Ruag, chars Leopard ou F-35, la rentrée politique de Viola Amherd s'annonce compliquée
Après avoir affronté cette semaine les toits malmenés par l'ouragan à La Chaux-de-Fonds, Viola Amherd se prépare à faire face à une autre tempête lundi à Zurich.
La commission de la politique de sécurité du Parlement a en effet plusieurs questions à poser à la conseillère fédérale valaisanne. La démission de la directrice de Ruag et la tentative de vente des chars Léopard au groupe d'armement allemand Rheinmetall devraient notamment être abordées.
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"On va parler de Ruag, on va parler des axes stratégiques qui sont donnés par le Conseil fédéral pour cette entreprise d'armement liée à la Confédération. J'espère qu'elle aura une communication franche", a expliqué dimanche dans le 19h30 François Pointet, conseiller national Vert'libéral vaudois.
De nombreuses questions
La commission aimerait bien savoir pourquoi Brigitte Beck, la directrice de Ruag, a démissionné le 13 août dernier? A-t-elle servi de fusible? Viola Amherd était-elle au courant des intentions de Ruag de vendre au groupe allemand Rheinmetall ses vieux chars Leopard entreposés en Italie? Viola Amherd a-t-elle voulu braver l'interdiction de réexporter des armes?
Pour l'instant, Viola Amherd ne s'est pas exprimée sur le sujet. Plusieurs parlementaires peinent à croire qu'elle n'était pas au courant.
Pour Jean-Luc Addor, conseiller national UDC valaisan "on peut supputer l'hypothèse que la patronne de Ruag partageait les vues de Viola Amherd".
De son côté, Franziska Roth, conseillère nationale socialiste soleuroise, estime qu'un représentant du Conseil fédéral doit siéger au sein du conseil d'administration de Ruag. Elle pense également que la commission de gestion devrait s'emparer de ces questions. "Dans un rapport, il y avait un accord entre la cheffe de Ruag et le Département de la défense à propos du deal avec ces chars. Il est important pour moi que la commission de gestion s'en occupe et détermine si on n'a pas envoyé la directrice de Ruag au casse-pipe."
Un retard pour les F35 qui pourrait coûter cher
Viola Amherd est également impliquée dans d'autres affaires. Cette semaine, on apprenait qu'il pourrait y avoir du retard dans la livraison des F-35. Il faudrait en attendant rafistoler les vieux FA-18 et cela pourrait coûter très cher aux contribuables suisses.
Il y a également le bouclier anti-missile Sky Shield. La conseillère fédérale a signé au début de l'été une convention avec l'Allemagne et l'Autriche pour imaginer une défense commune, sans prendre la peine d'avertir le Parlement.
"Elle est habile tacticienne et habile politicienne. Elle manque de courage pour communiquer sa vision de manière franche et claire, elle fait beaucoup de rétropédalage quand elle voit que ça ne passe pas, c'est un peu dommage", conclut François Pointet.
Viola Amherd fragilisée?
Ces dossiers ne semblent pas fragiliser Viola Amherd pour l'instant. Son bilan global reste auréolé de plusieurs faits d'armes, notamment l'achat des avions de combat et la création d'un centre dédié à la cybersécurité, sans compter qu'elle est dans les sondages la conseillère fédérale la plus populaire.
Mais le dossier des chars est très délicat avec en toile de fond la neutralité de la Suisse et sa politique d'exportation d'armes.
Lors de l'arrivée au Conseil fédéral d'Elisabeth Baume-Schneider et Albert Rösti en début d'année, Viola Amherd a choisi de rester à la tête de la Défense alors qu'elle aurait pu changer de poste. Mais son département est devenu plus exposé, avec la guerre en Ukraine et la volonté de collaborer davantage avec des armées étrangères.
Sujet TV et radio: Thierry Clémence et Julien Bangerter
Adaptation web: lan