Les nouvelles règles sur la déforestation de l'UE menacent l'exportation du chocolat suisse
L'industrie du chocolat suisse s'inquiète de l'avenir de ses exportations vers l'Union Européenne (UE), rapporte lundi un article du Blick. Car le premier marché d'exportation des chocolatiers helvétiques vient de se doter de nouvelles règles sur la déforestation.
Cette nouvelle législation symbolise la situation particulière de la Suisse face à son grand voisin. Faut-il réglementer l'importation sur les matières premières lorsqu'elles contribuent au fléau de la déforestation? Le Parlement suisse en a longuement débattu, récemment encore, il a choisi de miser sur la responsabilité des entreprises.
Cet hiver, parallèlement, les Etats membres de l'UE ont quant à eux choisi une autre voie en interdisant les produits provenant de la déforestation. A l'avenir, l'UE exige une géolocalisation des matières premières en temps réel. Les importateurs doivent donc retracer l'ensemble du processus de transformation, ceci jusqu'à la ferme de production du cacao.
Le chocolat au coeur des négociations entre Berne et Bruxelles
Le secteur exporte les trois quarts de ses produits finis et en grande partie vers l'Europe. Pour éviter les contraintes administratives et pour ne perdre aucune part de marché, la faîtière Chocosuisse demande une adaptation totale et rapide des règles du pays.
Selon Urs Furrer, directeur de ChocoSuisse, même si la Suisse n'a pas pris les devants, notamment en rejetant en 2020 l'invitative "pour des entreprises responsables", il n'y a aucun regret à avoir. "Indépendamment des régulations européennes, dans ce domaine, il faut se rappeler tous les efforts faits par l'industrie suisse. Nous espérons qu'ils seront reconnus", explique-t-il mardi dans La Matinale.
Pour l'instant, les producteurs chocolatiers peuvent rester sereins puisqu'en matière de traçage et de durabilité, leur secteur est l'un des plus avancés. Selon la conseillère aux Etats Céline Vara, il est donc important que les chocolatiers puissent poursuivre d'exporter leurs produits. Reste que le défrichement des forêts tropicales représente 15% des émissions de gaz à effet de serre, les dangers sont donc réels. "La Suisse doit saisir cette opportunité pour s'aligner rapidement" insiste la Verte neuchâteloise.
Le délai de 18 mois fixé par l'UE est court, jusqu'ici, le Conseil fédéral a préféré attendre la mise en oeuvre des autres membres de l'UE. Comme d'autres domaines, le chocolat suisse, pourrait se retrouver pris en otage dans des négociations institutionnelles entre Berne et Bruxelles.
>> Lire aussi : L'UE interdit l'importation de produits issus de la déforestation
Sujet radio: Etienne Kocher
Adaptation web: Miroslav Mares