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Ruag aurait déjà vendu 25 des 96 chars Leopard proposés à l'Allemagne

Ruag a vendu ses chars Leopard 1 à 500.--pièce après les avoir acheté à 43'000.- l'unité révèle le Tages Anzeiger
Ruag a vendu ses chars Leopard 1 à 500.-/pièce après les avoir acheté à 43'000.- l'unité révèle le Tages Anzeiger / 19h30 / 2 min. / le 26 août 2023
Le mystère s'épaissit dans l'affaire des chars Leopard 1 A5 stockés en Italie. L'entreprise suisse Ruag voulait les vendre à l'Allemagne, qui les aurait envoyé en Ukraine. Mais selon une enquête du Tages-Anzeiger publiée samedi, une partie de ces chars auraient déjà été vendus il y a quatre ans pour un prix dérisoire.

En 2019, Ruag a vendu 25 chars Leopard 1 à une entreprise bavaroise, Global Logistics Support GmbH (GLS). L'entreprise n'a payé que 12'500 francs environ ces 25 chars, soit un prix unitaire de 500 francs.

Ce sont précisément ces chars que le groupe d'armement aux mains de la Confédération voulait, jusqu'à récemment, envoyer indirectement à l'Ukraine en les vendant à une autre entreprise allemande, Rheinmetall, ce que le Conseil fédéral a refusé il y a deux mois.

>> Lire à ce sujet : Le Conseil fédéral refuse à Ruag la réexportation de chars Leopard 1 A5

Enquête externe ouverte

Alors que lundi, la cheffe de l'armée Viola Amherd annonçait une enquête externe sur cette vente, les révélations de l'enquête du Tages-Anzeiger publiées samedi surprennent le monde politique.

Fabien Fivaz, conseiller national écologiste (NE) et membre de la Commission de la politique de sécurité, s'étonne: "Ce qui me surprend le plus, c'est que Ruag ne soit pas au courant qu'au moment où ils signent un contrat avec Rheinmetall pour l'ensemble des chars, 25 ont déjà été cédés."

Des chars pour des clopinettes

Autre surprise, Ruag aurait vendu les 25 chars à 500 francs l'unité, alors que l'entreprise suisse les avait achetés à plus de 43'000 francs par pièce trois ans auparavant. Une "mauvaise affaire", titre le Tages-Anzeiger.

A droite, on s'interroge sur les dirigeants de Ruag. Olivier Français, conseiller aux Etats et membre du PLR (VD), réagit dans le 19h30 de la RTS: "Manifestement, il y a un problème au niveau de la gouvernance, et ça peut remonter jusqu'au Conseil d'administration, puisqu'on sent très bien que ces armes de guerre ne peuvent pas être vendues sans passer par un certain processus. Donc il y a un très très gros malaise au sein de Ruag".

A gauche, on demande déjà un plus grand contrôle politique de Ruag. Pierre-Alain Fridez, conseiller national socialiste (JU), pense que "le politique devrait avoir un regard beaucoup plus clair, beaucoup plus précis sur les agissements de cette entreprise."

Membre de la Commission de gestion du Conseil des Etats, Charles Juillard (Le Centre/JU), prévient que "Ruag devra s'expliquer devant la Commission, le Département devra s'expliquer et accessoirement le Conseil fédéral par rapport aux objectifs qu'il a fixés".

GLS réclame ses chars

L'entreprise GLS n'a pas réagi aux demandes de dernière minute du Tages-Anzeiger. Elle a toutefois envoyé un communiqué au journal dans lequel elle souligne son droit à 25 des chars parqués dans le nord de l'Italie.

Selon le Tages-Anzeiger toujours, la GLS n'avait fait part de ses droits de propriété sur les 25 léopards à Ruag que la semaine dernière, par l'intermédiaire d'un cabinet d'avocats. Le conseil d'administration de Ruag aurait donc convoqué une réunion spéciale dimanche dernier. Il y aurait décidé d'ouvrir une enquête sur les événements.

>> Retour sur la saga Ruag dans le 19h30 :

L’affaire des chars Leopard 1 achetés par RUAG et stockés en Italie continue d’agiter la Berne fédérale
L’affaire des chars Leopard 1 achetés par RUAG et stockés en Italie continue d’agiter la Berne fédérale / 19h30 / 2 min. / le 28 août 2023

Sujet TV: Daniel Bachmann, Nicolas Rossé

Adaptation web: Julien Furrer

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Un couple valaisan sous enquête

Un couple valaisan est visé par l'enquête de procureurs allemands concernant des faits de corruption en lien avec des chars Leopard 1 de Ruag stockés en Italie, rapporte le SonntagsBlick. Un ancien responsable de l'entreprise d'armement en mains de la Confédération aurait conclu un contrat par le biais d'une société, détenue à 50% par son épouse.

Toujours selon le journal, qui cite un rapport d'audit d'Ernst & Young, les 100 chars rachetés en 2016 à l'Italie ont coûté 7,3 millions de francs et non 4,5 millions comme il avait été question jusqu'à présent. L'entreprise Ruag était surtout intéressée par les pièces de rechange.

Le chiffre d'affaires réalisé avec ce stock atteint entre 1 et 1,5 million de francs par année, précise le rapport.