraient permettre d'économiser la consommation moyenne annuelle de 730 personnes.

Sujet radio: Deborah Sohlbank, Gaël Klein

Adaptation web: Julie Marty

Publié le 3 juillet 2023 à 08:46 Modifié le 3 juillet 2023 à 14:13

Sécheresse problématique aussi pour les stations d'épuration

La sécheresse et ce manque d’eau affectent aussi les stations d'épuration, comme dans le Jura.

Durant les longues périodes d’étiage, donc lorsque le débit des rivières est au plus bas, l’eau à traiter est beaucoup plus sale dans les réseaux de type unitaire qui ne drainent plus que les résultats de l’activité humaine et industrielle. Le débit est parfois insuffisant et il faut prendre des mesures comme l'explique Pierre-Michel Seuret, responsable de la STEP de Soyhières qui gère toutes les eaux usées de la région de Delémont.

"Le transit de l'eau est moins rapide. Ces deux dernières années on est allé fermer un ou deux bassins manuellement. (...) On doit s'adapter à ce qui se passe au niveau du réseau."

Plus de déchets

Autre conséquence de la sécheresse, le risque de voir s’accumuler des dépôts qui vont se déverser en quantité très importantes en cas d’orage.

"Ça vient assez brusquement et on ramasse énormément de déchets sur nos installations. (...) Ces deux dernières années, on a eu assez souvent ça. Et, avec notre débit journalier, on amène quasi 10% de plus que le débit de la rivière", détaille Pierre-Michel Seuret.

En cas de sécheresse, l’eau à traiter devient aussi très chaude. Cette chaleur facilite par contre les traitements biologiques.