Augmenter les hébergements pour les requérants d'asile s'annonce donc plus compliqué que prévu. A ce stade, le Secrétariat d’Etat aux migrations refuse de donner la liste complète des réponses qu'il a reçues.
Mais selon SRF, près de la moitié des cantons ne fourniront aucune place à la Confédération. Parmi ceux qui refusent, on retrouve les cantons de Suisse centrale, les deux Bâle, les Grisons ou encore Soleure et, en Suisse romande, le canton de Vaud.
Plusieurs justifications
Les arguments avancés par les administrations cantonales varient. Certaines expliquent ne plus avoir d’hébergements qui correspondent aux exigences. D’autres rappellent qu’elles mettent déjà des abris de protection civile à disposition de la Confédération et qu’elles ne peuvent pas en faire plus. Enfin, certaines assurent que les communes sont souveraines pour mettre à disposition ces structures.
En plus des réfractaires, des cantons comme Fribourg, Neuchâtel et le Valais ont demandé un délai supplémentaire pour répondre.
La Confédération a formulé des demandes bien spécifiques: les abris doivent être dans un état qui permette d’héberger des personnes pendant plusieurs mois. Ils doivent pouvoir être utilisés en mobilisant des moyens raisonnables. Certains cantons ont peut-être des difficultés à trouver des structures qui correspondent. Cette question n'était pas non plus forcément aux sommets de leurs priorités cet été.
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Tensions grandissantes
Ce bras de fer révèle aussi les tensions qui grandissent au sujet de l’hébergement des migrants. Dans ce dossier, les différentes autorités se renvoient la balle depuis un moment. Les abris de protection civile, c'était déjà le plan B. Parce que le plan A, lui, a été torpillé par le Parlement.
Petit rappel des faits, au début de l'été: la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider veut installer des containers sur les terrains de l’armée. Les cantons soutiennent d’ailleurs le projet. Pourtant, c’est leur Chambre, le Conseil des Etats, qui dit non. Il refuse le crédit de plus de 130 millions de francs prévu à cet effet.
Une tentative de compromis se dessine, avec un budget divisé par deux, mais rien n'y fait: les conseillers aux Etats campent sur leur positions. L'approche des élections fédérales a sûrement contribué à les rendre inflexibles.
Hébergement directement par les cantons
Que se passera-t-il en cas d'afflux de réfugiés cet automne? Ce qui est sûr pour l'instant, c'est que les cantons tentent de se débarrasser de la patate chaude. Ils jouent un jeu dangereux qui pourrait finalement se retourner contre eux.
En effet, la loi permet à la Confédération d'attribuer des migrants aux cantons plus tôt que prévu, si les centres d'asile fédéraux sont surchargés.
C'est ce qui s'est passé pendant plusieurs semaines l'automne dernier. Et les cantons ont eu beaucoup de difficulté à héberger eux-mêmes ces personnes et à trouver du personnel encadrant.
Sujet radio: Marielle Savoy
Adaptation web: ami