Les institutions diffusent une image trop esthétisée de la fin de vie, selon une étude
Une jeune infirmière tend un verre d'eau à un homme aux cheveux blancs, ils se sourient. Une main bien lisse tient une main ridée parsemée de taches de vieillesse posée sur une couverture. Les brochures et sites Internet des institutions de soins fourmillent de telles images, a indiqué mercredi le Fonds national suisse (FNS) dans un communiqué.
Ces images symboliques payantes sont la plupart du temps mises en scène avec des modèles et distribuées par des agences. Gaudenz Metzger, de la Haute école des arts de Zurich, s'est penché avec sa collègue Tina Braun sur cette problématique, étudiant diverses banques de données photographiques dans le cadre du projet "Sterbesettings" ("Settings of Dying"), soutenu par le FNS.
Le constat des deux scientifiques est critique: ces illustrations transmettent une représentation stéréotypée de la fin de vie, aussi bien aux personnes souhaitant recourir aux soins palliatifs qu'à la société dans son ensemble.
Deuil, douleur et angoisse occultés
"Après avoir analysé plus de 600 photos et classé les motifs rencontrés en différentes catégories, nous avons constaté qu'elles sont très redondantes et que le langage visuel auquel elles recourent se résume à quelques éléments récurrents", note Gaudenz Metzger, cité dans le communiqué.
De manière générale, elles mettent en scène la présence et l'empathie du personnel soignant, l'absence de douleur et l'idée que la mort est synonyme d'accomplissement et de transcendance. Le personnel soignant est généralement jeune, physiquement attirant et de sexe féminin. Les malades sont âgés, blancs et bien habillés.
Les photos en question occultent complètement de nombreux aspects de la fin de vie, comme le deuil, l'angoisse et la douleur. Rien ne laisse penser que les personnes prises en charge sont gravement malades et pourraient souffrir. Les appareils médicaux comme les équipements nécessaires aux soins brillent par leur absence.
Les scientifiques plaident donc pour que les soins palliatifs soient présentés d'une manière plus équilibrée, évitant les stéréotypes et n'excluant pas complètement les aspects difficiles de la mort. Ces travaux sont publiés dans le Journal of Death and Dying.
ats/fgn