Philippe Nantermod: "La place du PLR sur le podium permet de maintenir un gouvernement de droite - centre-droit"
A huit semaines des élections fédérales, le PLR se montre conquérant. En 2019, lors des dernières fédérales, les libéraux-radicaux ont perdu des plumes, atteignant 15,1% des voix. Quatre ans plus tôt, le parti était pourtant parvenu à stopper l'hémorragie. Le PLR demeure toutefois la troisième force politique du pays.
Selon le dernier baromètre électoral de la SSR, le PLR perdrait 0,5% des voix en octobre. Mais, selon le Tages-Anzeiger, le parti remporterait trois sièges supplémentaires au Conseil des Etats, à Soleure, Schwyz et au Tessin, et il deviendrait ainsi la formation la plus forte de la Chambre des cantons.
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L'objectif du PLR est de monter sur la deuxième marche du podium et détrôner le Parti socialiste. "Cette place sur le podium politique nous garantit notre présence au Conseil fédéral et permet à la Suisse de maintenir un gouvernement de droite - centre-droit qui a fait le succès de notre pays au cours des dernières décennies", souligne le vice-président du PLR Philippe Nantermod jeudi dans La Matinale de la RTS.
Des débats "qui agacent la population"
Le conseiller national valaisan se réjouit de voir que le PLR a récemment gagné des sièges dans "beaucoup de législatifs et exécutifs", notamment dans les cantons de Fribourg et de Vaud. "La vague verte il y a quatre ans, qui nous a coûté des voix, a finalement débouché sur très peu de solutions concrètes", estime-t-il.
Et d'ajouter: "Tous les débats woke ou sur le genre agacent la population et apportent des réponses à des problèmes qui sont peu existants, voire inexistants, alors qu'en même temps, l'économie suisse et européenne est à la traîne: cela fait quinze ans qu'on n'a pas de croissance."
Le "peu de croissance" est aspiré par les primes maladie et les retraites, selon lui. Il y a également un problème dans l'apprivoisement de l'électricité et les assurances sociales. "Ce sont des sujets sur lesquels la population attend des réponses, parfois difficiles à entendre, mais nécessaires pour aller dans la bonne direction."
Une assurance maladie "à deux classes"
Face à la question du pouvoir d'achat, "le PLR ne propose pas d'arroser les gens d'argent public, car chaque franc que l'Etat dépense, il doit le prendre dans une poche à un moment ou un autre", poursuit Philippe Nantermod. Sur la question des assurances maladies, le PLR propose une assurance low cost.
Aujourd'hui, la première classe est obligatoire et la deuxième classe suffirait pour énormément de gens. C'est ce qu'on a avec les CFF: le train arrive à la même heure, mais vous pouvez avoir une formule qui épargne un peu votre budget
"Celles et ceux qui paient des primes trop chères pour avoir trop peu de préstations doivent avoir la possibilité d'avoir une assurance de base obligatoire, mais qui doit être accessible", explique le vice-président du PLR, qui assume un système de santé "à deux classes".
"Aujourd'hui, la première classe est obligatoire et la deuxième classe suffirait pour énormément de gens. C'est ce qu'on a avec les CFF: le train arrive à la même heure, mais vous pouvez avoir une formule qui épargne un peu votre budget."
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Davantage d'apparentements avec l'UDC
L'asile est aussi un thème qui est revenu sur le devant de la scène avec les chiffres élevés de l'immigration et le débat sur les centres d'accueil. Le PLR a récemment déposé ou soutenu plusieurs durcissements sur l'asile. "Nous sommes conscients que la Suisse a besoin d'une main d'oeuvre étrangère, contrairement à l'UDC."
Le PLR ne se rapproche pas de l'UDC, indique Philippe Nantermod, qui assume le nombre record d'apparentements avec le parti dirigé par Marco Chiesa. "Nous ne sommes pas des enfants de coeur. Nous ne faisons pas de la pétanque, mais de la politique. Dans ce sens, on estime que si nous voulons gagner les élections et avoir une forte majorité au Conseil fédéral, nous devons gagner avec nos partenaires."
Il y a un côté pochette surprise avec les Vert'libéraux. Les gens pensent élire un parti de droite libérale. En réalité, en Suisse alémanique, c'est un parti qui vote essentiellement avec Les Verts
Le vice-président du PLR critique aussi la position des Vert'libéraux et du Centre. "Il y a un côté pochette surprise avec les Vert'libéraux: les gens pensent élire un parti de droite libérale. En réalité, en Suisse alémanique, c'est un parti qui vote essentiellement avec Les Verts."
Et de poursuivre: "Le Centre n'est plus le PDC. Il ne se définit plus, malheureusement, comme un parti de centre-droit. S'il devait avoir un changement au sein du Conseil fédéral, la politique bourgeoise, libérale de droite, que l'on mène actuellement pourrait faire place à une politique de centre-gauche comme on la connaît dans les pays qui nous entourent."
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Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Valentin Jordil