La société suisse Air Dynamic, active notamment au Tessin, a récemment signé un partenariat avec l’entreprise allemande Lilium pour l'exploitation d'un nouveau type d'avion-taxi, à savoir un avion à décollage et atterrissage verticaux entièrement électrique. L'accord prévoit la livraison de cinq jets-taxis.
Spécialisée dans l'affrètement de jets et hélicoptères privés entre la Suisse, l'Italie et le sud de la France, Air Dynamic entend exploiter ces avions-taxis sur des trajets courts, notamment entre Lugano et Milan, où les bouchons sont quasiment permanents, et ce dès 2026.
Le Lilum, qui se veut innovant et durable, mais dont le bilan écologique réel demeure difficile à établir, peut emporter cinq passagers au maximum, pilote compris, et il peut voler jusqu'à 280 km/h au moyen d'une trentaine de moteurs électriques.
Plus besoin d'aéroport
Interrogée mardi dans La Matinale, Raffaella Meledandri, directrice du marketing chez Air Dynamic, relève que les vols ne dépasseront pas les 175 kilomètres de distance, soit des trajets essentiellement urbains et régionaux. "Ce qui fait la différence est le fait qu'il n'y a plus besoin d’aéroport. Notre objectif est de diversifier le plus possible les points de décollage et d’atterrissage urbains", détaille-t-elle.
Raffaella Meledandri verrait aussi bien ces avions-taxis voler dans l’Arc lémanique ou pour rejoindre la vallée de Joux et ses entreprises horlogères, par exemple. Le fait qu'il puisse rallier directement les centre-villes sans passer par les aéroports, souvent loin des centres, est aussi un avantage.
Pour les aéroport régionaux comme Sion, Berne, Saint-Gall ou Lugano, ce type de transport est aussi un atout, car il permet d’offrir un service complémentaire à l’aviation traditionnelle.
"Ce type de mobilité coûte, mais nous sommes dans une région qui peut la financer", commente Davide Pedrioli, directeur de l’aéroport de Lugano-Agno. Le Tessin est en effet une région où résident de nombreux étrangers fortunés, qui se déplacent fréquemment pour rejoindre un aéroport ou une entreprise ou pour faire du tourisme haut de gamme. Ce type de clients vont assurément faire appel à ces taxis aériens.
Des vols-tests l'an prochain à Paris
Ce nouveau type d'appareil volant est appelé eVTOL par les spécialistes, un acronyme anglais pour "electrical vertical take-off and landing", soit décollage et atterrissage vertical électrique. Ces aéronefs électriques ressemblent plus ou moins à de gros drones et leur particularité est de pouvoir emmener et déposer des passagers à peu près n’importe où.
Des premiers vols-tests avec passagers devraient avoir lieu durant les Jeux olympiques d’été de 2024 à Paris, une étape très attendue. Pour Maria Algar Ruiz, responsable de la mobilité aérienne à l’EASA, l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne, "cela va s'accélérer: après la France, il y aura l’Italie en 2025 et ensuite beaucoup de pays vont en profiter pour réfléchir à des applications de mobilité urbaine aérienne".
En Suisse, les choses vont vite, mais il faut encore attendre la promulgation du règlement de l'Agence européenne pour la sécurité aérienne. Ensuite de quoi, elle y apportera ses ajustements, notamment pour les "vertiports", soit ces points d’atterrissage et de décollage verticaux, en dehors des aéroports traditionnels, et sur les couloirs aériens urbains que pourront emprunter ces futurs taxis volants.
Aucun coût de ces déplacements futuristes n'a été articulé officiellement. Ces avions-taxis seront dans un premier temps plutôt réservés aux voyages haut de gamme, donc destinés aux élites les plus fortunées. Toutefois, à terme, cette nouvelle mobilité va aussi se développer dans l’intérêt de la population toute entière, assure la firme Lilium, qui entend commercialiser son appareil un peu partout dans le monde.
Sujet radio: Nicole della Pietra
Adaptation web: Frédéric Boillat