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Une Suisse à dix millions d'habitants, ça change quoi pour vous?

La population suisse est en train de passer le cap des neuf millions, trois ans plus tôt que prévu. Peut-être que vous vous sentez déjà à l’étroit: pénurie de logements, embouteillages, transports publics bondés aux heures de pointe. Préparez-vous! Selon les prévisions, on atteindra les dix millions d’ici dix à vingt ans.
Une Suisse à dix millions ça change quoi pour vous? [RTS]
Une Suisse à 10 millions ça change quoi pour vous? / Ça change quoi pour vous ? / 3 min. / le 7 juillet 2023

Le cap des dix millions d'habitants et habitantes en Suisse aura un impact sur les infrastructures, à commencer par les CFF. "On sera serré, pas comme des sardines mais serré. Dès le moment où on a une population très importante et une mobilité urbaine, on a un effet métro", anticipe le directeur général des CFF Vincent Ducrot.

Autre défi: l’école. Il va falloir prévoir des bâtiments pour ces nouveaux élèves et former des professeurs pour assurer leur éducation. Ce sont tout autant de nouvelles personnes qu'il va falloir loger. La solution est de densifier.

>> Lire aussi : La Suisse pourrait compter 10,4 millions d'habitants en 2050

La part de la migration

Si la population augmente, ce n’est pas à cause de la natalité, mais de la forte croissance migratoire. Entre janvier et juin 2022, l’immigration a augmenté de 21%, selon le Secrétariat aux migrations. C’est trop pour l’UDC qui planche sur une initiative pour limiter la population à dix millions d’ici 2050. "On a besoin de plus d'infrastructures et d'approvisionnement énergétique. Les loyers montent parce qu'il y a une immigration qui n'est pas contrôlée, qui n'est pas gérée. (...) Et la Suisse est un petit pays, elle ne peut pas se permettre d'arriver jusqu'à dix millions de personnes, même neuf millions", a alerté Marco Chiesa, président de l'UDC, dans le 19h30 du 8 janvier dernier.

>> Voir l'intégralité de ses propos :

En 2023, la Suisse devrait franchir le cap des 9 millions d'habitants. Une croissance démographique plus forte que nos voisins.
En 2023, la Suisse devrait franchir le cap des 9 millions d'habitants. Une croissance démographique plus forte que nos voisins. / 19h30 / 2 min. / le 8 janvier 2023

La population augmente et vieillit. Les bébés du baby-boom sont aujourd'hui à la retraite et en 50 ans, l'âge médian de la population est passé de 31 à plus de 40 ans.

Pourtant on manque de bras

La tendance de la population suisse à vouloir travailler à temps partiel rend l'immigration nécessaire pour garder notre prospérité.

Simon Wey, chef économiste de l’Union patronale suisse

Conséquence sur le marché du travail, la pénurie de main-d'oeuvre est plus importante que jamais. Pour l'Union patronale suisse, il ne peut pas y avoir pas de croissance économique sans immigration. "Je ne crois pas que ce soit le moment de dire stop. Bien sûr, il y a la croissance démographique, mais le fait que la population suisse a tendance à vouloir travailler à temps partiel a pour conséquence que nous avons besoin de l’immigration si nous voulons garder notre niveau de prospérité", déclarait le chef économiste de l’Union patronale suisse Simon Wey au 19h30 en janvier.

En particulier pour combler les trous à forte qualification, près de 60% des immigrés récents en Suisse ont un diplôme universitaire expliquait le démographe de l’Université de Genève Michel Oris en ce début d’année dans le 19h30. "Pour les postes qui exigent une formation de niveau médian, le système suisse est toujours très efficace avec la formation duale et on n’a pas besoin de beaucoup de migrants. Sur les petites mains c’est compliqué mais pour le moment le ratio coût de la vie/salaire ne fait pas de la Suisse un pays très attractif. "

>> Ecouter l'intégralité de son interview :

Croissance démographique en Suisse : les explications de Michel Oris, démographe à l'UNIGE.
Croissance démographique en Suisse : les explications de Michel Oris, démographe à l'UNIGE. / 19h30 / 4 min. / le 8 janvier 2023

Une répartition inégale entre les communes

Un autre enjeu pour le futur est de répartir ces populations équitablement sur le territoire pour éviter que certaines communes ne se vident tandis que d'autres explosent. Roche, dans le Chablais vaudois, connaît la plus forte croissance démographique romande. Sa population a augmenté de 96% entre 2010 et 2022, atteignant 1964 habitants.

"La population a quasiment doublé ces dix dernières années. Étant donné qu’on a beaucoup de grands appartements et beaucoup de villas, on a beaucoup de familles qui sont venues s’installer et cela crée un dynamisme pour la commune", s'est réjouie Aurélie Tulot, vice-syndique de Roche dans Couleurs Locales le 19 janvier.

>> Retrouver l'intégralité de ses propos :

Entretien avec Aurélie Tulot, vice-syndique de Roche
Entretien avec Aurélie Tulot, vice-syndique de Roche / Couleurs locales / 1 min. / le 9 janvier 2023

C'est tout le contraire dans la commune valaisanne de Finhaut, qui a perdu plus de 10% de sa population entre 2010 et 2022, année pendant laquelle elle n'en a plus compté que 255. Son président Andrea Ridolfi cherche à inciter les gens à venir s’installer: "Nous travaillons actuellement sur un règlement pour faciliter la venue des familles et avantager leur installation avec des subventions à l’achat et à la construction."

Même augmentée, la population suisse reste cependant une goutte d’eau à l’échelle planétaire. En 2050, elle s’inscrira, selon l’ONU, dans une population mondiale de près de dix milliards de personnes. La tendance serait à la baisse pour l’Europe qui passerait de 750 millions à 630 millions de personnes d’ici la fin du siècle.

Claire Burgy

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