Les élections fédérales, ça change quoi pour vous?

Le Conseil national et le Conseil des Etats ont un impact énorme sur nos quotidiens. Ces deux Chambres font et défont les lois qui régissent le pays et donc nos vies. Tous les quatre ans, on a le choix de renouveler leurs membres. Rien que lors de sa dernière session en juin dernier le Parlement a approuvé douze objets.

Des compromis obtenus à chaque fois après de longues discussions et des concessions de la part de tous les partis, comme pour la nouvelle définition du viol. Le 19h30 du 1er juin dernier rendait d'ailleurs bien compte de ces débats entre les partis à ce sujet.

"L’UDC pense que le 'oui c'est oui' est symbolique et ne changerait pas grand-chose", déclarait la conseillère nationale UDC zurichoise Barbara Steinemann. "Pour le groupe PLR, c'est clair que le phénomène de sidération existe", lui répondait alors sa collègue bernoise PLR Christa Markwalder. "Avec toutes ces améliorations, la sidération, la main tendue des Etats, nous avons trouvé un compromis avec lequel on peut vivre", concluait la Verte bâloise Sibel Arslan.

>> Regarder le sujet du 19h30 du 1er mai 2023 sur la redéfinition du viol :

A de très rares occasions, le Parlement est unanime. C’était le cas pour la création d’une enquête parlementaire sur l’affaire Credit Suisse. Le Parlement a aussi décidé de rejeter un projet de retraite à 66 ans à la place de 65. Il a donc des impacts directs sur nos droits et sur nos vies.

Au cours des quatre ans qui s’achèvent, il y a environ 250 projets de lois qui ont été votés au Parlement, il n’y en a eu que 21 soumis au référendum

Pour Roger Nordmann, président du groupe socialiste, les élections fédérales ont même plus de poids que les votations fédérales. "Au cours des quatre ans qui s’achèvent, il y a environ 250 projets de lois qui ont été votés au Parlement, il n’y en a eu que 21 soumis au référendum."

La capacité à gagner des votes découle du nombre de sièges de chaque parti et des alliances. Depuis un siècle, le Parlement suisse est à majorité de droite.

Droit d'urgence

Le Parlement joue aussi un rôle de contrôle du Conseil fédéral et donc de la gestion du pays. A deux reprises ces dernières années, il est intervenu lors de situation de crise. Ce printemps, la gauche alliée à l’UDC a refusé en session extraordinaire les 109 milliards de crédit pour la reprise de Credit Suisse. Des débats reflétés dans le 19h30 du 16 avril dernier.

"Si la crise de 2008 était la tragédie, celle de 2023, c’est définitivement la farce", assenait le conseiller national socialiste argovien Cédric Wermuth. "En effet, l’UBS a usé de méthodes dites de marchands de tapis", renchérissait l’UDC vaudois Jacques Nicolet, avant que le Vert zurichois Balthazar Glättli ne lance: "Si le climat était une grande banque, le Conseil fédéral l’aurait déjà sauvé."

>> Regarder le sujet du 19h30 du 16 avril 2023 sur la débâcle de Credit Suisse :

Trois ans auparavant, en mai 2020, le Parlement s’était réuni hors les murs, à BernExpo, pour évaluer la gestion du Covid-19 par le Conseil fédéral.

A cette occasion, l'UDC Céline Amaudruz, conseillère nationale genevoise, insistait sur le fait que le Parlement devait reprendre sa place: "Il y a déjà eu assez de victimes pendant ce Covid pour ne pas tuer le tissu économique (…) On commence cette phase de fin de confinement (…) et aujourd’hui le Parlement doit reprendre sa place (…) pour pouvoir stopper ce droit d’urgence mis en vigueur par le Conseil fédéral"

>> Le sujet de La Matinale du 4 mai 2020 :

Des intérêts régionaux

Les élus sont choisis par la population de leurs cantons et défendent donc les intérêts de leur région, rurale, urbaine montagnarde ou périphérique. S’ensuit un jeu d’alliances qui comporte parfois des trahisons, comme quand les cantons romands regrettent le percement d’un deuxième tube au tunnel du Gothard en 2012.

"Oui, le tunnel routier du Gothard menace un projet autoroutier comme le grand contournement de Morges et d’autres projets comme des jonctions autoroutières dans l’ouest de Lausanne", pointait Patrick Eperon, secrétaire du Centre patronal vaudois dans La Matinale du 28 juin 2012.

Je pense que la latinité est un mythe, elle est évoquée souvent par les Romands à l’adresse des Tessinois, quand ils ont besoin d’un soutien

Ou encore lors de l’élection du conseiller fédéral valaisan Pascal couchepin plutôt que du Tessinois Fulvio Pelli. Une alliance latine au cas par cas, comme l'avait dit l’ex-correspondant du Tages Anzeiger au Tessin Beat Allenbach dans l’émission Classe politique du 21 septembre 2009: "Je pense que la latinité est un mythe. Elle est évoquée souvent par les Romands à l’adresse des Tessinois, quand ils ont besoin d’un soutien."

Des Chambres qui élisent le gouvernement

Jusqu’aux années 2000 et pendant près de 50 ans, la composition du gouvernement a été stable avec ce qu’on appelait la formule magique (2 PLR, 2 PDC 2 socialistes et 1 UDC).

Depuis l’élection de l’UDC Christoph Blocher en 2003, elle est remise en question. Aujourd’hui avec la montée du centre politique et des Vertes et verts, on ouvre même la discussion sur le nombre de sièges au Conseil fédéral.

"C’est clair qu’aujourd’hui la formule magique ne correspond plus vraiment à la réalité et que le centre politique est sous représenté (…) nous devrons reparler de cette formule magique selon les résultats d’octobre", notait la vice-présidente du Centre Marie-France Roth Pasquier, le 5 juillet 2023 dans Forum.

Une discussion à laquelle le vice-président du PLR suisse Philippe Nantermod semblait moins ouvert: "Cela fait 175 ans que la Suisse est gouvernée par la droite et le centre droit, quand le PDC s’assumait encore comme un parti de droite. C’est un choix qui appartient aux électeurs (...) mais en tout cas on va se battre pour maintenir nos deux sièges au gouvernement."

>> Le sujet de Forum du 5 juillet 2023 :

Claire Burgy