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Alain Berset: "A la fin, la chose la plus importante, c'est le bonheur"

PMEPV: l'interview d'Alain Berset
Les Suisses se disent heureux: l'interview du président de la Confédération Alain Berset Berset / L'actu en vidéo / 7 min. / le 28 août 2023
La population suisse est très majoritairement heureuse: c'est la principale conclusion de la grande enquête réalisée par l'institut gfs.bern pour la SSR et publiée la semaine dernière. "On ne peut franchement pas trop se plaindre en Suisse", commente le président de la Confédération Alain Berset. Mais il n'en oublie pas pour autant les gens qui ont des difficultés.

Pas moins de 61% des habitants du pays se disent satisfaits de leur existence, montre le sondage "Comment va la Suisse" réalisé ce printemps auprès de plus de 57'000 personnes. Un tableau flatteur qui n'étonne pas le président de la Confédération.

"Globalement, surtout si l'on voit ce qui se passe ailleurs dans le monde, on ne peut pas trop se plaindre", souligne Alain Berset à la RTS. Mais tout n'est pas rose, tempère-t-il. "Il y a une immense diversité dans la population, il y a toujours des problèmes à régler, il y a des gens qui ont des difficultés et c'est vis-à-vis d'eux qu'il faut qu'on soit très attentif."

Et vous, est-ce que vous êtes heureux, monsieur le président? "Oui, et de plus en plus avec la liberté qui m'attend", confesse le ministre socialiste, qui quittera son poste à la fin de l'année. Considéré comme le membre du Conseil fédéral le plus populaire et le plus influent, présenté comme un politicien extrêmement ambitieux, Alain Berset l'assure: "Le pouvoir peut rendre fier, mais ne rend pas heureux. "Pour lui, le bonheur est à chercher ailleurs. "C'est beaucoup plus personnel. Mais à la fin, c'est quand même la chose la plus importante."

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La pandémie derrière nous, ou presque

Alors que la population se dit davantage heureuse à la maison qu'au travail, Alain Berset insiste pour sa part sur l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle. "On peut aussi se réaliser dans les activités professionnelles. Il y a aussi du lien social, il y a aussi des émotions", avance-t-il. Loin de tordre le cou au mythe de la Suisse laborieuse, le désamour apparent d'une grande partie des sondés pour leur travail s'explique peut-être aussi par l'inflation, soupçonne le Fribourgeois. "Les coûts augmentent un peu partout et cela peut créer un certain stress dans la population."

Alain Berset se réjouit par ailleurs que la pandémie de Covid-19 ne préoccupe plus la Suisse, comme le montre le sondage. "D'ailleurs, ça ne me préoccupe plus beaucoup non plus", rigole-t-il. "La pandémie a été une épreuve brutale, terrible (...) On a vécu une situation dans laquelle l'incertitude et l'insécurité qui venaient avec la pandémie ont créé beaucoup de tensions, d'énervements, de frustrations, qui se sont parfois exprimées de manière brutale", se rappelle le ministre de la Santé.

Pour lui, le plus important aujourd'hui est de permettre à chacune et chacun de réintégrer la société et de renforcer le lien social. "Cela, c'est quelque chose qui n'est pas terminé et nous occupe encore", concède-t-il.

Face aux défis futurs, le risque du repli

Même si les Suisses accordent une grande confiance à l'Etat, aux institutions et au modèle économique helvétique, une grande partie d'entre eux affichent leur inquiétude pour les générations futures, note le sondage. La Suisse et le monde font en effet face à des enjeux et des défis énormes, constate Alain Berset, mais pour lui le plus grand risque que court le pays est de céder à la peur et de se replier sur lui-même. "Si on va dans ce sens-là, on va se rabougrir et se ratatiner. Ce serait la catastrophe", met en garde le conseiller fédéral.

"C'est justement dans les moments les plus difficiles qu'on doit avoir du courage et une envie d'avenir. C'est là qu'on doit s'engager, non seulement pour les prochaines semaines, mais aussi pour les prochaines années, les prochaines décennies", affirme-t-il. Et le président de la Confédération de rappeler qu'on fête cette année les 175 ans de la Constitution fédérale de 1848, "un texte novateur, tourné vers l'avenir, extrêmement puissant" et qui, pourtant, "apparaît à un moment de grande tension", au terme d'une guerre civile. "On a besoin du même courage aujourd'hui", conclut Alain Berset.

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Propos recueillis par Alexis Favre

Adaptation web: Didier Kottelat

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