Jusqu’au début des années 80, il existait un "congé chaleur" à Zurich et en Argovie. Du côté de Bâle-Campagne et Bâle-Ville, il était encore appliqué il y a une vingtaine d’années.
Cette loi scolaire prévoyait depuis 1975 un "congé chaleur", lorsque, dès 8h30, la température dépassait 21 degrés et que l'humidité relative passait au-dessus de 70%. Cette règle a été appliquée une dernière fois en 2003, lorsque les températures avaient dépassé les 35 degrés pendant onze jours consécutifs.
Lors de la suppression de cette règle, les autorités ont invoqué deux raisons. La plupart des enfants jouaient au football à la piscine plutôt que de rester au frais. Et cette mesure posait des problèmes de garde, car les parents travaillent souvent tous les deux.
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Pas de congés envisagés
Malgré la fréquence actuelle des périodes de canicule, aucun canton ne réfléchit à un congé chaleur, à l'instar du Valais où l’école a déjà repris la semaine passée. "On n'a jamais eu de congé chaleur en Valais. Je crois qu'émettre simplement quelques directives de bon sens suffit", estime Jean-Philippe Lonfat, le chef du service de l’enseignement.
Selon lui, beaucoup d'investissements sont faits dans les bâtiments scolaires, qu'il juge "très bien" en l'état. "Je pense que d'autres professions vivent des situations encore plus difficiles. Par exemple, si l'on travaille sur les toits ou sur des chantiers", ajoute encore Philippe Lonfat.
Des mesures de bon sens
A Genève, Pascal Freydier, le directeur du pôle promotion de la santé et prévention à l’office de l’enfance et de la jeunesse, parle également de mesures de bon sens. "C’est-à-dire l'aération des locaux, la protection vis-à-vis du soleil pour maintenir la température ambiante la plus basse possible, des mesures qui visent à l'hydratation, à l'accès à l'eau, et des activités modulées en fonction de la chaleur d'exposition au soleil."
Actuellement, ce sont d'abord les activités sportives extérieures qui seraient discutées en cas d'alerte canicule de troisième niveau. "Mais pour l'instant on n'a pas évoqué la possibilité de réduire le temps d'accueil scolaire. Il n'a pas été question de discuter des congés particuliers", précise Pascal Freydier.
Sujet radio: Gaël Klein
Adaptation web: Raphaël Dubois
Des "congés chaleur" ailleurs ?
En Europe, les rentrées scolaires sont beaucoup plus tardives qu’en Suisse. Elles se déroulent en général autour de la mi-septembre pour l’Italie, l’Espagne, la Grèce ou encore le Portugal. Il peut encore faire chaud, mais il est rare d’avoir des pics de chaleur extrêmes à cette époque.
L’Andalousie, l’une des zones où les chaleurs peuvent être très élevées en Espagne, possède un plan anti-canicule qui a été déclenché cette année dès la mi-mai. Pour prendre une décision, les écoles se basent sur les alertes les plus élevées de l’agence de météorologie. Il faut atteindre au moins 39 ou 40 degrés plusieurs jours de suite pour que les élèves puissent sortir dès midi.
Alors que rien n’est prévu en Italie et au Portugal, la Grèce prévoit que les écoles ferment en cas de très grosse chaleur, même si les décisions sont prises au cas par cas.
En France, où il n’existe aucune loi spécifique, ce sont les préfectures qui décident de fermer les écoles ou non. Néanmoins, l’objectif est plutôt de maintenir l’accueil, en prenant des mesures de bon sens pour faire diminuer la température.
Repenser les bâtiments pour préserver des canicules
Des milliers d'élèves ont repris lundi le chemin de l'école dans les cantons de Genève, de Vaud, du Jura et de Berne, sous de fortes températures. Et comme les bâtiments scolaires sont rarement adaptés, il faut parfois bricoler pour trouver des solutions et préserver la santé, mais aussi l'attention des jeunes.
Interrogé lundi soir dans le 19h30, le co-président des Architectes pour le climat Stéphane Emery a rappelé qu'on hérite aujourd'hui de bâtiments "qui ont été très isolés dans les années 1990 pour se protéger du froid, mais pour se protéger du chaud, c'est venu plus tardivement, et on se rend compte actuellement que beaucoup ne sont pas adaptés."
Il rappelle également la nécessité de repenser les cour d'école, avec moins de béton et davantage de végétation et de matières qui permettent à l'eau de pénétrer dans le sol.