Avec plus de 30'000 abonnés sur Instagram, Camille Bonvin est l'une des influenceuses les plus connues en Suisse romande. La jeune femme peut demander parfois plusieurs centaines de francs pour une publication, une vidéo ou une story.
Des heures de travail
Dans le jargon, cela s'appelle un "partenariat". Contrairement aux apparences, ce n’est pas de l’argent facile. Il faut compter des heures de tournage, de montage et de suivi des commentaires. Un travail qui permettrait à la Valaisanne de gagner sa vie exclusivement grâce à internet. Elle continue toutefois à maintenir une activité professionnelle en parallèle.
Camille Bonvin soigne le choix de ses partenariats. Elle travaille avec des grandes marques de produits cosmétiques comme Clarins. Elle pourrait gagner encore plus d’argent en acceptant des partenariats avec des entreprises plus controversées actives dans des pseudo-crypto monnaies ou du drop shipping (livraison directe), mais elle dit refuser régulièrement ce type de propositions.
Ce tri des partenariats n’est pas effectué de la même manière par toutes les influenceuses et influenceurs. Le Genevois Charles Legrand, qui compte officiellement 360’000 abonnés sur Instagram, a fait par exemple des publicités pour la cigarette IQOS de Philippe Morris. Ce type de partenariat entre une marque de cigarettes et des influenceurs suivis par des jeunes a fait scandale dans plusieurs pays européens ces dernières années. Contacté, Charles Legrand n’a pas répondu aux sollicitations de Mise au Point.
Publicité pour la chirurgie esthétique
Autre influenceuse suisse, Whitney Toyloy, suivie par plus de 20'000 personnes sur Instagram, fait de la publicité pour de la médecine esthétique. Sur son compte, l’influenceuse et ancienne miss Suisse vante les bienfaits du "baby botox" (traitement des rides d'expression par petites injections). Concrètement, elle se filme en train de se faire injecter le visage dans un centre de chirurgie esthétique.
Pour Alain Alberini, avocat lausannois et chargé de cours en propriété intellectuelle, ce type de publicité sur les réseaux sociaux contreviendrait dans le canton de Vaud à l’art. 82 de la loi sur la santé publique.
Contactée par la RTS, Whitney Toyloy concède que ce type de publicité est dans une zone grise, mais pas illégale. "Mon contenu Instagram est concentré sur l’indépendance féminine, le dépassement de soi. Sur des milliers de publications positives, je n’ai parlé que trois fois de "baby botox". J’essaie également de prévenir mes abonnés sur les dérives de la médecine esthétique et la nécessité de faire cela avec des médecins."
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Une loi spécifique en France
En France, ce type de partenariat avec l’industrie du tabac, le milieu des paris sportifs ou les cliniques esthétiques est strictement interdit. Une nouvelle loi spécifique a été mise sur pied pour encadrer les dérives des influenceurs. Les peines prévues en cas de manquement vont jusqu'à deux ans de prison et 300'000 euros d'amende. Les influenceurs et influenceuses doivent en plus communiquer sur les réseaux les décisions de justice à leur encontre.
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En Suisse, il n’y a pas de réglementation créée uniquement pour le monde de l’influence. Alain Alberini précise:
Certes la Suisse n’a pas des lois spécifiques comme en France pour le monde de l’influence, mais il y a un cadre légal, il y a des lois qui interdisent la publicité mensongère, la publicité pour des opérations médicales.
Pour l’expert, le problème en Suisse n’est pas le manque de loi, mais l’application de ces dernières. Seuls deux influenceurs suisses ont été épinglés à ce jour. Ces condamnations concernent des messages commerciaux sur Instagram n'ayant pas été signalés comme publicités. La Commission suisse pour la loyauté a rendu son verdict, mais il n’y a eu aucune sanction ni amende.
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Camille Lanci et François Ruchti