L'obligation de récupérer l'eau de pluie pour certains usages fait son chemin à Berne
"L'eau de pluie récoltée nous sert pour les toilettes, laver le linge et arroser les plantes", explique au micro de La Matinale Béatrice Eggertswyler. Elle et son mari ont fait le choix de lutter contre le gaspillage de l'eau en installant sous leur pelouse, dans la commune fribourgeoise de Guin, une citerne de 8000 litres destinée à récupérer l'or bleu tombé du ciel.
Un dispositif de contrôle se trouve à la cave. Des compteurs enregistrent chaque litre utilisé. Depuis deux ans qu'ils vivent ici, ils ont ainsi utilisé environ 65'000 litres d'eau en tout, dont 50'000 litres d'eau de pluie. "Et il y a un capteur qui fait que dès qu'il n'y a plus assez d'eau, notamment en cas de sécheresse, ça va automatiquement changer. Et c'est de l'eau courante qui va alors passer dans le système", poursuit-elle.
Pour l'heure peu de gens en Suisse possèdent un tel système. Mais les choses pourraient bientôt changer. Les Verts ont en effet récemment déposé une motion pour rendre obligatoire l'utilisation de l'eau de pluie pour certains usages comme l'arrosage ou les toilettes.
140 litres d'eau par personne consommée chaque jour
Delphine Klopfenstein, conseillère nationale Verte genevoise, défend cette idée. "En moyenne, en Suisse, une personne consomme 140 litres d'eau potable par jour. Et seulement un litre est destiné à être bu", déplore-t-elle. "Donc ça montre qu'il y a beaucoup d'usages qui ne nécessiteraient pas une qualité d'eau aussi bonne que l'eau potable pour l'arrosage ou les toilettes par exemple."
Pour elle, il faut donc que la loi sur la protection des eaux soit corrigée de manière à faire en sorte que la récupération des eaux de pluie soit systématique et obligatoire avec des usages qui soient définis.
Je crois que l'élément principal c'est d'apprendre aux gens à moins gaspiller l'eau
Mais le conseiller national UDC fribourgeois Pierre-André Page n'est pas de cet avis. Il estime que l'économie de l'eau doit passer par l'éducation.
"Je pense que c'est une mauvaise idée de mettre encore des obligations supplémentaires dans une loi. Je crois que l'élément principal c'est d'apprendre aux gens à moins la gaspiller."
Davantage écologique que financier
Du côté de la famille Eggertswyler, on reste convaincu d'avoir pris la bonne décision, même si ce système de récupération d'eau de pluie est davantage écologique que financier. "Le système coûte autour des 15'000-16'000 francs, et l'eau normale n'est vraiment pas chère. Donc on entrera jamais dans nos frais", souligne la mère de famille.
Sans compter que l'eau peut parfois devenir jaunâtre avec le pollen, ce qui n'est pas sans poser de problème à son mari. "Il a des allergies aux pollens, donc c'est exclu de laver les draps de lit avec cette eau. On lave toujours avec de l'eau courante", continue Béatrice Eggertswyler. Mais pas de quoi regretter leur décision. "Vraiment, c'est incroyable qu'on puisse faire ça. Je conseille à tout le monde de faire pareil."
Mathieu Henderson/fgn