L'augmentation était observée depuis plusieurs années, mais jamais dans une telle proportion, a relevé mardi la Société suisse de pédiatrie. Les auteurs ne peuvent pas dire s'il s'agit d'une augmentation réelle ou de la conséquence d'une sensibilisation accrue.
L'étude menée par les 20 cliniques pédiatriques ayant servi de base à l'évaluation recense les enfants et les adolescents jusqu'à 17 ans victime de maltraitance. Les cas multiples sont comptabilisés une seule fois, dans la catégorie du mauvais traitement le plus grave.
Les cas de négligences représentent 30% des cas, suivis le plus souvent par des maltraitances physiques dans 28% des cas. La maltraitance psychologique arrive en troisième position avec 27% des cas.
Les médecins ont constaté des abus sexuels chez 14% des enfants traités et le syndrome de Münchhausen par procuration, où l'adulte provoque chez l'enfant de manière délibérée des problèmes de santé dans le but d'attirer l'attention du corps médical, représentait à peine 1%. La répartition des formes de maltraitance est restée stable en 2022.
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La violence domestique prise en compte
La maltraitance psychologique comprend également le fait d'être témoin de violences domestiques. Cette souffrance, recensée pour la deuxième fois seulement, représente près de la moitié des maltraitances psychologiques. Cela confirme la problématique, estime le groupe de protection de l'enfance. Cette expérience vécue à la maison est une charge mentale très difficile.
La maltraitance est considérée comme certaine dans 53% des cas, probable dans 25% et incertaine dans 22%. En 2021, le pourcentage de diagnostics certains était plus élevé. La certitude du diagnostic varie selon le type de maltraitance.
Les filles plus souvent victimes
Les filles sont plus souvent victimes de maltraitance (56%) que les garçons (44%). Pour les cas d'abus sexuels ou de soupçons d'abus sexuels, la proportion pour celles-ci bondit à 84%. A part les coups, elles sont plus exposées que les garçons à toutes les formes de maltraitance.
En 2022, les très jeunes enfants ont été plus souvent victimes de maltraitance. La part des moins de six ans est de près de 45%. Les moins d'un an représentent même 18%.
Pour deux d'entre eux, les mauvais traitements ou la négligence ont eu une issue fatale, le même nombre que l'année précédente. En 2021, cinq enfants étaient morts de maltraitance physique. Les spécialistes partent de l'idée que le nombre de cas non déclarés est élevé, en particulier chez les plus jeunes.
Dans le cercle familial
Dans trois quarts des cas, les auteurs sont des membres de la famille, dans 14% des connaissances. Pour le reste, il s'agit d'autres personnes ou d'inconnus. Concernant les abus sexuels, deux cinquièmes des auteurs sont issus du cercle familial ou d'amis.
Contrairement à l'année précédente, la part des auteurs d'agressions physiques issus du cercle de connaissances a augmenté de 18 à 24% et celle des auteurs étrangers de 4,5 à 10%. Difficile de savoir s'il s'agit d'une plus grande propension à la violence dans la société, indiquent les auteurs.
Dans un tiers des cas, la maltraitance est commise par des hommes et des femmes ensemble. Dans un autre tiers, les hommes sont les seuls auteurs et dans 23% ce sont des femmes. Les données sont manquantes pour le reste. Les hommes commettent plus souvent des violences physiques, tandis qu'il n'y a pas de différence de genres en matière de maltraitances psychologiques. Quatre cinquièmes des auteurs sont âgés de plus de 18 ans.
ats/ther