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Les hommes représentent un tiers des victimes de violences conjugales

Les hommes sont aussi concernés par les violences domestiques. L'association Pharos leur vient en aide
Les hommes sont aussi concernés par les violences domestiques. L'association Pharos leur vient en aide / 19h30 / 3 min. / le 19 août 2023
"Je vivais dans la peur, j'ai même failli déménager", confie un homme victime de violences conjugales samedi dans le 19h30. Le sujet demeure tabou même si les hommes représentent un tiers des victimes en Suisse. Peur, honte et culpabilité les empêchent aussi souvent de chercher de l’aide.

En 2022, 11'388 victimes de violences domestiques ont été enregistrées par la police en Suisse. Même si les femmes restent les victimes principales, les hommes ne sont pas épargnés.

Selon l'Office fédéral de la statistique, ils seraient près d'un tiers du total à subir des violences conjugales à travers le pays.

Peu de victimes osent en parler à cause des clichés associés à la virilité dans notre société. Deux hommes ont cependant accepté de témoigner anonymement dans le 19h30.

Vivre dans la peur

Pour Léo*, les violences perpétrées par son ex-conjoint ont débuté après trois mois d'une relation passionnée. "Il y a eu un premier signe, deux épisodes qui m'ont montré un autre visage de cette personne", confie-t-il. Puis les insultes et les humiliations sont devenues fréquentes, jusqu'au jour où il a reçu un coup de la part de son compagnon. "Je n'arrivais plus à dormir, à me nourrir ou à travailler", poursuit-il.

Léo a décidé de mettre un terme à la relation et de porter plainte. "Je vivais dans la peur, j'ai même failli déménager pour garder mon anonymat." Aujourd'hui, il lui semble important de revenir sur son parcours: "Il faut visibiliser ce type de situations pour que les victimes n'aient plus peur et qu'elles osent suivre leur intuition", souhaite-t-il.

Entre pressions destructrices et chantage, Christian* a aussi subi des violences au sein de son couple, infligées pendant des années par son ex-compagne. Au moment de leur séparation, un engrenage s'est mis en place. "Ma première peur était par rapport aux enfants. Je n'ai pas pu les voir pendant plusieurs mois, sur seule décision de sa part. On se sent impuissant… J'étais terrifié de perdre le contrôle de la situation, de ne plus jamais les revoir", explique-t-il.

Renoncer à répondre à la violence par la violence est toutefois la première étape pour Christian. "Elle ne voulait pas que je sois autonome, que je puisse vivre sans elle. Il fallait absolument garder un lien, même si ce lien était destructeur", ajoute-t-il.

Demander de l'aide

Christian a cherché de l'aide et en a trouvé au sein de l'association Pharos, l'une des rares structures en Suisse à être spécialisé dans l'accueil des hommes victimes de violences conjugales. En 2022, Pharos a accueilli 210 nouvelles victimes, un chiffre en augmentation, selon son directeur Serge Guinot.

Hébergement d'urgence, écoute des victimes ou aide psychologique, l'association répond à plusieurs besoins. "Le plus dur est d'oser faire le premier pas. Ils ont besoin d'être entendus et d'être crus", explique Serge Guinot. "Avant de démarrer un travail psychologique, les victimes ont besoin d'accompagnement, de conseils. Savoir par exemple comment va se dérouler la garde des enfants ou s'il y a des démarches juridiques à entreprendre", détaille-t-il.

Cet accueil se veut une porte d'entrée dans laquelle les hommes peuvent se reconnaître, car admettre son statut de victime reste encore tabou. "J'ai décidé de témoigner pour ne plus avoir honte. C'est celui qui exerce son emprise qui doit être mis en lumière, afin que la spirale de la violence cesse", conclut Christian.

**Prénoms d'emprunt

Sujet TV: Céline Brichet

Adaptation web: saje

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