Une affiche du PLR pour les fédérales relance la question de l'intelligence artificielle en politique
L'image est complétée par un slogan, "innover plutôt que bloquer". Pour le conseiller national Philippe Nantermod, interrogé dans le 19h30 de la RTS dimanche, cette affiche est "fair play", puisqu'elle représenterait une situation "qui arrive toutes les semaines en Suisse".
L'élu valaisan a notamment comparé l'usage de l'intelligence artificielle avec celle du photomontage, qui a "toujours existé" pour les campagnes électorales.
Invité dans l'émission Forum de la RTS samedi soir, Arnaud Bonvin, le chef de communication du PLR Suisse, a souligné la communication transparente de son parti sur l'usage de l'intelligence artificielle. De plus, un travail a également été réalisé auprès d'une agence pour réaliser cette affiche.
Accusations de "désinformation"
La Jeunesse socialiste suisse a répondu à ce visuel avec la création d'une image dans l'idée de "renvoyer un miroir de l'utilisation de l'intelligence artificielle sans considération", a expliqué son vice-secrétaire, Lucien Schwed, au 19h30 de la RTS.
La JS Suisse condamne cette "désinformation", puisque l'affiche, crédible, "représente une scène qui n'a pas eu lieu". Le PLR est donc "en train d'alimenter une haine envers les militants pour le climat", a estimé le jeune socialiste.
Légitimer l'usage de l'intelligence artificielle
De son côté, le photojournaliste basé à Genève Niels Ackermann, n'a pas critiqué "le contenu en lui-même", mais l'usage de l'intelligence artificielle. En effet, le cerveau est conditionné à considérer une photographie comme "quelque chose de réel".
Cette affiche légitime donc la génération artificielle de photo "si on n'a rien dans la réalité pour sous-tendre le message", a-t-il déclaré samedi au micro de l'émission Forum.
Niels Ackermann a également considéré que le blocage d'une ambulance par des activistes du climat ne pourrait exister, car ce serait "absolument fatal à leur action".
Manipulation réfutée
Arnaud Bonvin, quant à lui, a réfuté l'idée de manipulation, puisque la thématique du blocage des routes existe et constitue une "source d'agacement" auprès de l'électorat, selon le baromètre publié par la SSR. Le PLR défend également un usage "conscient" de la technologie, puisqu'il s'agit d'une "mise en scène" sans "personnes réelles".
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Le président des Vert.e.s, Balthasar Glättli, avait appelé début juin les différents partis à signer un code d'honneur pour limiter l'utilisation de l'intelligence artificielle, afin d'éviter notamment le renforcement de la discrimination ou la divulgation des fausses informations.
On reproche souvent aux partis d'avoir trois, quatre, cinq coups de retard sur l'utilisation des nouveaux moyens de communication
Le responsable de la communication du PLR reconnaît des "discussions à l'interne" sur les limites à fixer sur l'usage de cette technologie, mais a souligné qu'il est souvent reproché "aux partis d'avoir trois, quatre, cinq coups de retard sur l'utilisation des nouveaux moyens de communication. Aujourd'hui, on est actuellement en phase".
Une "américanisation" des campagnes
A droite comme à gauche du spectre politique, ce n'est pas la première fois que des visuels de campagne électorale déforment la réalité. Cet épisode pourrait néanmoins marquer un tournant.
Pascal Sciarini, politologue et professeur en science politique à l'Université de Genève, a déclaré dimanche au 19h30 que l'usage de moyens "proches de l'américanisation des campagnes" par un parti "en principe relativement modéré" représente un "signe de plus de la polarisation de la politique suisse".
A moins de quatre mois des élections fédérales, le discours politique risque encore de se durcir.
Propos recueillis par Renaud Malik
Reportage TV: Fanny Zürcher
Adaptation web: Mérande Gutfreund