Après avoir déjà perdu six sénateurs depuis 2015, le PS sera encore en danger cet automne
Entre 1999 et 2015, le Parti socialiste a connu une nette croissance du nombre de ses représentants au Conseil des Etats, passant de 6 à 12 représentants, son maximum historique, il y a huit ans. Durant cet "âge d'or", le parti de gauche a réussi à faire avancer d'importants dossiers en tissant diverses alliances.
Mais depuis lors, le PS a vécu une érosion non négligeable de sa représentation dans cette chambre: 9 élus après les dernières élections fédérales de 2019 et 6 depuis le mois d'avril de cette année, après plusieurs départs en cours de législature.
Si le PDC et le PLR avaient perdu plusieurs mandats durant la progression du PS, ce sont Les Verts qui ont largement profité du recul socialiste depuis 2015, passant de 1 à 5 sièges. De fait, actuellement, la Chambre des cantons compte 11 représentants de gauche (PS et Verts) contre 20 de droite (UDC et PLR) et 14 du Centre.
Trois sièges perdus durant la législature
Depuis le début de la législature en 2019, le PS a perdu trois fauteuils jusque-là en mains de poids lourds sous la Coupole: celui du Fribourgeois Christian Levrat, ancien président du parti, qui a été remplacé par la Centriste Isabelle Chassot en 2021 lors d'une élection complémentaire; celui de la Tessinoise Marina Carobbio, élue au Conseil d'Etat au printemps et dont le siège n'a pas été repourvu avant les élections fédérales; celui du Saint-Gallois Paul Rechsteiner, qui a démissionné et qui a été remplacé fin avril par l'UDC Esther Friedli, aussi lors d'une élection complémentaire.
Mais peut-on envisager un retournement de situation cet automne? Rien n'est sûr, car deux autres figures du parti vont encore quitter la Coupole fédérale: le sénateur bernois Hans Stöckli et son collègue soleurois Roberto Zanetti ne se représentent pas, aiguisant les appétits de la concurrence dans ces deux cantons.
Au final, seuls quatre socialistes sortants briguent un nouveau mandat: le Genevois Carlo Sommaruga, la Jurassienne Mathilde Crevoisier Crelier, la Bâloise Eva Herzog et le Zurichois Daniel Jositsch.
D'âpres combats attendus en Suisse romande
Pour le PS, la lutte s'annonce intense dans plusieurs cantons, notamment romands, pour éviter une nouvelle érosion. A Genève, c'est le duo de gauche Carlo Sommaruga-Lisa Mazzone qui est dans le viseur de la droite. L'alliance PLR-Centre-UDC-MCG espère confirmer le résultat des élections cantonales et prendre un siège à ce duo rose-vert, avec notamment les candidature de l'ex-conseiller d'Etat MCG Mauro Poggia et des conseillères nationales Simone de Montmollin (PLR) et Céline Amaudruz (UDC).
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Dans le Jura, le PS présente un ticket féminin fort avec la sortante Mathilde Crevoisier Crelier et la ministre Nathalie Barthoulot, mais le centre et la droite se veulent aussi ambitieux avec en premier lieu l'autre sortant Charles Juillard (Centre) et le PLR Jacques Gerber. L'élection s'annonce donc des plus incertaines.
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A Neuchâtel, le siège perdu il y a quatre ans sera dur à reconquérir, Philippe Bauer (PLR) et Céline Vara (Verts) bénéficiant peut-être de la prime au sortant. Le PS compte toutefois sur son conseiller national Baptiste Hurni et le conseiller communal chaux-de-fonnier Théo Huguenin-Elie pour y parvenir.
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En Valais, la course aux Etats sera aussi particulièrement difficile pour le PS. Si Mathias Reynard avait failli créer l'exploit de renverser la mainmise du Centre il y a 4 ans, la locomotive du parti n'est plus dans la course après avoir été élue au Conseil d'Etat. En lice pour la Chambre haute, Aferdita Bogiqi est moins connue et aura fort à faire contre les sénateurs sortants Marianne Maret et Beat Rieder ou même face au PLR Philippe Nantermod.
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A Fribourg, la gauche vise le fauteuil de la PLR Johanna Gapany, qui siège actuellement en compagnie d'Isabelle Chassot (Centre). Mais même si elle crée l'exploit, il se peut que le Vert Gerhard Andrey brûle la politesse à son alliée socialiste Alizée Rey.
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Dans le canton de Vaud en revanche, il est attendu que le PS gagne un siège, puisque Pierre-Yves Maillard part favori pour succéder à l'écologiste Adèle Thorens, le PLR Pascal Broulis devant selon toute logique succéder à son collègue Olivier Français.
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A Berne également, certains espoirs sont permis, malgré le départ de Hans Stöckli. Figure en vue au National, Flavia Wasserfallen entend bien lui succéder, mais elle devra pour cela vaincre plusieurs candidats de poids, comme le sortant UDC Werner Salzmann et l'ancien conseiller d'Etat écologiste Bernhard Pulver.
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Ailleurs en Suisse, si le fauteuil d'Eva Herzog ne semble guère menacé à Bâle-Ville et si Daniel Jositsch devrait logiquement être reconduit à Zurich, les chances des socialistes sont très incertaines dans les autres cantons.
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Le PS veut une représentation équilibrée
Face à cette situation délicate, la direction du Parti socialiste demeure optimiste. Interrogé dans le 19h30, le vice-président du parti Samuel Bendahan juge que pour se maintenir ou prendre quelques sièges au Conseil des Etats, il faudra que son parti démontre à la population qu'il est important que la représentation soit équilibrée dans cette chambre.
Et d'ajouter: "Aujourd'hui, il y a très peu de forces de gauche et le résultat est que de très bons compromis trouvés au Conseil national, pour les rentes, pour le pouvoir d'achat, pour baisser les primes d'assurance maladie, ne passent pas la rampe au Conseil des Etats."
Selon le dernier baromètre SSR, le Parti socialiste est annoncé en progression de 1 point par rapport aux dernières élections fédérales, à 17,8%, mais, si elle se confirme, cette hausse concernera surtout le Conseil national et moins les Etats, où l'élection est davantage une élection de personne et où les alliances peuvent jouer un grand rôle. Et le fait que de larges alliances de droite soient en train de se former dans plusieurs cantons ne joue pas en faveur du PS.
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Pour le politologue Lukas Golder, le PS aura fort à faire pour défendre les sièges qu'il détient: "Le PS se polarise, il a plus de peine à présenter des personnalités rassembleuses, qui séduisent au-delà des rangs de gauche, ce qui lui permettait dans le passé de gagner ce genre d'élections."
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Frédéric Boillat