"Aujourd'hui, la devise doit être Switzerland first", a lancé le conseiller national zurichois Thomas Matter, sur des airs de Donald Trump, à l'occasion du lancement de la campagne électorale à Küssnacht (SZ) le 1er juillet.
Bien que l'UDC soit restée le parti le plus fort sous la Coupole il y a quatre ans, avec 25,6% des suffrages, elle entend reconquérir les douze sièges perdus au Conseil national.
Capter le mécontentement ambiant
Le parti aux accents populistes sait comme aucun autre capter le mécontentement ambiant. Ainsi, durant la crise du coronavirus, il s'est affiché avec son ancien conseiller fédéral Ueli Maurer aux côtés des "Freiheitstrychler" et des opposants aux mesures de la Confédération pour lutter contre la pandémie. Avec un certain succès au vu des 40% qui ont par trois fois dit non à la loi Covid-19.
Aujourd'hui, l'UDC saisit de nouveau la hausse des demandes d'asile pour se démarquer. Le parti fustige les nouveaux arrivants dans le pays, estimant qu'il s'agit de fauteurs de troubles, de profiteurs de la place économique suisse et de générateurs de coûts en milliards.
Avec l'aide du PLR et du Centre, il a récemment infligé une cuisante défaite à la nouvelle conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider (PS) en lui refusant un crédit pour des conteneurs temporaires prévus pour l'asile. La Jurassienne est devenue son véritable bouc émissaire, jugée incapable de mettre fin au "chaos de l'asile".
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La guerre en Ukraine a aussi permis à l'UDC de rappeler à l'envi son attachement inconditionnel à la neutralité, un thème cher à bon nombre de Suisses. Le parti a certes condamné l'agression russe, mais plusieurs de ses membres se sont montrés bienveillants à l'égard du Kremlin.
En désertant le Parlement durant l'allocution vidéo du président ukrainien Volodymyr Zelensky en marge de la session d'été, le parti s'est aussi distingué des autres. Une façon d'exprimer le ras-le-bol des sanctions, de leurs effets et de l'arrivée des réfugiés ukrainiens, relevait dans Le Temps le politologue Oscar Mazzoleni.
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Il en est allé de même de la débâcle de Credit Suisse, un des plus gros scandales de ces quinze dernières années. Le parti a critiqué au plus fort de la crise la pratique des bonus extravagants ou la gestion hasardeuse des managers. Pourtant, Ueli Maurer n'a jamais voulu d'un durcissement des règles dans le secteur bancaire.
Un baromètre qui confirme la bonne forme du parti
Ces éléments n'ont pas eu de conséquences dans les urnes: quinze jours seulement après le rachat forcé de la deuxième banque suisse, l'UDC affichait des gains spectaculaires aux élections cantonales: +4 sièges à Genève, +5 dans le canton de Lucerne, +2 au Tessin.
Sur toute la législature, il est même le seul des partis gouvernementaux à avoir engrangé des gains lors des élections cantonales, soit 10 sièges pour 554 au total.
Et le dernier baromètre électoral dévoilé début juillet confirme sa bonne forme du moment, avec une progression de 1,5 point de pourcentage à 27,1%, lui permettant de rester largement le premier parti de Suisse, loin devant le PS (17,8%), le PLR (14,6%), Le Centre (14,3%) et Les Verts (10,2%).
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Un bilan contrasté
Au bilan, l'UDC ne peut cependant pas faire valoir de grandes réussites. Depuis le début des années 2000, cette formation gagne de moins en moins de votations en comparaison avec la gauche.
En 2020, son initiative de limitation qui exigeait un délai d'une année pour mettre fin à la libre circulation avec nos voisins a été rejetée par 62% des citoyens. Quant à l'initiative demandant l'interdiction de se dissimuler le visage, acceptée en 2021, elle a eu beaucoup moins d'écho que celle sur les minarets en 2009.
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En revanche, l'UDC pourrait convaincre de larges franges d'électeurs avec son initiative "200 francs, ça suffit" sur la redevance radio et télévision. Tout comme avec sa dernière initiative qui s'oppose à une Suisse à 10 millions d'habitants.
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Le texte, dont le lancement a été opportunément avancé avant l'échéance des fédérales, vise à résilier l'accord de la libre circulation avec l'UE, le super-voisin dépeint comme l'éternel épouvantail de la Suisse.
miro avec ats