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Les urgences de l'hôpital de Neuchâtel testent la gouvernance partagée

Les urgences de l'hôpital de Neuchâtel tentent la gouvernance participative. [Keystone - Laurent Gillieron]
A Neuchâtel, le service des urgences s'essaie à la gouvernance partagée / La Matinale / 4 min. / le 1 septembre 2023
Dans les hôpitaux, de plus en plus de soignants et soignantes quittent le navire. Pour pallier ce manque, les urgences du réseau hospitalier de Neuchâtel tentent la gouvernance participative.

Depuis 2019, environ 50% des soignantes et soignants du département des urgences du réseau hospitalier neuchâtelois sont partis. Des journées de formation sont organisées pour s'essayer à de nouvelles formes de management, avec l'espoir de vivre un changement profond au sein de l'hôpital.

Vincent della Santa, médecin chef du département des Urgences à l'hôpital de Neuchâtel, déclare dans La Matinale que le modèle actuel de gouvernance n'est pas adapté en milieu hospitalier: "La hiérarchie pyramidale avec un chef qui doit tout valider et prendre des décisions seul, ça fonctionne mal".

Des croyances erronées

Selon Benjamin Cléry, formateur pour Instant Z, les fausses croyances sur la gouvernance partagée sont nombreuses: "On pense qu'il n'y aura plus de hiérarchie. Mais en fait, il y aura une hiérarchie de rôle plutôt qu'une hiérarchie de personne. Il n'y aura pas une personne qui est au-dessus d'une autre mais plutôt une personne qui a plusieurs rôles".

Même lors d'urgences vitales, la méthode peut s'appliquer, il suffit d'adapter les concepts: "En déchoquage, on a une minute pour décider si on le fait ou pas, alors on ouvre la parole aux cinq personnes qui sont autour de la table pour demander si quelqu'un voit un risque à ce qu'on avance. Et là, on est déjà en train de faire du consentement, même si on cherche la rapidité."

Cette formation donne également l'occasion aux participants de partager leurs succès comme leurs échecs. Une des participantes exprime sa frustration de ne pas pouvoir soigner les gens avec ses valeurs de soignante.

"La hiérarchie n'est pas la solution à tout"

Pour retrouver ces valeurs, Vincent della Santa est persuadé que les décisions doivent venir de la base et non plus seulement du haut:

Le sens a été perdu par les soignants parce qu'on n'a plus le lead de la stratégie hospitalière. Les décisions opérationnelles devraient être laissées au terrain.

Vincent della Santa, médecin chef du département des Urgences à l'hôpital de Neuchâtel

Christine, infirmière aux urgences depuis 23 ans, veut croire au potentiel de la gouvernance partagée: "Je pense que c'est une façon de remotiver les gens, de les réimpliquer dans leur métier. Je pense que la gouvernance partagée est bien car elle va être prise depuis le terrain. La hiérarchie n'est pas forcément la solution à tout."

Gerald Brandt, directeur des ressources humaines du réseau hospitalier neuchâtelois, constate le fort besoin de changement au sein des urgences:

"Je pense que toute approche qui permette de redonner du sens ou de réapproprier les gestes et de véritablement prendre en compte les besoins des patients est une approche qui doit être testée."

Absentéisme en hausse

Depuis cette année, l'hôpital constate une augmentation du taux d'absentéisme. Des études montrent un lien direct entre le style de management et l'absentéisme, voire la qualité des soins ou même la mortalité des patients dans les hôpitaux.

"Dans un certain sens, il s'agit d'être attentif à ces questions de management et l'idée de pouvoir faire participer l'ensemble du personnel dans la prise de décision, dans la prise en charge des patients doit permettre d'améliorer cette situation et de réduire les risques."

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L'aspect financier joue aussi un rôle dans cette approche qui a pour but de faire rester le personnel: "Il y a bien évidemment la question financière derrière. Par contre, si l'efficience peut être améliorée, il y a également une diminution des coûts indirects qui peut être obtenue".

Redistribuer le pouvoir

Quant à la façon dont les personnes qui ont une vision conformiste de la hiérarchie perçoivent cette expérience, Gérald Brandt est conscient qu'il devient nécessaire d'abandonner certains rôles:

"L'approche de la gouvernance partagée remet en question la notion de pouvoir et le redistribue là où les personnes peuvent véritablement agir. Les personnes au front doivent être impliquées et prendre les décisions nécessaires."

Il ajoute que cette approche, si elle est approuvée, pourrait être étendue à l'ensemble des professions du réseau hospitalier:

"On suit avec intérêt cette initiative au sein du département des urgences pour voir ce qu'elle peut apporter en terme d'amélioration de la prise en charge des patients et également dans les aspects relationnels de la collaboration, et voir si cette approche peut également être appliquée ou mise en oeuvre dans d'autres secteurs d'activité."

Sujet radio: Deborah Sohlbank

Adaptation web: Carlotta Maccarini

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