Selon Monsieur Prix, les cantons sont responsables de la hausse des coûts de la santé
Les gouvernements cantonaux sont censés empêcher la hausse des coûts de la santé, mais ils n'ont pas intérêt à le faire. Cette situation agace Stefan Meierhans, le surveillant des prix.
Selon lui, les cantons occupent un double rôle. D’un côté, ils jouent le rôle d’arbitre en cas de désaccord entre les assurances maladie et les hôpitaux sur le prix d'une prestation. Ils peuvent donc fixer les montants des prestations
Mais de l'autre côté, les cantons sont aussi des propriétaires d'hôpitaux. Ces institutions ont intérêt à gagner un maximum d’argent pour assumer leurs frais. Donc si les prestations hospitalières coûtent cher, c'est à leur avantage.
Les cantons fixent ainsi le prix d’un produit qu’ils mettent eux-mêmes en vente.
Des recommandations peu suivies
Néanmoins, les cantons ne peuvent pas fixer leurs tarifs sans aucune contrainte. Ils doivent consulter le Surveillant des prix qui analyse les données en matière de coût, les compare et émet des recommandations. Mais selon lui, ses recommandations ne sont pas assez suivies. Les cantons ont tendance à privilégier leur rôle de propriétaires d'hôpitaux par rapport à celui d'arbitres des tarifs.
Dernier exemple, lourd de conséquences, ce printemps, contre l'avis du ministre de la Santé Alain Berset, les cantons ont décidé de soutenir une hausse des tarifs hospitaliers de 5%.
Le but est de donner un peu plus d'air aux hôpitaux, mais c'est sans compter sur les répercussions sur les hausses des primes maladie. Car les traitements hospitaliers sont le facteur de coûts qui pèse le plus lourd dans la santé. Quand ils augmentent, il est difficile de ne pas les répercuter.
>> Lire aussi : Les cantons soutiennent la hausse des tarifs de 5% demandée par les hôpitaux
Les multiples rôles des cantons
Invité mardi dans l'émission de Forum, Jacques Gerber, ministre de la Santé dans le canton du Jura, assure que "les cantons ont tout intérêt à ce que les coûts hospitaliers soient les plus bas possibles". En effet, les cantons doivent prendre en charge le 55% des frais hospitaliers, seul le 45% étant pris en charge par l'assureur-maladie.
"Nous avons également une tâche qui nous est dédiée par la Confédération de répondre aux besoins de notre population au travers des listes hospitalières", par conséquent les rôles des cantons sont multiples, affirme le ministre jurassien.
Selon lui, pour réduire les coûts, "il ne sert à rien de focaliser sur un aspect du problème". Au niveau suisse, il serait plutôt nécessaire de revoir totalement le système de santé. "Il faudrait réfléchir davantage en régions sanitaires qui pourraient s'articuler autour des hôpitaux universitaires notamment", déclare-t-il.
Sujet radio: Philéas Authier
Adaptation web: Miroslav Mares