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Les partis n'ont toujours pas ratifié la charte éthique sur l'intelligence artificielle

La charte veut garantir la transparence en cas d'utilisation de l'intelligence artificielle lors de la campagne en vue des élections fédérales. [Keystone]
La charte éthique pour l’utilisation de l’Intelligence artificielle toujours en consultation / La Matinale / 2 min. / le 13 juillet 2023
La charte de bonne conduite sur l'intelligence artificielle proposée par le président des Verts aux autres partis peine à faire son chemin. Balthasar Glättli espérait une ratification durant la session parlementaire d'été qui s'est terminée à la mi-juin. Or, un mois plus tard, rien n’a été signé, a appris la RTS jeudi.

Le président des Verts l’avait envoyée il y a quelques semaines à tous ses homologues de l'UDC, du PS, du PLR, du Centre, des Vert’libéraux et du Parti évangélique.

Actuellement, elle est toujours en consultation, indique Balthasar Glättli, sans donner davantage de précisions. Difficile donc à ce stade de savoir pourquoi cet examen dure aussi longtemps.

Transparence et fair-play

La charte que la RTS s'est procurée met en avant deux principes de base. Premièrement celui de la transparence où les partis s’engagent à informer le public lorsqu’un contenu est généré par l’intelligence artificielle.

Deuxièmement, ils doivent promettre de ne pas utiliser l’IA pour mener des "campagnes négatives". Une condition relativement floue, qui concerne par exemple les attaques personnelles contre des candidats et candidates aux élections fédérales, ou le dénigrement d'un autre parti.

Opposition et réserves

Après un sondage auprès des formations concernées, l'accueil du texte est globalement positif. Seule l'UDC n’a pas répondu à l’appel des Verts. Et elle ne compte pas entrer en matière, selon son président. Marco Chiesa estime qu’une charte éthique autour de l’IA n’est "pas une priorité".

Les autres camps disent soutenir le projet, tout en émettant quelques réserves. Le PS aurait souhaité des règles plus strictes et regrette que l’initiative arrive aussi tard. Le vice-président Samuel Bendahan rappelle que beaucoup de partis ont déjà préparé leurs visuels de campagne.

Quant aux Vert’libéraux et au Centre, ils mettent surtout l’accent sur la transparence et l’importance d’indiquer clairement lorsqu’un contenu a été généré artificiellement.

De son côté, le PLR a communiqué ses modifications aux Verts. Il se dit en faveur de la transparence, c'est donc la notion de "campagne négative" qu'il semble remettre en question.

Mais, dans l'ensemble, il soutient la démarche et veut même l'étendre au-delà des élections fédérales d’octobre pour en faire un code de conduite général.

Compatibilité de l'affiche PLR en question

Le PLR a créé la polémique en publiant la semaine dernière une affiche sur les réseaux sociaux. Celle-ci a été générée par l’IA et représente des activistes du climat bloquant le trafic… dont une ambulance.

Cette image est-elle compatible avec la charte? Oui, répond le PLR. Les Verts, eux, pour l'heure, ne se sont pas prononcés clairement sur la compatibilité de cette affiche avec leur règlement.

>> Lire : Une affiche du PLR pour les fédérales relance la question de l'intelligence artificielle en politique

Mathieu Henderson

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Une charte efficace?

La charte éthique de Balthasar Glättli vise à éviter les campagnes de désinformation. Or, celle-ci manque sa cible, selon Olivier Kennedy, fondateur de l'agence de communication Enigma:

"L'intelligence artificielle n'est qu'un outil. Donc si elle est utilisée pour illustrer un propos, pour forcer le trait ou pour faire comprendre une idée, il n'y a absolument aucun problème. En revanche, ça le devient lorsque c'est utilisé pour mentir. Mais dans ce cas-là, ce n'est pas l'IA le souci, c'est le fait de faire une campagne avec des 'fake news' et des mensonges."

Olivier Kennedy, patron de l’agence de communication genevoise Enigma. [RTS]RTS
Olivier Kennedy: la charte éthique pour l’utilisation de l'IA se trompe de cible / La Matinale / 36 sec. / le 13 juillet 2023

L'impact de l'IA face à de simples dessins?

Les risques de dérive sont-ils plus importants avec des images générées par l'intelligence artificielle? Pas forcément, répond l'expert en marketing politique:

"Pour faire passer une idée, il faut un concept publicitaire, un message. L'IA permet de générer ce concept visuel. Mais il y a plusieurs autres options: on peut utiliser un photomontage ou organiser une séance photo."

Un simple dessin peut avoir tout autant d'impact, relève Olivier Kennedy: "L'affiche politique la plus connue en Suisse est celle avec le mouton noir (placardée par l'UDC en 2007, lors de sa campagne controversée contre la criminalité étrangère, ndlr), or celle-ci est un dessin au crayon. Il existe par ailleurs des publicités avec trois mots écrits en noir sur fond blanc qui sont plus fortes que mille images générées par l'IA".

Olivier Kennedy, patron de l’agence de communication genevoise Enigma.
La charte éthique pour l’utilisation de l'IA toujours en consultation: interview d'Olivier Kennedy / La Matinale / 1 min. / le 13 juillet 2023