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Marco Chiesa: "On nous voit déjà ouvrir le champagne, moi je prépare l'Ovomaltine"

L'invité de La Matinale (vidéo) – Marco Chiesa, président de l’UDC et conseiller aux États tessinois
L'invité de La Matinale (vidéo) – Marco Chiesa, président de l’UDC et conseiller aux États tessinois / La Matinale / 12 min. / le 24 août 2023
A deux mois des élections fédérales, les partis sont en ordre de bataille. Grande perdante il y a quatre ans, l'UDC entend rebondir. L'immigration et la sécurité de l'approvisionnement énergétique seront au coeur de la campagne du premier parti de Suisse.

A la sortie des urnes le 20 octobre 2019, l'UDC fait la grimace. Si le parti conserve son rang de premier parti de Suisse avec 25,6% des suffrages, la perte de 3,8% de son électorat fait office de désillusion.

Mais de l'eau a coulé sous les ponts depuis ce dimanche d'octobre. Selon le dernier baromètre SSR, l'Union démocratique du centre progresserait de 1,5%. De quoi gonfler à bloc le moral du parti conservateur, dirigé depuis trois ans par le conseiller aux Etats Marco Chiesa, au moment de partir en campagne.

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Interrogé dans La Matinale de jeudi sur un éventuel nouveau succès dans les urnes, le Tessinois répond: "Beaucoup de monde, surtout dans les médias, nous voient déjà ouvrir le champagne. Moi, franchement, je prépare de l'Ovomaltine, parce qu'on vient de commencer la campagne."

En 2019, l'UDC a perdu près de 100'000 électeurs et électrices. Au moment de dresser le profil de leurs soutiens fidèles, Marco Chiesa estime qu'il s'agit de personnes dont les choix sont "très pragmatiques" et qui ont une attitude qui "n'est pas idéologique", mais "qui ont envie que la Suisse reste la Suisse: un pays indépendant, neutre, sûr et libre".

Immigration comme filigrane

C'est grâce aux thèmes de l'énergie et de l'approvisionnement énergétique, qu'il souhaite "sûr" et "financièrement abordable", et à son sujet de prédilection, l'immigration, que Marco Chiesa entend "regagner la confiance" des personnes qui ont fait un choix alternatif à l'époque.

"L'immigration a des conséquences extraordinaires sur notre pays. Nous sommes déjà 9 millions et nous filons vers la barre des 10 millions de personnes. Chaque année, 80'000 personnes arrivent (...) Ce sont des thèmes sur lesquels l'UDC a toujours eu une clarté et une cohérence. Ce sont ces positions qui vont mobiliser les personnes", estime-t-il.

Il faut bien savoir quel type d'immigration nous voulons: de substitution, ou complémentaire?

Marco Chiesa, président de l'UDC

L'UDC a précisément lancé début juillet une initiative intitulée "Pas de Suisse à dix millions". Or, dans un sondage SSR, les personnes vivant en Suisse disent se sentir bien et ne pas être spécialement inquiets vis-à-vis de l'immigration. Ne s'agit-il dès lors pas d'un faux problème?

"Je pense que les problèmes sont sous les yeux de tout le monde. Quand on cherche un appartement, on ne le trouve pas, on a la problématique de la mobilité ou de la caisse maladie, le problème de l'approvisionnement énergétique. Tout cela est lié à l'immigration. Elle génère une spirale qu'il faut gérer, alors que maintenant, nous la subissons", répond le président de l'UDC.

Paradoxalement, l'économie, secteur dont l'UDC est proche, répète depuis plusieurs mois qu'elle a besoin de main-d'oeuvre et que le moment n'est pas venu de freiner l'immigration. "Une personne sur cinq est un travailleur spécialisé. Il faut faire immigrer les compétences, mais ici, nous avons une immigration de masse. Il faut bien savoir quel type d'immigration nous voulons: de substitution, ou complémentaire?", réagit encore Marco Chiesa.

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Le nucléaire comme solution énergétique

L'UDC se profile aussi sur sur la question de l'approvisionnement énergétique. "Lorsque l'on parle du secteur de l'énergie, moi j'ai des craintes sérieuses que notre approvisionnement soit sûr dans le futur", déclare encore le Tessinois.

Pour lui, la solution se trouve dans les centrales nucléaires. "Ce n'est pas l'UDC qui dit ça, c'est toute l'Europe qui va dans cette direction et qui estime que l'énergie nucléaire permettra d'atteindre les objectifs climatiques. Le solaire? On a vu l'offensive en Valais, il y a des problématiques monstres."

Un budget de campagne colossal

L'UDC dispose d'un budget de 4,2 millions de francs pour la campagne en vue des élections fédérales, largement supérieur aux autres forces politiques.

"On travaille depuis 2019 à ce budget, parce que c'est vrai, on a perdu en 2019 et on veut récupérer. On ne veut pas que la politique suisse aille à gauche, qu'elle oublie les petites et moyennes entreprises, le pouvoir d'achat de notre pays et que la Suisse devienne une Suisse à dix millions", conclut le conseiller aux Etats tessinois.

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>> Les autres présidents de parti seront prochainement interviewés dans La Matinale.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Jérémie Favre

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