Heureuse et fière de sa démocratie: un sondage exclusif dessine la Suisse d’aujourd’hui
Riches, amoureux de la nature, discrets, sains: les stéréotypes sur les Suisses ont la vie dure. Et pourtant, les résultats du sondage réalisé par gfs.bern pour la SSR dressent un portrait du pays plus subtil et plus moderne que de vieux clichés éculés. Si elle se déclare globalement satisfaite de sa vie, la Suisse de 2023 s'inquiète des dérèglements climatiques et se demande comment aller vers un style de vie plus durable, se sent en sécurité mais jette un œil inquiet vers la Russie et l’Ukraine, fait de sa vie privée une priorité, étouffe de trop d'exigences de performance au niveau professionnel… Explorons les principaux enseignements.
Le changement climatique, sujet de préoccupations
C’est clairement la thématique qui inquiète le plus les sondés. Près de sept Suisses sur dix estiment qu'il s'agit d’un problème crucial et qu'il faut agir immédiatement.
Ce sont les Romands qui aspirent le plus à une action rapide: 76% contre 66% en Suisse alémanique. Ce sont eux également qui admettent plus facilement une responsabilité humaine dans le dérèglement climatique, puisqu'ils ne sont que 3% à prétendre le contraire.
La majorité des Suisses saisit l'ampleur du problème, mais ne croit pas que les solutions puissent être apportées par la politique intérieure du pays. Trois quarts de la population estime toutefois que la Confédération a une part de responsabilité à assumer, et ce même si les pays dont les émissions de CO2 sont plus importantes ne suivent pas.
L'augmentation de la population mondiale est identifiée comme un problème, mais les Suisses sont également d'avis qu'il est temps de renoncer à leur niveau de vie élevé au nom du climat. Et sur cette question, les femmes semblent plus prêtes à des concessions que les hommes puisque plus de 80% d'entre elles en sont conscientes.
Un sondé sur deux ne souhaite toutefois pas compter sur les éventuels progrès technologiques et scientifiques pour la question du climat, ni même suspendre les efforts climatiques au profit de la sécurité de l'approvisionnement en électricité.
Parmi les contre-mesures individuelles les plus validées, on trouve le recours à un chauffage plus économique et le renoncement aux chauffages au mazout et au gaz. Concernant le fait de limiter ses déplacements en voiture et de revoir sa consommation de viande, les Suisses s'avèrent en revanche bien plus frileux.
Le coût de la vie, source d’inquiétude pour trois Suisses sur dix
Si une grande majorité de la population se sent peu ou pas du tout affectée par sa propre situation financière, près de 30% des sondés avouent des soucis financiers.
Reste que la plupart des habitants disposent de réserves financières suffisantes pour faire face à des dépenses imprévues, déclarent pouvoir se permettre des dons réguliers aux œuvres de bienfaisance et sont globalement satisfaits de leur logement en termes de taille et de coûts.
On constate tout de même un certain pessimisme, car une nette majorité estime que les jeunes ne peuvent plus s'offrir un logement aujourd'hui. Un avis largement partagé par toutes les classes d'âge.
Dans le même esprit, 8 habitants sur 10 estiment que la classe moyenne s'en sort moins bien qu'auparavant.
Vie quotidienne: une Suisse émotionnellement stable
Sans surprise, c'est le travail qui occupe majoritairement le quotidien des sondés: 6 heures par jour en moyenne. Le temps passé avec les enfants augmente naturellement chez les 30-39 ans (3,8 heures) et les personnes qui travaillent à temps partiel (3,7 heures). Ceux qui passent le plus de temps avec leurs amis sont les personnes de plus de 70 ans.
Quand on demande aux Suisses quelles émotions ils ressentent le plus souvent, les émotions positives sont prédominantes. Une majorité des habitants déclarent se sentir souvent aimés, heureux, calmes, épanouis et reposés.
Pour pérenniser ce bien-être ambiant, les sondés misent sur la santé, l'environnement proche, la sécurité financière et les possibilités de loisirs. Une importante proportion de Suisses est persuadée que passer plus de temps dans la nature ou en famille, avoir plus d'argent et dormir davantage permettrait d’élever encore leur niveau de bien-être.
Et pour prendre du plaisir, la population a le plus souvent recours au sport (une pratique quotidienne ou hebdomadaire pour plus de 70% des sondés), à l'alcool (15% lèvent le coude de façon quotidienne) et… au sexe. En effet, 3 habitants sur 10 déclarent avoir des relations sexuelles hebdomadaires. Une activité qui a toutefois tendance à évoluer selon le revenu du foyer.
Une majorité de la population renonce complètement au tabac, aux drogues et aux jeux de hasard. En ce qui concerne l'hygiène, la propreté personnelle est prise très au sérieux, puisque plus des trois quarts des personnes sondées prennent un bain ou une douche tous les jours et changent leurs serviettes de toilette au moins une fois par semaine.
L’identité suisse, avant tout une question de respect des institutions
Deux tiers de la population se considère majoritairement comme suisses et une majorité absolue part également du principe que leurs valeurs sont partagées par leurs compatriotes.
Les facteurs les plus importants pour revendiquer une identité suisse sont le respect des institutions et des lois du pays, la capacité à parler une langue nationale ainsi que le respect de la nature et du paysage. Le fait d'être né sur le sol helvétique passe au second plan.
L'aspect le plus important pour se sentir en adéquation avec l'identité suisse est la démocratie directe: près de 84% des sondés estiment que c'est primordial. Viennent ensuite l'histoire en tant que petit État indépendant sans monarchie, la diversité linguistique et… les montagnes.
Le relationnel, un point essentiel au bien-être
Plus des trois quarts des résidents suisses se déclarent satisfaits de leur statut relationnel et une grande partie des personnes interrogées vivent actuellement une relation de longue durée. Dans la tranche d'âge 40-64 ans, une personne sur deux se déclare pleinement épanouie.
Néanmoins, vivre une relation amoureuse n'est pas le seul moyen d'être heureux: 88,7% des sondés indiquent avoir un partenaire sur qui ils peuvent compter, et 6 Suisses sur 10 que les relations de voisinage sont importantes pour eux, mais aussi… qu'ils apprécient la solitude.
Sans grande surprise, les sondés affirment se sentir plus proches de leur famille, de leurs amis, et plus globalement des personnes qui partagent les mêmes valeurs qu’eux.
Bien que le mariage ne soit pas considéré comme une institution obsolète, un peu moins de 7 personnes sur 10 estiment qu'avoir des enfants n'est pas forcément synonyme de vie épanouie.
Enfin, le Suisse conserve une haute opinion de la fidélité et du couple: 8 personnes sur 10 se déclarent incapables d'envisager une relation avec un partenaire qui serait déjà engagé ailleurs. Ils se disent ouverts, par contre, en ce qui concerne les personnes divorcées ou celles qui présentent des origines étrangères.
Cécile Denayrouse
Méthode
Ce sondage a été réalisé par l'institut gfs.bern pour le compte la SSR. Plus de 57'000 personnes ont participé à cette enquête en avril et mai de cette année.
Journée spéciale sur la RTS
Dans la foulée des résultats du sondage national, cette journée s'est déclinée sur la RTS dans La Matinale (RTS La-Première), dans les différentes éditions des journaux radios et TV et dans un Forum spécial décentralisé à La Neuveville (BE).
Une émission spéciale en prime time intitulée "Par monts et par vous" est également prévue sur RTS 1. Alexis Favre a parcouru la Suisse en train à la rencontre de personnalités et d’anonymes avec pour objectif d’explorer ce qui caractérise les Suissesses et les Suisses. Le journaliste est parti du point le plus bas du pays sur les rives du lac Majeur pour aboutir au Jungfraujoch, point le plus haut atteignable par rail (3454 m).
Alexis Favre a notamment croisé Alain Berset, Jean-Claude Biver, Vera Weber, Phanee de Pool et René Prêtre. Et c’est en direct de ce lieu mythique qu’il présentera l’émission en compagnie d’invitées et d’invités, notamment Bertrand Piccard, Sophie Lavaud et l’écrivain Giuliano da Empoli.