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S'allier à l'UDC n'est plus un tabou pour la droite

Augmentation des alliances avec l'UDC en vue des élection fédérales 2023: interview d’Alain Miserez
Augmentation des alliances avec l'UDC en vue des élection fédérales 2023: interview d’Alain Miserez / Forum / 6 min. / le 4 juillet 2023
A moins de quatre mois des élections fédérales, les unions se multiplient à la droite de l’échiquier politique. Dans plusieurs cantons, le PLR et parfois Le Centre s’associent généralement à l’UDC pour espérer obtenir un siège supplémentaire. Et cette année, la tendance est à la hausse.

En 2019, quatre sections cantonales du PLR et de l’UDC s’étaient associées. Vaud était le seul canton romand concerné, avec une alliance encore plus large, puisqu'elle comprenait aussi le PDC.

Aujourd’hui, de tels apparentements sont déjà scellés dans six cantons. D’autres devraient suivre, à l'instar de Genève où Le Centre a accepté il y a quelques jours de former une grande union de droite.

L'importance des apparentements

Le système électoral prévoit la possibilité d’apparentement. Le jour de l'élection, les partis, qui gardent chacun leur propre liste électorale, obtiennent un certain nombre de sièges, mais ce n’est jamais un chiffre rond.

L'apparentement permet de mettre les restes ensemble dans un "pot commun", en espérant que cela profite à l'une des listes apparentées pour remporter un siège supplémentaire.

>> Relire : Les apparentements, des stratégies politiques sous la loupe

Une étude sur les élections de 2015 a montré que 24 des 200 sièges du National ont été attribués grâce aux apparentements, dont huit rien que pour les socialistes.

Cela montre leur importance. D'ailleurs, à gauche, la question ne se pose pas ou peu. Le Parti socialiste et les Vert.e.s sont presque tout le temps apparentés, y compris avec l'extrême gauche quand elle existe.

Les apparentements avec l'UDC divisent

Il y a donc une logique arithmétique, les partis ne s’en cachent pas, chacun espère pouvoir en profiter. Mais il y a aussi un intérêt politique: renforcer un bloc permet d’affaiblir l'autre.

L’ancien président du PDC, Bertrand Buchs. [Keystone - Anthony Anex]
L’ancien président du PDC, Bertrand Buchs. [Keystone - Anthony Anex]

Mais s'apparenter à l’UDC fait débat à droite de l'échiquier politique. A Zurich par exemple, le PLR s’est déchiré sur la question. L’alliance avec l’UDC a été acceptée par les délégués à une voix près.

Certaines sections ont même vu des membres démissionner. C’est le cas notamment à Genève. L’ancien président du PDC, Bertrand Buchs, qui aurait même dû se présenter au National cet automne, s’est retiré de la liste et a démissionné avec effet immédiat du parti.

Différences entre alliance et apparentement

Dans sa lettre de démission, Bertrand Buchs emploie des mots forts. "Avez-vous tellement peur de la défaite pour céder aussi facilement à la panique?", demande l’ancien président, qui déplore qu'en un trait de plume "la sensibilité sociale du Centre" ait été remplacée par "le néant, le vent, l’opportunisme".

"Nous avons eu 12 démissions entre le deuxième tour des cantonales et cette décision d'apparentement. Et depuis la décision, nous avons eu une seule démission, celle de Bertrand Buchs", relativise Alain Miserez, membre du comité du Centre genevois dans l'émission Forum.

"Donc il faut remettre les choses dans leur contexte par rapport à ce qui est qualifié d'opportuniste", poursuit-il.

Un apparentement n'est pas une alliance, rappelle Alain Miserez. "La différence de l'alliance, ce qui a été fait pour le deuxième tour des élections cantonales, c'est qu'on avait un programme commun, une vision qui était censée durer sur les différentes années", explique-t-il.

"L'apparentement ne nous aliène absolument pas par rapport à notre politique et aux éléments que l'on veut mettre en avant", poursuit-il. "Nous avons des divergences extrêmement claires avec le MCG et l'UDC, notamment au niveau de l'immigration. On ne s'en cache pas et chacun va mener sa propre campagne", conclut le Genevois.

Sujet radio: Valentin Emery

Adaptation web: Emilie Délétroz

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