Revendiquant une position consensuelle, Le Centre se donne pour tâche principale de "préserver la cohésion", déclare son président Gerhard Pfister. A Berne, le parti veut être celui qui façonne des majorités pour aller de l'avant. A l'occasion des élections fédérales, les centristes refusent donc les positions radicales. "La polarisation augmente en Suisse. Il faut un parti qui défende les valeurs de la Suisse", clame le Zougois vendredi dans La Matinale.
Certains estiment que l'ex-PDC, avec sa position centriste, ne fait plus partie du bloc bourgeois. A commencer par le vice-président du PLR Philippe Nantermod. Le Valaisan a lancé jeudi dans La Matinale: "Le Centre n'est plus le PDC. Il ne se définit plus, malheureusement, comme un parti de centre-droit."
Le président dudit parti s'en amuse: "La gauche dit que nous sommes trop à droite, la droite dit que nous sommes trop à gauche. Cela signifie que nous sommes le centre." Selon lui, une majorité des adhérents soutiennent ce positionnement à cheval entre les blocs. "Notre base dit à 75% que notre direction est bonne", affirme-t-il.
Changement d'appellation
En parlant de stratégie… Lors de la dernière législature, le Parti démocrate-chrétien a fusionné avec le Parti bourgeois-démocratique (PBD), une petite formation qui avait fait scission de l'UDC. Le PDC, traditionnellement catholique, a abandonné la référence chrétienne pour attirer un nouvel électorat. Gerhard Pfister reconnaît que la formation avait un "problème d'image" et qu'il "fallait l'ouvrir aux électeurs voulant un parti du centre".
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C'est chose faite depuis novembre 2020. Mais le conseiller national zougois estime que le fond du message est resté le même. Comme le PDC avant lui, Le Centre "a pour valeurs principales la liberté et la solidarité; et il prend sa responsabilité. Il faut un centre fort dans le paysage des partis en Suisse. Nous avons des partis tout à droite, tout à gauche. Si on reste avec cela, la Suisse perd sa capacité à trouver des solutions et sa cohésion. C'est notre tâche historique, qui n'a jamais changé", développe celui qui siège à la Chambre du peuple depuis 2003 et qui est à nouveau candidat cet automne.
Des signes encourageants
Le Centre fait donc pour la première fois campagne au niveau national avec son nouveau nom. Son président se dit "confiant, mais réaliste" pour l'avenir. Il vise un objectif de 14% de force électorale à l'élection du Conseil national, c'est-à-dire grosso modo le maintien par rapport au scrutin de 2019.
Le doyen des chefs de parti cite les résultats encourageants des élections cantonales zurichoises de février, un scrutin test avant le grand raout fédéral.
Ce qui est plus important, c'est que nous avons réussi à gagner dans des cantons où le parti a encore du potentiel
Petite formation dans le canton le plus peuplé de Suisse, Le Centre y a obtenu un gain notable de trois sièges au Parlement, passant à onze. D'après Gerhard Pfister, c'est de bon augure et le signe du succès du changement de nom.
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Questionné sur les défaites dans les cantons de
et Zoug, il estime qu'une perte de sièges peut toujours survenir dans un canton où Le Centre est prépondérant. "C'est normal que le parti le plus grand perde quelquefois (…) Ce qui est plus important, c'est que nous avons réussi à gagner dans des cantons où le parti a encore du potentiel", avance-t-il.
Rentes AVS et coûts de la santé
En plus de la lutte contre la polarisation et la recherche de compromis, Gerhard Pfister cite d'autres axes de campagne. Il évoque un frein aux coûts de la santé pour contrer l'augmentation des primes d'assurance maladie. Il mentionne aussi l'adaptation des rentes AVS à l'inflation. Il rappelle également que son parti a lancé deux initiatives populaires sur les rentes AVS et les impôts. L'objectif affiché du parti est de mettre fin à ce qu'il estime être une injustice financière touchant les couples mariés.
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Et si la stratégie du Centre s'avère payante le 22 octobre, voire qu'elle défie les attentes? Imaginons que le parti dépasse la part des suffrages du PLR, lui ravissant la troisième place au Conseil national. Réclamera-t-il un second siège au Conseil fédéral? Gerhard Pfister laisse entendre que non, la concordance étant plus importante que les petits calculs: "Ce n'est pas bon pour la stabilité du pays, ce n'est pas bon si le parti ou son président dit: 'Je suis un peu en avant, je veux immédiatement un deuxième siège'", soutient-il.
Propos recueillis par Delphine Gendre
Texte web: Antoine Michel
D'autres présidents ou vice-présidents de parti seront prochainement interviewés dans La Matinale