Adolf Hitler a levé des fonds pour son parti à Zurich il y a 100 ans
La seule visite connue d'Adolf Hitler en Suisse a eu lieu il y a 100 ans, fin août 1923. Celui qui n'était pas encore le Führer de l'Allemagne nazie est venu à Zurich pour lever des fonds pour son parti en mal de financement. Cette page d'histoire reste à ce jour délicate pour la ville.
C'est dans la Villa Schönberg que s'est rendu Adolf Hitler lors de sa seule visite avérée en Suisse. L'Allemagne connaissait à l'époque une période de crise et d’émeutes sur fond d’hyperinflation. Adolf Hitler présidait le Parti national-socialiste des travailleurs allemands, qui n’était pas encore au pouvoir et qui voulait renverser la République de Weimar. Mais son parti manquait cruellement de fonds pour monter en puissance.
Celui que l'on appellera plus tard le Führer est donc venu en Suisse pour une levée de fonds, plus précisément dans la maison d'Ulrich Wille fils. Cet officier suisse avait visité l’Allemagne et s’enthousiasmait pour les thèses développées par Hitler.
"Ulrich Wille avait rencontré des milieux d'extrême-droite et monarchiques et il avait déjà eu une rencontre avec Adolf Hitler en décembre 1922. Ce dernier était alors un homme politique insignifiant, mais en pleine ascension", a relaté l'historien Jakob Tanner mercredi dans le 19h30.
Un demi-million de francs levés
La soirée dans la villa zurichoise et d’autres événements du même genre auraient permis à Adolf Hitler de lever un montant d'un demi-million de francs suisses en valeur actuelle.
"C'était tout à fait décisif pour le mouvement pendant cette période de vaches maigres de 1923, de voir affluer des devises fortes provenant de Suisse. Pour pouvoir continuer à financer des gens, à avoir de l'argent pour les troupes de choc qui faisaient régner la terreur dans les rues. Ce financement intervenait vraiment dans une phase névralgique", a précisé l'historien.
L'étape était donc cruciale en vue de l’accession au pouvoir d'Adolf Hitler dix ans plus tard.
Un héritage peu assumé
Mais cet épisode zurichois est un héritage qui reste encore peu connu et assumé, alors même que la Villa Schönberg appartient désormais à la Ville de Zurich. Pour l'historien Jacques Picard, cette reconnaissance du passé pourrait prendre la forme de plaques ou de monuments commémoratifs pour les victimes du nazisme.
"Ce serait important que cette question fasse l'objet d'un débat public et que les meilleures idées pour faire ce travail de mémoire puissent être générées. C'est une nécessité urgente", estime-t-il.
Une demande que la Ville de Zurich dit prendre au sérieux. Elle compte faire un travail pour inventorier les événements historiques liés à cette époque.
Sujet TV: Mathieu Lombard avec SRF
Adaptation web: juma
Publié Modifié