Violence, IA et manque de personnel au coeur des préoccupations des syndicats d'enseignants
Les violences verbale et physique à l'encontre du corps enseignant ne sont pas des cas isolés et la situation est préoccupante, a estimé jeudi devant la presse David Rey, président du Syndicat des enseignants romands (SER), à l'occasion de la rentrée scolaire. Une enquête réalisée en Suisse alémanique par leur association faîtière et publiée début 2023 montre que deux-tiers des enseignants ont subi des violences psychiques ou physiques durant les cinq dernières années.
Ces chiffres sont aussi valables pour la Suisse romande, a estimé David Rey. Le SER demande aux autorités de combattre ce fléau en engageant des ressources humaines et financières suffisantes pour mener des réflexions qui doivent déboucher sur un plan d'action global. Tous les acteurs concernés, notamment les parents, doivent être inclus dans la démarche, a-t-il souligné.
Pas d'interdiction de l'IA
S'agissant de l'intelligence artificielle (IA), comme par exemple le logiciel ChatGPT, les syndicats d'enseignants jugent que les écoles ne doivent pas l'interdire. Sujet complexe, l'utilisation de l'IA dans le cadre scolaire représente un potentiel mais aussi un danger, selon eux. Parmi ceux-ci: plagiat, égalité des chances, dépendance et influence dans la formation des opinions politiques.
Pour garantir une utilisation adéquate de l'IA dans les classes, les professeurs doivent être formés et un soutien spécialisé doit être mis en place dans les écoles. Les syndicats réclament également des règles en lien avec la protection des données, aux plans national et international, ainsi que des directives éthiques.
Qualité de la formation en danger
Le plan d'action "pour une formation de qualité" doit quant à lui rendre la profession d'enseignant plus attractive, notamment via de meilleures conditions de travail et une réduction des charges, a souligné Dagmar Rösler, présidente du syndicat des enseignants alémaniques. Le plan sera lancé en novembre dans le cadre d'une campagne nationale de sensibilisation sur ce thème, a-t-elle dit sans détailler les revendications concrètes.
En plus de sensibiliser la population, le but des syndicats est de mettre la pression sur les politiques, sans quoi rien ne bougera. Même si la situation en Suisse romande est moins critique qu'outre-Sarine, le manque de personnel qualifié concerne tout le pays, ont-ils insisté.
Les syndicats alertent depuis des années sur le manque d'enseignants qualifiés, notamment en Suisse alémanique. Recourir à du personnel sans formation pédagogique et à des professeurs retraités ne peut être qu'une situation transitoire, a insisté Dagmar Rösler. Ceci met en danger la qualité de la formation en Suisse et le pays comme place économique dans son ensemble.
ats/ther