L'exploitant agricole de l'alpage des Cernets-Dessous, situé sur la commune de Bullet (VD), calcule tous les matins la quantité d'eau contenue dans ses citernes. Le manque de précipitation, tout comme la bise, expliquent la baisse drastique de ses réserves, utilisées quotidiennement pour abreuver ses 80 génisses.
L'été passé, Eric Guillet a précisé avoir du faire charrier de l'eau de mi-juillet jusqu'à fin août. Si les indicateurs semblent plus stables cette année, la vague de chaleur prévue risque de porter encore atteinte aux réserves.
Dispositif de ravitaillement "très léger"
En cas de sécheresse prolongée, Frédéric Brand, chef du Service de l’agriculture et de la viticulture à l'Etat de Vaud, a présenté au 19h30 de la RTS le dispositif "très léger" mis en place cette année, soit "uniquement cinq points de pompages, trois dans le Jura et deux dans les Alpes".
Les agriculteurs et agricultrices doivent donc se déplacer pour se ravitailler, dans l'objectif de les rendre plus autonomes. Le responsable de l'opération est satisfait, puisque deux tiers des exploitants venus chercher de l'eau ont procédé à des investissements sur leurs exploitations.
C'est le cas d'Eric Guillet qui a lancé un projet de nouvelle citerne cette année. Coût de l'opération: 50'000 francs, pris en charge à 70% par des fonds de la Confédération et du Canton de Vaud.
Adaptations de l'agriculture
Le président du comité de Prométerre, une association réunissant 3500 agriculteurs vaudois, a indiqué au 19h30 que de nombreuses adaptations sont mises en place dans l'agriculture pour faire face au manque de précipitations et aux gels tardifs, avec l'exploitation de variétés résistantes au stress hydrique ou aux pics de chaleur.
Ces nouvelles cultures demandent toutefois entre "douze et quinze ans de travail avec les stations de recherche" pour être mises en place, a précisé Claude Baehler. D'autres solutions, comme la diversification ou la rotation de cultures, existent également.
Pour "maintenir le contenu de notre assiette", il est "extrêmement important de pouvoir arroser les cultures vivrières", comme la pomme de terre et le maïs, a indiqué le responsable. En termes d'irrigation, il préconise de puiser l'eau des lacs afin d'éviter l'étiage des rivières et appelle à éviter le gaspillage, tout en se positionnant contre la diminution du nombre d'animaux d'élevage.
Reportage TV: Maude Richon
Adaptation web: edel/mera avec ats
Les fermes devront réduire leur consommation d'eau dans le futur
Face au changement climatique, la consommation d'eau doit être réduite sur les exploitations agricoles suisses, selon le directeur de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) Christian Hofer. Il appelle dans la presse à investir dans les systèmes d'irrigation intelligents.
Les investissements dans cette technologie seront multipliés par quatre d'ici dix ans, assure-t-il samedi dans les titres alémaniques du groupe Tamedia.
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La Confédération a jusqu'à présent investi deux à trois millions de francs par année, sans compter les contributions des cantons et des exploitations agricoles. Chacun de ces acteurs prend en charge un tiers des coûts.
Mieux gérer les stocks
Christian Hofer voit aussi des solutions dans les cultures d'hiver, qui pourraient être plus nombreuses. Ces pistes sont à prendre au sérieux, l'eau étant essentielle pour la sécurité alimentaire, menacée par les changements climatiques. "On ne peut pas décider que parce que nous manquons d'eau, l'agriculture se débrouille avec autre chose", déclare-t-il.
"Nous devons, en complément, stocker davantage d'eau", ajoute le directeur de l'OFAG. Une tâche délicate, la Suisse ne disposant pas d'énormes surfaces pour les bassins de rétention. La gestion de l'eau doit être accrue pour éviter les conflits d'utilisation, précise-t-il.
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