Trois semaines après la tempête de La Chaux-de-Fonds, la mission de l'armée touche à sa fin. Au total, quelque 80 militaires ont été engagés afin de sécuriser les accès aux centres scolaires et parascolaires de la métropole horlogère, en vue de la rentrée scolaire du 14 août.
Le divisionnaire Mathias Tüscher tire un bilan positif de cette mission. "J'ai été impressionné par l'engagement de mes équipes sur place, en particulier par les Etats-majors de liaison territoriaux."
Sans l'intervention de l'armée, la ville de La Chaux-de-Fonds et la commune de Bitsch ne se seraient sans doute pas aussi vite relevées de ces catastrophes, même si tout n'est pas encore complètement revenu à la normale. "L'intervention de l'armée a été décisive notamment en ce qui concerne la sécurisation des quatre parcs qui entourent les écoles de La Chaux-de-Fonds", explique le haut gradé.
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Le travail essentiel des miliciens
Mathias Tüscher, qui est responsable de l’appui aux autorités civiles dans les situations extraordinaires, explique que ce travail a aussi été rendu possible par le travail des miliciens. Des forces supplétives, issues de tous les milieux professionnels, qui sont préparées à intervenir en situation d'urgence. "Il y a, parmi ces troupes, des personnes du bâtiment, des forestiers-bûcherons mais aussi des étudiants, des boulangers, des banquiers. C'est le miracle de la milice", se félicite-t-il.
On vit un certain fédéralisme dans l'ensemble des cantons. Je vois des manières de procéder différentes. Mais, de manière générale, les autorités sont prêtes
L'intervention de l'armée pour venir en aide à la société civile est généralement déclenchée par les cantons. Doit-on en déduire qu'il y a un manque de préparation de la part des autorités civiles? Ce n'est en tout cas pas le constat de Mathias Tüscher, qui se veut rassurant. "On vit un certain fédéralisme dans l'ensemble des cantons. Je vois des manières de procéder différentes. Mais, de manière générale, les autorités sont prêtes."
Le commandant de la division territoriale 1 admet toutefois qu'à long terme, alimenter les alpages en eau pour abreuver les vaches, n'est pas le rôle de l'armée. "La situation était exceptionnelle l'année dernière. On a expliqué aux autorités cantonales qu'on ne pouvait pas venir tous les ans. Nous ne sommes d'ailleurs pas intervenus à Fribourg cette année."
Des interventions qui créent la jalousie
En outre, comme le prévoit la loi, l'aide militaire ne doit être accordée aux autorités civiles que lorsque celles-ci le demandent et qu'elles ont épuisé leurs propres moyens pour accomplir leurs tâches. En juillet dernier, les compagnies d'hélicoptères privées, engagées aussi contre l'incendie dans le Haut-Valais, ont accusé les autorités d'avoir cédé à la facilité en faisant appel à l'armée.
Interrogé sur cette affaire, Mathias Tüscher dit "ne pas avoir envie de polémiquer" sur la question. "Quand les autorités cantonales valaisannes ont fait appel à nous, l'incendie était hors de contrôle. Il y avait plus de 8000 personnes présentes dans le village menacées par cet incendie. Leur évacuation était possible uniquement par un chemin forestier. Je comprends l'urgence dans laquelle se trouvaient les autorités et leur volonté de faire appel à tous les moyens possibles pour venir à bout de ce feu", se défend-il.
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Accroître ses capacités de défense
En situation d'urgence, le temps de réaction de l'armée est extrêmement rapide, explique par ailleurs le divisionnaire. "A Bitsch, on a reçu l'appel du canton à 18h et nous étions sur zone à 19h. Cette rapidité est rendue possible grâce aux forces aériennes, disponibles tout au long de l'année, jour et nuit."
En ce qui concerne la mission originelle de l'armée suisse, la défense, de nombreux défis restent à relever, estime Mathias Tüscher. "A ce jour, seule une partie de nos capacités sont équipées. On a très peu investi dans la capacité de défense ces trente dernières années. Il s'agirait de ré-équiper l'entièreté de nos formations et surtout d'opérer un changement générationnel. En effet, la plupart des soldats qui sont sous mes ordres utilisent du matériel qui a l'âge de leur commandant de division", détaille-t-il.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Texte web: Hélène Krähenbühl