A un mois de l'annonce des nouvelles primes maladie, et alors qu'une nouvelle forte hausse est attendue, les réflexions pour réformer le système de santé se multiplient. Pour l'Office fédéral de la santé publique, les projets pilotes doivent permettre d'expérimenter de nouveaux modèles pour freiner les coûts, renforcer la qualité ou le développement de la numérisation.
A ce jour pourtant, un seul dossier a été déposé et est en attente de validation par l'OFSP. Il s'agit d'un projet conjoint pour la création de deux réseaux de soins coordonnés, l'un autour de l'Ensemble hospitalier de la Côte, à Morges (VD), l'autre autour de Arsanté, maison de santé basée à Onex, dans le canton de Genève.
Coordination et transparence
Ces entités prévoient d'assurer une offre de soins complète, qui va du médecin de premier recours à l'hôpital, en passant par les soins à domicile.
L'idée est d'améliorer la transparence et la coordination au service du patient, notamment en évitant de possibles consultations à double.
Invité jeudi de La Matinale, Philippe Schaller, médecin et promoteur de ces deux projets de soins, admet qu'il est difficile pour l'instant de savoir s'ils permettront véritablement "des économies".
Pour autant, il juge indispensable d'avoir ce genre de propositions. "Face à cette augmentation incessante des primes maladie, il faut proposer autre chose. Il faut proposer de l'innovation organisationnelle, essayer de mettre ensemble les acteurs pour modifier ce qui n'est pas correctement pris en charge aujourd'hui (...) c'est à dire la coordination, la prévention, le travail en équipe, notamment pour les patients qui souffrent de maladies chroniques ou de problèmes de santé mentale", détaille-t-il.
Une rémunération différente pour les médecins
Mais la grande nouveauté du projet concerne la rémunération des médecins, qui ne seraient plus payés à l'acte, en fonction de leurs gestes médicaux, comme c'est le cas aujourd'hui.
En lieu et place, les médecins deviendraient tout simplement salariés de cette structure, le réseau de soins assumant un budget et s'organisant en conséquence.
Pour Philippe Schaller, ce changement serait capital, car le système actuel ne fonctionne plus. "Ce qui est fondamental comme bascule, ce n'est pas que les médecins soient salariés versus payés à l'acte. C'est que le nombre et la nature des actes effectués n'est plus le seul modèle de rémunération des professionnels. On voit bien que ce modèle de financement à l'acte et à la prestation atteint ses limites, parce qu'il ne répond pas aux vrais besoins de la population" juge-t-il.
Et d'ajouter: "Le pari, c'est qu'en mettant en route des dynamiques interprofessionnelles, on est plus efficients et que cette efficience sert à améliorer le modèle et à financer de manière plus adéquate les professionnels qui, aujourd'hui, souffrent du phénomène du paiement à l'acte et de la pression de cette marchandisation de la médecine".
Ce nouveau modèle financier intéresse en tout cas déjà les assurances; trois des plus grandes caisses maladie du pays, CSS, Groupe Mutuel et Concordia sont "partenaires" du projet. Dans ce modèle, seuls leurs membres pourraient faire partie du réseau. Les assurances seraient également impliquées dans le contrôle des coûts, avec la possibilité d'augmenter les exigences d'optimisation.
Sujet radio: Julien Bangerter
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: ther