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Une affiche du PLR pour les fédérales relance la question de l'intelligence artificielle en politique

Des affiches électorales du PLR font polémique. Créées par l'IA, elles mettent en cause les militants du climat.
Des affiches électorales du PLR font polémique. Créées par l'IA, elles mettent en cause les militants du climat. / 19h30 / 2 min. / le 9 juillet 2023
Le PLR a dévoilé cette semaine quatre affiches de campagne pour les élections fédérales. L'une d'elles, générée par intelligence artificielle, représente des activistes du climat bloquant le trafic routier, dont une ambulance. Cette scène, qui n'a donc jamais existé, a créé la polémique.

L'image est complétée par un slogan, "innover plutôt que bloquer". Pour le conseiller national Philippe Nantermod, interrogé dans le 19h30 de la RTS dimanche, cette affiche est "fair play", puisqu'elle représenterait une situation "qui arrive toutes les semaines en Suisse".

L'élu valaisan a notamment comparé l'usage de l'intelligence artificielle avec celle du photomontage, qui a "toujours existé" pour les campagnes électorales.

Invité dans l'émission Forum de la RTS samedi soir, Arnaud Bonvin, le chef de communication du PLR Suisse, a souligné la communication transparente de son parti sur l'usage de l'intelligence artificielle. De plus, un travail a également été réalisé auprès d'une agence pour réaliser cette affiche.

Accusations de "désinformation"

La Jeunesse socialiste suisse a répondu à ce visuel avec la création d'une image dans l'idée de "renvoyer un miroir de l'utilisation de l'intelligence artificielle sans considération", a expliqué son vice-secrétaire, Lucien Schwed, au 19h30 de la RTS.

L'affiche générée artificiellement par la Jeunesse socialiste suisse. [JS Suisse]
L'affiche générée artificiellement par la Jeunesse socialiste suisse. [JS Suisse]

La JS Suisse condamne cette "désinformation", puisque l'affiche, crédible, "représente une scène qui n'a pas eu lieu". Le PLR est donc "en train d'alimenter une haine envers les militants pour le climat", a estimé le jeune socialiste.

Légitimer l'usage de l'intelligence artificielle

De son côté, le photojournaliste basé à Genève Niels Ackermann, n'a pas critiqué "le contenu en lui-même", mais l'usage de l'intelligence artificielle. En effet, le cerveau est conditionné à considérer une photographie comme "quelque chose de réel".

Cette affiche légitime donc la génération artificielle de photo "si on n'a rien dans la réalité pour sous-tendre le message", a-t-il déclaré samedi au micro de l'émission Forum.

Niels Ackermann a également considéré que le blocage d'une ambulance par des activistes du climat ne pourrait exister, car ce serait "absolument fatal à leur action".

>> Ecouter aussi le débat dans Forum :

Une affiche du PLR pour les élections fédérales 2023 générée par une IA crée la polémique. [Keystone/FDP/Str]Keystone/FDP/Str
L'IA s'invite dans la campagne pour les élections fédérales: débat entre Arnaud Bonvin et Niels Ackermann / Forum / 8 min. / le 8 juillet 2023

Manipulation réfutée

Arnaud Bonvin, quant à lui, a réfuté l'idée de manipulation, puisque la thématique du blocage des routes existe et constitue une "source d'agacement" auprès de l'électorat, selon le baromètre publié par la SSR. Le PLR défend également un usage "conscient" de la technologie, puisqu'il s'agit d'une "mise en scène" sans "personnes réelles".

>> Lire aussi : Baromètre électoral: l'UDC progresse, le PLR trébuche et les Verts chutent

Le président des Vert.e.s, Balthasar Glättli, avait appelé début juin les différents partis à signer un code d'honneur pour limiter l'utilisation de l'intelligence artificielle, afin d'éviter notamment le renforcement de la discrimination ou la divulgation des fausses informations.

On reproche souvent aux partis d'avoir trois, quatre, cinq coups de retard sur l'utilisation des nouveaux moyens de communication

Arnaud Bonvin

Le responsable de la communication du PLR reconnaît des "discussions à l'interne" sur les limites à fixer sur l'usage de cette technologie, mais a souligné qu'il est souvent reproché "aux partis d'avoir trois, quatre, cinq coups de retard sur l'utilisation des nouveaux moyens de communication. Aujourd'hui, on est actuellement en phase".

Une "américanisation" des campagnes

A droite comme à gauche du spectre politique, ce n'est pas la première fois que des visuels de campagne électorale déforment la réalité. Cet épisode pourrait néanmoins marquer un tournant.

Pascal Sciarini, politologue et professeur en science politique à l'Université de Genève, a déclaré dimanche au 19h30 que l'usage de moyens "proches de l'américanisation des campagnes" par un parti "en principe relativement modéré" représente un "signe de plus de la polarisation de la politique suisse".

A moins de quatre mois des élections fédérales, le discours politique risque encore de se durcir.

Propos recueillis par Renaud Malik

Reportage TV: Fanny Zürcher

Adaptation web: Mérande Gutfreund

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