"Quand nous avons gagné la votation, j'ai dit à mes collaboratrices et collaborateurs qu'il fallait ouvrir le chantier des révisions, parce que la loi avait des défauts qui devaient être corrigés progressivement. Mais le chantier n'a jamais vraiment été ouvert", regrette la socialiste.
"Depuis trente ans, on a bricolé, et on continue de le faire. C'est du rafistolage", poursuit-elle. La Genevoise déplore le peu de moyens d'intervention dont dispose l'Etat. "Il n'y a pas de pilote dans l'avion. Ou plutôt, il y en a trop et tous tirent dans des directions différentes. Du coup, l'avion ne vole pas très droit. Il ne va pas s'écraser, mais trop de passagers sont secoués".
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Les cantons ont réduit leurs subsides
L'ex-conseillère fédérale pointe une autre promesse non tenue: les subsides devaient suivre l'évolution des coûts de la santé, avec un partage des frais entre la Confédération et les cantons. "La Confédération tient sa promesse, mais de nombreux cantons n'ont pas suivi", explique-t-elle. Un article paru cette semaine dans les titres Tamedia montre que dix cantons ont même réduit leurs subsides entre 2012 et 2022.
Ruth Dreifuss estime toutefois que des opportunités peuvent émerger de la crise de la LAMal que connaît actuellement la Suisse. Elle rappelle que ce système a justement été introduit dans un contexte de grosses difficultés à la fin des années 80 et au début des années 90.
Caisse publique unique prônée
"Je ne suis pas du tout désespérée: certaines propositions faites aujourd'hui sont tout à fait sensées", déclare-t-elle. Une caisse publique, comme souhaitée par le PS, peut, à ses yeux, apporter un meilleur suivi des personnes et une plus grande solidarité si elle inclut tout le monde. Cette caisse doit être unique. "Sinon, elle devra s'aligner sur ses concurrents. Ou alors, elle n'attirera que les mauvais risques", précise-t-elle.
La socialiste rejette par contre en bloc la proposition de l'UDC Natalie Rickli de supprimer l'assurance obligatoire. Il s'agit, selon elle, d'une attaque au principe de solidarité et aux personnes de la classe moyenne qui ne pourraient pas se payer une assurance facultative. "Il faut se souvenir qu'avant la LAMal, il n'y avait pas de solidarité entre malades et bien-portants, ni entre jeunes et vieux", souligne-t-elle.
ats/vic