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Karin Keller-Sutter: "J'ai de la peine à me dire féministe, je préfère parler d'égalité des chances"

L'interview de Karin Keller-Sutter dans #Helvetica
L'interview de Karin Keller-Sutter dans #Helvetica / L'actu en vidéo / 20 min. / le 19 août 2023
Invitée samedi de l'émission de la RTS Helvetica, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter est revenue sur les qualificatifs qu'on lui accole parfois rapidement et dans lesquels elle ne se retrouve pas toujours. La Saint-Galloise dit aussi préférer parler d'égalité des chances que de féminisme.

Femme de droite, Karin Keller-Sutter est souvent qualifiée de "dame de fer" en référence à l'intransigeante Margaret Thatcher. La conseillère fédérale en charge des Finances ne s'en formalise pas: "C'était déjà le cas quand j'étais conseillère d'Etat. Je suis quelqu'un qui est claire, je prends aussi des positions, j'exprime les intentions que j'ai, mon opinion..."

"Et après, on est très vite classé. Alors il faut faire avec. C'est un peu le système en Suisse de coller des étiquettes aux gens, mais ce n'est pas toujours juste. Et pas seulement dans mon cas."

Un monde juste, c'est lorsqu'il y a l'égalité des chances, les mêmes possibilités pour tout le monde

Karin Keller-Sutter

Karin Keller-Sutter n'aime par exemple pas se qualifier de féministe: "Je préfère parler de l'égalité des chances. Je crois qu'il est essentiel que les femmes aient les mêmes droits que les hommes, je me suis toujours battue pour cela. D'ailleurs, lorsque j'étais conseillère d'Etat, on a été le premier canton à instaurer une loi contre la violence conjugale. C'est le premier projet auquel je me suis attaquée quand je suis entrée en fonction."

 "Mais je crois qu'un monde juste, c'est lorsqu'il y a l'égalité des chances, les mêmes possibilités pour tout le monde. Et cela inclut bien sûr les femmes, mais aussi les hommes."

Je ne serais pas à l'aise dans une grève, ce n'est pas mon style. Moi, je veux travailler, je veux être efficace

Karin Keller-Sutter

L'ancienne ministre de la Justice et de la Police ne se sent pas vraiment concernée par la grève des femmes: "On a vu que les femmes de droite ont cette fois pris un peu leurs distances, parce que c'était aussi un peu un programme de gauche, un programme des syndicats. Je l'accepte tout à fait, mais je crois qu'il y a différentes manières de faire. (...) Vous devez être à l'aise. Et moi je ne serais pas à l'aise dans une grève, ce n'est pas mon style. Moi, je veux travailler, je veux être efficace pour avoir l'égalité des chances pour tout le monde."

La seule représentante d'un canton entièrement alémanique

Seule conseillère fédérale originaire d'un canton uniquement alémanique - Albert Rösti et Viola Ahmerd viennent de cantons bilingues  - Karin Keller-Sutter admet parfois se sentir un peu "seule" au sein du collège gouvernemental.

Même si elle souligne qu'il y a bien sûr "des différences de caractère, d'identité et d'histoire" entre les Suisses allemands eux-mêmes, la libérale-radicale estime que, globalement, il y a des "différences de mentalités" entre Alémaniques et Romands. "Je crois qu'on est quand même un petit peu différent en Suisse orientale."

Avoir quelquefois une vision un peu différente du pays qui vient de l'extérieur, qui ne vient pas de l'agglomération de Berne, ça fait du bien

Karin Keller-Sutter

Cette différence s'inscrit notamment dans le rapport à l'Etat. "La responsabilité individuelle, le fait de ne pas faire appel à l'Etat tout de suite est quelque chose de fortement ancré dans la mentalité de la Suisse orientale et centrale. Ce n'est pas pour autant dogmatique. Mais avoir quelquefois une vision un peu différente du pays qui vient de l'extérieur, qui ne vient pas de l'agglomération de Berne, je crois que ça fait du bien, car il y a quand même une diversité dans notre pays qui est enrichissante."

Karin Keller-Sutter assure néanmoins toujours vouloir chercher le compromis et le consensus. "Il faut voir le tout. Je ne représente pas le canton de Saint-Gall, je représente toute la Suisse."

Propos recueillis par Philippe Revaz

Adaptation web: Antoine Schaub

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"J'en veux aux dirigeants de Credit Suisse"

Karin Keller-Sutter est également revenue sur l'affaire Credit Suisse. Elle ne cache pas un certain ressentiment envers les dirigeants de l'ancien numéro deux bancaire helvétique.

"Il faut quand même dire que finalement, c'était leur mauvaise gestion qui a mis la Suisse dans cette situation précaire. Parce que oui, on était dans une situation précaire, avec une grande banque, importante au niveau systémique. Il a fallu prendre des mesures à contre-coeur. On n'avait pas envie, ni le Conseil fédéral, ni moi-même personnellement, de devoir intervenir.

"J'en veux aux dirigeants de Credit Suisse. Je viens d'un milieu proche des arts et métiers et là on parle d'énormes sommes qui ont été gagnées, qui ont été versées. On parle de fautes dans le système qui sont inacceptables."

>> Lire également : Karin Keller-Sutter: "Le but n'a jamais été de sauver Credit Suisse"