Les personnes souhaitant se présenter aux élections fédérales avaient jusqu'à lundi pour déposer leur candidature dans les cantons romands. Le nombre de femmes, qui représentent 41% du total des candidats, dépasse de peu le score record des dernières élections fédérales.
La part des femmes avait déjà fortement progressé il y a quatre ans. Elle monte encore très légèrement cette année. Pour la deuxième fois consécutive, plus de 4 candidats sur 10 sont des candidates, avec toutefois des proportions variables à travers la Suisse romande.
Le Jura est le canton qui présente le moins de femmes: à peine 35% des candidats aux deux Chambres. À l'inverse, Neuchâtel et Genève frôlent la parité avec 47% de candidates.
Trouver des candidates
Pour les partis, trouver des candidates reste un objectif pas toujours facile à réaliser. Concilier vie de famille, vie professionnelle et vie politique n'est pas évident, a expliqué mardi dans La Matinale Claudine Esseiva, députée PLR bernoise et membre d'Alliance F, la faîtière des organisations féminines.
"Le climat en politique envers les femmes est quand même plus rude qu'auprès des hommes. C'est la raison pour laquelle il faut toujours avoir un réseau, montrer qu'on est une équipe. C'est aussi important de sensibiliser à ce débat: il faut que les femmes s'engagent", a souhaité Claudine Esseiva.
Davantage d'élues?
Ce nombre important de candidates ne présage toutefois pas forcément davantage de femmes élues au Parlement en octobre.
En effet, si sur le long terme, le nombre de femmes élues à Berne augmente, ce n'est pas une règle absolue et le contexte des dernières élections était particulier. En 2019, la grève féministe signait son grand retour et une marée violette avait envahi les rues du pays. Cet événement a probablement encouragé certains électeurs à préférer les candidatures féminines.
Par ailleurs, le score que font les partis influence également la part de femmes au Parlement. La gauche envoie habituellement plus de femmes que la droite sous la Coupole. Par conséquent, plus un Parlement est à gauche, plus il a tendance à être féminin.
Si le bloc de gauche perd des plumes aux prochaines élections, la part de femmes pourrait, elle aussi, reculer.
De plus, pour faire élire des femmes, avoir beaucoup de candidates ne suffit pas, a également relevé dans La Matinale Anke Tresch, politologue à l'Université de Lausanne. "Il faut aussi être bien placée sur la liste des partis. Si on figure tout à la fin de la liste, on a très peu de chance d'être élue."
>> L'interview d'Anke Tresch dans La Matinale:
Sujet radio: Philéas Authier
Adaptation web: lan/jord avec ats
5908 candidats à l'heure actuelle au niveau suisse
Si toutes les candidatures ne sont pas encore connues pour la course au Conseil national, leur nombre apparaît d'ores et déjà plus élevé qu'en 2019, selon un décompte de Keystone-ATS. L'agence de presse suisse a dénombré 5908 candidats et candidates jusqu'à présent, contre 4660 au total en 2019.
Les listes définitives sont connues dans les vingt cantons ayant plus d'un siège à la Chambre du peuple. Les six cantons ne disposant que d'un seul siège (soit Uri, Glaris, Obwald, Nidwald et les deux Appenzells) ne sont pas comptabilisés. Plusieurs grands cantons ont annoncé un nombre record de candidatures, comme Zurich, Berne, Vaud, Soleure et les Grisons.
Le canton de Zurich, qui aura le droit à un siège supplémentaire (36 au total) dès la prochaine législature, a annoncé 1341 candidatures. Dans le canton de Berne, 776 personnes se disputeront 24 sièges, tandis que dans le canton de Vaud, 384 noms sont proposés pour garnir 19 sièges.
Ce nombre est toutefois en recul dans au moins trois cantons: Bâle-Ville, Fribourg et le Valais. Globalement, la Suisse romande se montre plus réticente à déposer des candidatures par rapport au nombre de sièges. Neuchâtel enregistre par exemple 15 candidatures par siège attribué (4), et le Jura douze (2 sièges). Fribourg et Vaud annoncent environ 20 candidatures par siège et Genève 21. Le Valais en compte un peu plus, avec environ 27.
Multiplications des listes
Le nombre de listes et de "sous-listes" a également fortement augmenté. Le Centre présente par exemple à lui seul plus de 1000 candidates et candidats dans tout le pays. A Fribourg, ce parti a déposé pas moins de cinq listes.
Les partis gonflent désormais artificiellement leurs listes. Et la plupart des candidats ne sont pas là pour se faire élire, mais ils jouent plutôt le rôle d'ambassadeurs, de "porteurs d'eau", pour les têtes de liste, dont on veut assurer la réélection.
Le Centre a fait de bonnes expériences il y a 4 ans avec cette stratégie. Chaque liste rapporte en effet entre 0,5 et 0,6% chacune, estime le parti, qui avait gagné un siège en Argovie avec cette stratégie en 2019.
Selon le politologue Michael Hermann, interrogé dans le 19h30, cette inflation des candidatures peut être dangereuse pour la démocratie: "Cela rend les élections encore plus compliquées, on peut déjà panacher les listes, on peut cumuler des candidats, maintenant on a en plus une multiplication des sous-listes. C'est comme si on spamait les électrices et les électeurs."