"L'avis d'ici": les Suisses et les Suissesses partagent leurs préoccupations sur le climat
Tous les quatre ans, dans le cadre des élections fédérales, les partis rivalisent d'idées et de slogans. Mais sont-ils à la hauteur des préoccupations des Suissesses et des Suisses? "L'avis d'ici", ce sont des rencontres avec 18 citoyennes et citoyens issus de différentes régions de Suisse romande. Dans La Matinale, le 12h30 et Forum, ils partagent leurs inquiétudes et leurs préoccupations.
Cette semaine, les témoins partagent leurs préoccupations sur le thème du climat.
Débat de Forum
L'urgence climatique
Retrouvez les témoignages de l’opération "L'avis d'ici" dans le 2e grand débat électoral organisé jeudi à Genève sur le thème de l'urgence climatique.
L'émission Forum a soumis les témoignages de Daniel Wildhaber, Elodie Muster et Garry Heger à six candidates et candidats aux élections fédérales.
Engagement bénévole
Premiers pas à la soupe populaire
Quatre personnes sur dix sont bénévoles dans une association en Suisse. Bénévolat Vaud organise une semaine pour promouvoir cette forme d'engagement jusqu'à dimanche.
Le plus souvent, l'engagement se fait de manière épisodique. C'est le cas d'Elodie Muster, l'une des témoins de "L'avis d'ici".
La Veveysanne est venue travailler pour la première fois à la soupe populaire à Lausanne et a été accueillie par des bénévoles affairés.
"C'est une belle chose de venir aider et d'apporter la force de son bras dans un endroit un peu hors du commun", déclare-t-elle.
Retraite et solitude
Comment combler le vide?
Près de 20% des personnes qui habitent en Suisse disent se sentir seuls dans leur vie quotidienne, montre le grand sondage SSR "Comment va la Suisse?" d'août dernier. Mais cette solitude n'est pas toujours subie, puisque pour 62% d'entre nous, les moments en solitaire sont nécessaires au bien-être. Un équilibre subtil à trouver, qui est parfois bouleversé par des changements de vie.
La retraite peut être l'un de ces moments de bascule. Interrogé par la RTS, le médecin retraité Daniel Wildhaber explique comment il a trouvé son équilibre. "En étant seul, on va à son rythme", témoigne-t-il durant une balade à vélo. "C'est moins de stress et plus de détente". Sur son parcours entre Troistorrents et Champéry (VS), il dit apprécier le silence de la nature et le bruissement de la Vièze - le cours d'eau qui descend vers Monthey.
Etant parvenu à l'âge de la retraite durant l'épidémie de Covid-19, il confie avoir été "très isolé" faute d'avoir pu dire au-revoir à ses patients.
"Au début, c'est des vacances. Et après six mois, on réalise que c'est des vacances très longues. Il faut commencer à remplir un peu le vide, ne pas oublier de se faire un programme", met en garde le jeune retraité.
Défis du quotidien
L'organisation d'un TED Talk
L'ingénieur fribourgeois Garry Heger organise cette semaine une soirée TEDx dans sa ville de Bulle. A quelques jours de l'événement, le comité règle les derniers détails et notamment la gestion du temps des "speakers".
Ces conférences se veulent en effet courtes et percutantes, mais également inspirantes. Cette année, les sept invités disserteront sur le fait d'oser. Garry Heger et le comité d'organisation veillent toutefois à ce que la conférence ne devienne pas un lieu de propagande politique.
"Ce sera peut-être émotionnel. Ça risque d'être le talk un peu coup de poing", estime Garry Heger. "Mais c'est bien, c'est aussi le but".
Panneaux solaires
Impact sur les factures
La facture d'électricité va grimper de 18% en moyenne l'an prochain. Afin de limiter les coûts, certaines personnes ont installé des panneaux solaires sur leur toit. C'est la cas de Daniel Wildhaber, qui a sauté le pas il y a deux ans.
Depuis, il a dû adapter son organisation à la production solaire. "Avant on faisait tout ça la nuit, parce que le courant était moins cher", explique-t-il dans La Matinale. Maintenant, s'il veut utiliser sa machine à laver ou son lave-vaisselle, "il faut regarder le ciel et quand il y a du soleil vite les mettre en marche".
Le retraité remarque une différence sur ses factures d'électricité. "Il y a toujours une ristourne. En hiver, il y a la pompe à chaleur qui marche, alors ça consomme pas mal d'électricité. Mais puisqu'on reçoit de l'argent en été, ça compense un peu les factures d'hiver".
Par ailleurs, Daniel Wildhaber affirme ne pas avoir fait les choix d'installer des panneaux solaires uniquement pour des raisons financières. "C'est bien pour l'environnement. C'est pas seulement pour gagner de l'argent que j'ai fait ça", conclut-il.
Nucléaire
Une solution pour nos besoins en électricité?
Faut-il relancer le nucléaire pour produire suffisamment d'énergie décarbonée? Le débat agite jusque dans les rangs des écologistes et divise les générations.
Daniel Wildhaber a milité contre le nucléaire dans sa jeunesse, mais son fils porte un autre regard sur cette technologie. "Personnellement, je ne suis pas forcément opposé aux centrales nucléaires", affirme celui-ci dans le 12h30 de la RTS. "C'est quelque chose qui peut aider pour résoudre le changement climatique."
Et si le nucléaire est débattu dans la famille Wildhaber et dans cette campagne pour les élections fédérales, c'est parce que les besoin en électricité liés à la numérisation de notre société vont s’accroître à l’avenir.
Garry Heger, lui, est ingénieur en informatique. Malgré sa petite taille, le datacenter du fournisseur fribourgeois de service internet pour lequel il travaille est très énergivore. "C'est une grosse consommation électrique si on compare à un ménage, c'est clair", admet-il.
Et même à l’échelon local, la croissance dans le flux des données est estimé entre 20% et 40% par année.
Déplacements en voiture
Faut-il y renoncer?
Une majorité des Suisses et des Suissesses estiment qu'il faut lutter contre le dérèglement climatique. Les déplacements, qui sont responsables d'un tiers du CO2 des résidents de Suisse, sont l'un des domaines sur lesquels il est possible d'agir.
Pourtant, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne en termes de transports publics. Pour Elodie Muster, qui habite à Vevey, il est plus pratique et économique de se déplacer en train qu'en voiture. "Parquer une voiture dans un centre-ville, ça coûte cher. Et au final, elle passe plus de temps là qu'à être utile", explique-t-elle dans La Matinale.
Pour Garry Heger et Daniel Wildhaber en revanche, la voiture reste plus rapide et plus pratique. "Dès qu'on commence à être sur une heure, une heure et demie de transports publics pour aller travailler, ça devient compliqué", estime Garry Heger.
Quant aux voyages en avion, il ne veut pas y renoncer. "J'ai un appartement avec mon amie, on a chacun un salaire à 100%, on n'a pas d'enfants. Donc on fait partie d'une classe moyenne qui a les moyens de voyager et on a envie d'en profiter", témoigne-t-il.
Climat
Quelles mesures prendre?
Selon le sondage SSR "Comment va la Suisse?", deux tiers des Suisses et des Suissesses pensent que le changement climatique est une menace aiguë aujourd'hui et qu'il faut agir.
Du 1er au 7 septembre, trois témoins, avec trois réalités différentes, s'expriment donc sur cette thématique, en évoquant notamment le climat, l'environnement et l'énergie.
Daniel Wildhaber, médecin retraité de 73 ans, s'inquiète de ce dérèglement climatique, qu'il commence à sentir dans son quotidien. En face de sa maison, à Troistorrents, en Valais, il voit le glacier des Dents du Midi fondre à vue d'oeil. Si le retraité estime qu'à son âge, il ne souffrira pas trop de la situation, il s'inquiète en revanche pour ses quatre petits-enfants.
Elodie Muster s'inquiète aussi pour les générations futures. La Veveysanne de 33 ans a renoncé à la voiture, limite ses vacances en avion et trie ses déchets, mais elle se demande toutefois si ses petites actions du quotidien auront un réel impact sur le climat.
Pour Garry Heger, il est clair que le changement doit intervenir à un plus haut niveau. L'ingénieur en informatique fribourgeois de 37 ans a vu de ses propres yeux les incendies qui ont ravagé l'Amérique du Nord cet été. Il ne souhaite toutefois pas renoncer à son style de vie et estime que c'est à la classe politique de faire en sorte que l'on investisse dans les technologies vertes.