Daniel Jositsch, l'un des favoris pour remplacer Alain Berset, est en "tournée d'excuses"
Qui pour succéder à Alain Berset au Conseil fédéral? La question va occuper les esprits cet automne en même temps que les élections fédérales. Si les candidats ne se bousculent pas encore du côté du PS pour se lancer dans la course, un nom revient souvent, celui du conseiller aux Etats zurichois Daniel Jositsch.
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Le sénateur de 58 ans devrait logiquement se lancer dans la course et faire partie des favoris. Mais encore faudra-t-il qu'il se fasse pardonner par son propre parti après l'avoir affronté l'hiver dernier et présenté sa candidature masculine pour succéder à Simonetta Sommaruga, alors que le Parti socialiste avait affiché sa volonté de présenter une double candidature exclusivement féminine avec Eva Herzog et la future conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider.
"Je suis désolé"
Pour le TagesAnzeiger, qui a fait le point samedi sur cette candidature, ce pardon des socialistes n'est pas gagné pour Daniel Jositsch, même s'il est très présent dans les médias durant ces mois d'été en vue de s'excuser ouvertement.
A la lecture du quotidien alémanique, on remarque une petite "Schadenfreude" avec un ton légèrement moqueur pour évoquer le "Entschuldigungstour" de Daniel Jositsch, à savoir une "tournée des excuses".
Le conseiller aux Etats ne cesse de montrer patte blanche dans les médias: "J'ai fait des erreurs, j'en suis désolé, je me suis mal exprimé, je ne voulais pas être un lady killer" ou encore "Je m'en tiens désormais entièrement aux règles du jeu".
L'étoffe d'un conseiller fédéral
Le "Tagi" a voulu savoir si ces interviews estivales suffiront et les réactions divergent. D'un côté, il y a celles et ceux qui y croient comme la présidente du PS zurichois Priska Seiler Graf. A ses yeux, il ne faut pas réduire Daniel Jositsch à ce seul épisode, car l'homme a l'étoffe d'un conseiller fédéral.
"Le PS n'est pas un parti rancunier", déclare de son côté la conseillère nationale soleuroise Franziska Roth.
Autre point positif pour le Zurichois, il a la cote auprès des observateurs politiques, notamment le site web "50+1", dont les pronostics s'avèrent souvent très précis. Et, en ce moment, c'est sur Daniel Jositsch qu'on parie très clairement.
Une candidature pas crédible
Pour d'autres élus socialistes à Berne, le ton est toutefois plus dur, mais les voix sont aussi plus anonymes. Plusieurs interlocuteurs interrogés par le journal alémanique estiment que Daniel Jositsch n'est pas crédible.
Joint par la RTS, un parlementaire romand a de son côté estimé que le candidat à la candidature est en train de "s'enfoncer dans le ridicule". Son comportement "déloyal et hypocrite" trahit son vrai visage et démontre au camp bourgeois que Daniel Jositsch n'est pas crédible, a-t-il jugé.
Et d'ajouter qu'avec cette tournée d'excuses, "il est en train de détruire sa candidature". Une autre voix ajoute, non sans ironie, que "lorsque Alain Berset a annoncé son départ, il a dû se taper la tête contre les murs. Il a fait une énorme faute politique".
Une autre candidature zurichoise?
Certains parlementaires socialistes sont plus modérés, à l'image du conseiller national Baptiste Hurni. Pour le Neuchâtelois, tout dépendra aussi des autres candidatures au Conseil fédéral. Oui, Daniel Jositsch a joué à un jeu dangereux, mais il reste un camarade brillant et plein de qualités. Il n'est pas question de le juger uniquement sur ce qu'il a fait, mais il n'est pas question non plus d'oublier si facilement.
Il s'agira également d'avoir une discussion très claire sur le lien qu'il conserve avec le parti: alors qu'il a montré un fois qu'il peut faire abstraction de ce que son parti pense ou décide, qu'en serait-il le jour où il serait conseiller fédéral?
Quoi qu'il en soit, le Zurichois a encore fort à faire avant d'être officiellement candidat à la succession d'Alain Berset. Il doit déjà passer la rampe de l'assemblée cantonale des délégués, fin octobre.
Et, toujours selon le TagesAnzeiger, le conseiller national zurichois Fabian Molina pourrait se présenter pour faire barrage à Daniel Jositsch, ce qui obligerait le PS zurichois à décider qui il nommerait à l'attention du groupe parlementaire à Berne.
Sujet radio: Deborah Sohlbank
Adaptation web: Frédéric Boillat