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Fédérales 2023: le PLR veut sécuriser ses deux sièges au Conseil fédéral

Le président du PLR Thierry Burkart, entouré des conseillers fédéraux Ignazio Cassis et Karin Keller-Sutter. [Keystone - Michael Buholzer]
Le président du PLR Thierry Burkart, entouré des conseillers fédéraux Ignazio Cassis et Karin Keller-Sutter. - [Keystone - Michael Buholzer]
Le PLR veut ravir au PS la place de dauphin de l'UDC lors des élections fédérales d'octobre. Le parti réaffirme ses fondamentaux libéraux et a musclé son discours sur l'asile. Mais la partie s'annonce serrée et un de ses deux sièges au Conseil fédéral pourrait vaciller.

Le PLR a lancé en juillet sa campagne en s'affichant comme le parti de l'innovation. Pour la première fois lors d'élections nationales, une des affiches utilisées a été créée à l'aide de l'intelligence artificielle.

L'affiche cible expressément les activistes climatiques qui se collent la main à l'asphalte, sujet d'agacement dans les médias et sur les réseaux sociaux. Le fait que cette affiche soit un "fake" (les activistes en question bloquent une ambulance) n'a pas manqué de susciter la critique.

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La votation sur le climat de juin a cependant montré que le PLR peut défendre avec succès des positions écologiques modérées. Désormais, plus question d'interdictions, de taxes climatiques et d'économies imposées aux gens et aux entreprises, liste le parti dans ses priorités.

La décarbonation, nécessaire, doit passer par l'innovation technologique et l'incitation par les prix. Ce qui ne doit pas exclure l'énergie nucléaire, selon certains libéraux-radicaux, qui n'en font plus un tabou.

Ordre et sécurité

Le PLR se profile ainsi comme le parti du pragmatisme et de l'ordre. La sécurité de l'approvisionnement énergétique est une priorité. Une hausse des moyens pour l'armée est défendue. La réexportation de matériel de guerre vers l'Ukraine sous conditions aussi, dans l'idée de renforcer la place de la Suisse au sein de l'architecture sécuritaire qui se met en place au niveau européen.

Cela se reflète aussi dans ses positions sur l'asile, thème revenu sur le devant de la scène avec les chiffres élevés de l'immigration et le débat sur les centres d'accueil. Derrière l'UDC qui matraque l'opinion à ce sujet, le PLR a récemment déposé ou soutenu plusieurs durcissements sur l'asile.

Au Conseil des Etats, le parti a ainsi voté la décision de suspendre le programme onusien de réinstallation des réfugiés vulnérables. Et le sénateur lucernois Damian Müller a présenté avec succès une motion demandant que les requérants d'asile érythréens déboutés puissent être renvoyés dans un pays tiers, sur le modèle controversé envisagé par la Grande-Bretagne.

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Rigueur budgétaire

Pour le reste, le parti décline ses fondamentaux libéraux et cela pourrait convaincre en temps de crise: rigueur budgétaire, baisse de la fiscalité pour les personnes et les entreprises, moins de bureaucratie. Sur la question sensible des primes maladie, le parti a lancé l'idée d'une option "low cost" à moindre confort afin de faire baisser les coûts.

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Le PLR aura plus de mal à convaincre hors de sa base sur la problématique des retraites. La réforme AVS21, qui a relevé l'âge de retraite des femmes, est passée d'un cheveu. La partie sera bien plus difficile sur le 2e pilier, le référendum de la gauche ayant fait un tabac. Mais le peuple ne se prononcera qu'après les élections fédérales.

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Un enjeu historique

Les récents sondages le montrent, le PLR risque pour les élections au Conseil national de stagner, voire de reculer. On ne peut plus exclure que le Centre, requinqué par la fusion avec le PBD, vienne lui disputer la troisième place.

Le PLR reste une force dominante dans les cantons et au Conseil des Etats. Mais depuis 1995, il décline lentement lors des élections au National, exception faite d'un léger sursaut en 2015.

L'enjeu des élections est aussi, à terme, la défense de son deuxième siège au Conseil fédéral, garanti par la "formule magique" instaurée en 1959 (2 sièges pour les 3 premiers partis, 1 pour le quatrième).

>> Voir aussi le sujet du 19h30 sur le baromètre électoral :

Baromètre électoral: Le parti du Centre serait en passe de devancer le PLR sur l’échiquier politique
Baromètre électoral: Le parti du Centre serait en passe de devancer le PLR sur l’échiquier politique / 19h30 / 2 min. / le 5 juillet 2023

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Dégât d'image?

L'affaire Credit Suisse pourrait aussi laisser des traces. La gestion de cette crise irrite une majorité de Suissesses et de Suisses, tous partis confondus, d'après les enquêtes d'opinion.

Au sein du gouvernement et du Parlement, les membres du PLR, au premier rang desquels leur ministre Karin Keller-Sutter qui a repris le dossier peu après son arrivée aux Finances, ont longtemps refusé de serrer la vis en matière de régulation bancaire.

jfe avec ats

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